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mardi 27 septembre 2011

Paris by day

On n'en parle pas assez, ou pas beaucoup, mais pourtant il y a une prise de décision (PdD) wikipédienne qui se prépare et qui me paraît intéressante: celle sur la remise en cause de l'exception au droit d'auteur pour les bâtiments récents

A l'origine du débat se trouve le fait qu'on prend des photos de bâtiments récents et que dans certains pays, on n'a pas le droit. La liberté de panorama, en France notamment, ça n'existe pas. Là où ça devient un peu tordu, c'est que cela concerne les bâtiments récents, mais également les modifications récentes de bâtiments anciens. Concrêtement, sur Commons:

Ca on peut....
...mais ça on ne peut pas.
La deuxième image Le deuxième objet, qui ressemble fichtrement au premier mais en bleu, est considéré comme une oeuvre d'art de par son éclairage spécifique: il est d'après la loi française sous copyright indépendamment du support, et donc on ne peut pas en copier la photo ou la distribuer à l'envi1. C'est balot mais, de fait, si l'on va sur les diverses catégories liées à la Tour Eiffel, on n'en trouve pas de nuit. Dura lex, sed lex. Des petits malins passent cependant régulièrement entre les mailles du filet, que ce soit sur Commons ou directement sur la Wikipédia francophone (où il est possible d'importer localement des fichiers).

La politique de la Fondation, nous dit-on, est d'avoir des images à la fois en conformité avec le droit US (assez libéral) et national (souvent moins). C'est un choix qu'on peut discuter à loisir, mais il faut faire avec: le piège, c'est qu'effectivement personne ne sera assez fou pour aller chercher noises à Wikipédia (mauvaise presse et tout), mais Commons se voulant une banque de médias réutilisables et certaines photos étant d'une qualité quasi-professionnelle, on peut légitimement s'attendre à en voir certaines apparaîtres sur des cartes postales ou albums commerciaux: Wikipédia n'est pas qu'un jouet pour Wikipédiens, on l'oublie trop souvent, et il faut donc penser assez large.

Le problème est relativement circonscrit et identifiable: on pourrait donc penser que 1) il n'y a pas vraiment de décision à prendre parce qu'il s'agit d'une politique de la Fondation (et ce sont eux qui paient pour le jouet, aux dernières nouvelles); et 2) au final la question devrait pouvoir se résumer à un simple oui/non.

Sauf qu'on est sur Wikipédia, et qu'une PdD sans discussions et argumentaires à rallonge2 n'est pas une PdD qui se respecte. On a même contacté la Fondation pour demander s'il n'y avait pas moyen d'avoir une exception à l'interdiction d'exception, au moins pour le contenu encyclopédique. Réponse de Moscou la WMF: niet.

Il me semble qu'après deux mois on soit dès lors assez bien partis pour avoir une question relativement simple, du style "Est-ce qu'on s'asseoit sur la loi française/belge/camerounaise, ou pas?". 

Je crois qu'on aura des surprises parmi certaines réponses.



1. Y compris sur le présent blog, mais il faut bien dire de quoi on parle.
2. Quoi que de bonne tenue, c'est assez rare pour être souligné.

mercredi 7 septembre 2011

La vérité la vraie

J'ai un collègue qui revient tout juste de vacances en Corée du Nord. Comme il est sympa, il m'a ramené une petite tour du Juche en bois, ainsi qu'un opuscule vendu à Panmunjom, point de contact sur la ligne de démarcation avec les voisins du Sud. Je ne vais pas ici vous raconter les vacances des autres, mais plutôt profiter de cette anecdote extrème pour plaisanter un peu sur un concept wikipédien vraiment très, très relatif: la neutralité de point de vue.

Mais citons d'abord nos sources:
"Les agresseurs impérialistes américains ont tracé la ligne de démarcation militaire pour diviser la Corée et son peuple de manière artificielle. Cette ligne traverse Panmunjon. C'est une tribune qui permet d'exposer à la face du monde et de dénoncer avec véhémence l'agression criminelle des impérialistes américains en Corée. Les impérialistes américains ont démarré une guerre d'agression (1950-53) afin d'engloutir l'entier de la Corée. Mais c'est ici, à Panmunjom, que le peuple coréen les mit à genoux et qu'ils signèrent l'accord d'armistice. Ils poursuivirent après la guerre leurs provocations et leur hostilité délibérée en violation de l'accord d'armistice, choses pour lesquelles ils se sont excusés de manière répétée."
Panmunjom, Korean People's Army Publishing House, n°908229 (date inconnue).

"Les agresseurs américains partent précipitamment après que leurs
 crimes aient été dévoilés lors d'une réunion bipartite."
Je ne vous cache pas que c'est une lecture édifiante, et vous serez bien d'accord pour dire que les impérialistes américains devraient quitter au plus vite le pays avant qu'un "conflit thermonucléaire global" n'embrase la planète (le Camarade Kim Il-Sung a par ailleurs développé un plan en trois points pour la réunification pacifique, donc no soucis).

"Un MP américain baisse la tête, découragé
par notre garde.
"
Cela étant dit, la République Populaire de Corée étant l'ennemie de la propriété privée (et du confort bourgeois qui en découle), toutes les images sont pour autant que je le sache libres de copyright1. On pourrait du coup s'amuser à les scanner pour documenter quelques articles. Idem pour les preuves de l'agression US (l'article est honteusement biaisé en faveur des impérialistes au moment où j'écris) qui constituent de bonnes sources écrites. Pour une raison qui m'échappe, je ne crois pas que je vais oser. 

Et pourtant. 

Je me souviens par exemple que Wikinews avait en son temps couvert la guerre Russo-géorgienne en recopiant intégralement des dépêches de l'agence russe RIA Novosti. Apparemment les dépêches de l'agence sont sous licence libre Creative Commons (c'est bien), ce qui permet de gagner du temps et un effort de synthèse (c'est moins bien). Je crois d'ailleurs me souvenir que le pauvre anonyme qui avait en son temps soulevé ce trivial détail (en des termes certes peu amènes) avait été banni fissa par l'indispensable admin-bubu-garde patriotique du projet.

Hmmm.

Comme quoi, avec du bol la révolution sera bientôt à nos portes.


1. Tout comme celles datant de l'URSS il me semble, même si pour celle-ci Commons a trois ou quatre bandeaux de license différents au moins.

jeudi 24 mars 2011

Emile Ajar

Conséquence (in)attendue du téléversement de photos sur Commons, celles-ci sont réutilisées ailleurs que sur les projets Wikimédia. Un cliché tout récemment commis par moi-même a eu les honneurs de la version en ligne de Marianne, hebdomadaire français d'actualité politique:

Légende de la photo: "Wikimedia Commons - Popo le Chien - cc".

Dans cette tribune, Elie Arié s'en prend aux néoconservateurs et à ceux qui, à la lumière des récents évènements au proche et Moyen-Orient, voudraient voir leur retour en grâce. Grand bien lui fasse, moi de toute façon je suis néoréaliste tendance constructiviste. Le problème que j'ai avec son papier, et qui n'est d'ailleurs pas vraiment un problème, c'est que Monsieur Arié me crédite très gentiment comme auteur de la photo: la légende indique clairement "Wikimedia Commons - Popo le Chien - cc".

Sauf que mes contributions sous Commons (et sur Wikipédia) ne sont pas sous licence libre: je les place dans le domaine public (c'est marqué un peu partout, à commencer par la page où se trouve la photo). Pas besoin, en clair, de me créditer: je n'ai d'une part pas ce besoin de gloire et, surtout, je me dis que devoir créditer "Popo le Chien" ne sonne vraiment pas très sérieux et nuira probablement à la réutilisation du rare contenu d'intérêt que je pourrais produire. Ca pourrait changer si je m'investissais réellement, mais ce n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour.

Au final, M.Arié a donc voulu bien faire, et même s'il y a un net progrès par rapport à la presse qui copie Wikipédia sans la créditer ou met un copyright là où il n'y en a pas, ce n'est pas encore ça. Merci quand même à lui.

Je vois au moins deux morales à tirer de cet épisode:
  1. On ne sait jamais où finira notre contribution wikipédienne;
  2. Le problème des licences est compliqué pour ceux qui ne fréquentent pas les projets Wikimedia (voire pour tout le monde), et ça ne changera pas avant un bon moment encore.
La conclusion pratique, c'est que désormais mes contributions sous Commons seront probablement toujours téléversées sous un pseudonyme, mais que celui-ci aura une apparence plus bénigne. S'appeler Jean Dupont, c'est bien aussi.

UPDATE: Décidément je suis à la mode, j'avoue en avoir sursauté en lisant cet article du Nouvel Économiste. Le premier constat de Florence / Anthere me paraît plein de bon sens, tellement même que je suis presque certain de l'avoir déjà lu quelque part... :-)

mercredi 7 avril 2010

Le monde à l'envers

On m'informe que Wikipédia en suédois a décidé de supprimer tous les logos qui ne seraient pas expressément libres de droit. Là où cette décision un peu radicale devient intéressante, c'est que l'une des premières conséquences aura été la disparition du logo de... Wikipédia de l'article la concernant! Idem pour Firefox (à titre de comparaison, les versions francophones sont ici et ).

En cause: le fait que la Fondation Wikimedia ait décidé de copyrighter ledit logo (le considérer donc comme une oeuvre), supposément pour se protéger des utilisations abusives qui pourraient en être faites. Mouais.

Mais tout cela devient vraiment amusant quand on s'aperçoit que d'autres marques n'ont pas ce genre de restrictions parce que, justement, le logo est considéré comme une marque (plutôt qu'une oeuvre): c'est ainsi le cas de... Coca-Cola (oui oui, le vilain soda impérialiste), dont le logotype est ainsi dans le domaine public.

C'était le fun fact du mercredi.

jeudi 6 août 2009

Wikipédia au travail

Il y a quelques temps, Erdrokan nous expliquait que ses collègues ne savaient pas qu'il contribuait à Wikipédia. C'est exactement l'inverse sur mon lieu de travail (pour situer, je travaille dans une institution privée, mais liée au milieu académique), où je n'ai pas mis longtemps à être connu comme "M. Wikipédia". C'est assez intéressant, et amusant: ça anime quelques fois la conversation au repas de midi; si je contribue rarement depuis le travail, mes collègues savent qu'à certains moments "chauds", tel que la (non)réelection de Christoph Blocher, je peux passer un petit moment à jongler pour mettre à jour des articles ou annuler du vandalisme. Des fois, c'est le natel téléphone portable qui sonne, et pendant que je quitte le bureau, mes collègues ont le temps d'entendre "oui, c'est bien un numéro lié à Wikipédia, mais non, je n'ai aucune information sur la récolte des oranges ou si Warren Buffet accepterait de sponsoriser votre idée géniale" (exemples véridiques). Il y a un côté pratique aussi: certains de mes collègues font office de "rabateurs" en me signalant des articles de presse intéressants ou des articles Wikipédia à corriger. Malheureusement, je n'ai encore réussi à convaincre aucun d'entre eux de contribuer plus qu'une ou deux petites modifications, principalement par manque de temps, même si certains feraient d'excellents contributeurs.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Comme de coutume sur ce blog: j'essplique.

Avant-hier, je reçois de notre chargée de communication un email qui ressemble un peu à ça: "il paraît que tu es éditeur sur Wikipédia; je cherche quelqu'un pour mettre à jour notre page (en version anglaise), je peux te fournir le texte prêt à insérer." Aïe, je ne l'avais pas du tout vu venir celui-là... la suite de la conversation est on ne peut plus classique et prévisible:
  • (moi, très diplomatique) Tout le monde peut être "éditeur" de Wikipédia, et j'en profite pour donner quelques règles de base: éviter absolument le ton promotionnel, rester neutre, citer des sources indépendantes, etc
  • (elle) Mais dans mon job précédent, une collègue qui n'était pas "officiellement" éditeur voyait toutes ses modifications annulées; et pourtant, elle les faisait de la part de l'organisation qui était sujet de l'article, elles étaient donc correctes.
  • Oui, justement...
Je reçois aussi une copie des modifications proposées, pas de surprise: des phrases non-neutres typiques du genre "sa mission est de fournir des prestations de première classe", "des produits à la pointe", ou "le système le plus utilisé au monde": il y a clairement du boulot d'explication à faire ! (même si au total il n'y aurait pas besoin de beaucoup de travail pour ne garder du texte que les informations entièrement factuelles, non controversées et sourcées correctement) Je commence par lui donner une copie du livre de Florence Devouard et Guillaume Paumier, que j'avais justement sur une étagère, et on se lance dans une discussion plus détaillée...

Il n'y a probablement pas de solution idéale. Si la responsable de communication ou quelqu'un d'autre sans expérience sur Wikipédia fait des modifications, elle prend le risque d'ajouter un contenu semi-publicitaire, qui aurait l'effet inverse que celui attendu en termes d'image. D'un autre côté, il est hors de question que je fasse les corrections sous mon propre nom d'utilisateur pour des raisons évidentes. Un compromis serait de créer un nouveau compte (un faux-nez honorable) pour modifier l'article concerné, en étant transparent sur le fait que l'utilisateur travaille pour le compte du sujet de l'article, et en faisant attention de respecter les règles d'usage; en particulier, il ne voterait bien entendu nul part, et ce ne serait pas non plus un compte collectif: une personne expérimentée s'occuperait de filtrer les demandes pour s'assurer que les modifications proposées respectent les règles de Wikipédia. C'est jouable, mais ça revient à marcher un peu sur la corde raide. D'autres solutions seraient envisageables mais aucune n'est parfaite.

Mais ce n'est pas la fin de l'histoire... il y a quelques temps, une plaquette présentant un projet avait été éditée en réutilisant une image de Guillaume; après avoir félicité la chargée de communication pour avoir réutilisé une image libre en citant l'auteur et la licence, j'ai profité de placer dans la conversation la question logique: "en plus de réutiliser du contenu libre, est-ce qu'il ne serait pas envisageable que nous prenions aussi la peine de contribuer en plaçant des images sous licence libre ?" Et la réponse a été enthousiaste: nous allons commencer à rechercher les images les plus intéressantes dont nous avons les droits et qui pourraient être ajoutées sur commons. Plus que pour une ou deux modifications de texte, c'est là que la création d'un compte dédié pourrait être particulièrement utile. A voir ce que ça donne, mais j'ai au moins trouvé une oreille attentive, qui, après quelques explications et une démonstration, a compris plusieurs choses sur le fonctionnement de Wikipédia, ce qui a permis d'éviter de remplir un article avec du contenu semi-publicitaire... comme quoi il est payant de passer un peu de temps à expliquer les choses en détails.

Edit: j'ai oublié d'indiquer que l'article en question existe déjà et est sans aucun doute admissible (avec des sources indépendantes disponibles), ce qui me rend la vie beaucoup plus facile que si mon employeur essayait à tout prix de se faire une place entre deux articles alors qu'il n'a rien à faire sur Wikipédia...

vendredi 31 juillet 2009

Philosphie 101

L'utilisateur Voleurcopieur (d · c · b) arrive un jour sur l'article Terre et y insère la recopie complète d'un article créationniste contenant, entre autres, le passage suivant:
"Comme la Terre est plate, il est évident que c'est Dieu qui maintient toutes choses en place car sinon elles tomberaient une fois arriver au bord."
L'utilisateur Correcteur (d · c · b) passe quelques instants plus tard et corrige l'horrible faute d'accord (arrivées et pas arriver).

Un troisième contributeur, passant quelques minutes/heures/jours plus tard, s'aperçoit de la monstruosité de l'ajout et, ni une ni deux, le supprime. Il en profite pour ajouter une photo d'illustration. Le passage copié reste visible dans l'historique. Un admin, l'oeil et le bouton de blocage/suppression aux aguets, est appelé en renforts et purge promptement le passage incriminé: ni vu ni connu, la Terre reste ronde (et l'article a désormais une jolie photo).

Sauf que la licence GFDL/Creative Commons impose que tous les participants à la rédaction d'un article soient crédités pour leur travail. En cas de purge, on a d'ailleurs un bandeau {{Historique détruit}} pour ce faire: on y recopie les noms des contributeurs qui pourraient avoir disparu d'un historique suite à une purge.

La question que je me pose est donc:

Correcteur (d · c · b) doit-il être crédité comme auteur, ayant corrigé sur la forme quelque chose de faux sur le fond, dont il n'existe aucune trace (même modifiée) et qui plus est copié sans autorisation?



J'ai eu l'idée de ce post en lisant Le cochon qui voulait être mangé (et 99 petites histoires philosphiques), de Julian Baggini, livre intéressant s'il en est.

dimanche 24 mai 2009

Les cordonniers etc. etc.

Une des demi-surprises de mon intervention de lundi dernier était que les gens ne sont vraiment pas très au fait de ces histoires de licence GFDL et/ou Creative Commons. C'est normal, celles-ci sont finalement assez contre-intuitives par rapport au copyright usuel: la seule chose que j'en retire et m'aventure à expliquer est que la libre circulation de l'oeuvre visée est, par défaut, acquise (d'où parfois le terme Copyleft).

Il est par contre beaucoup plus surprenant de constater que Maffemonde, qui a contribué à Wikipédia passablement longtemps avant sa mise au ban en soit venue 1) à prendre langue avec un avocat1 pour qu'il demande le retrait des textes qu'elle aurait commis et 2) à oublier de signaler à celui-ci le fonctionnement de Wikipédia - comme par exemple le rôle des admins ou la localisation des serveurs wikimédiens (en Floride).

S'en est suivi un courrier envoyé à Jean-no2 et, apparemment, Wikimedia France. La réponse de Jean-no est aussi simple que juste (et polie), je vous laisse la consulter dans votre coin: en substance, il signale à Me Lebatard que, licence GFDL ou pas, celui-ci vient de pisser dans un violon.

J'ajouterai simplement que pour un avocat spécialisé dans le droit d'auteur, ça fait probablement un peu cher de la boulette (à vue de nez 2h de timesheet, compter 150 à 350€/heure + débours usuels et TVA).

Pour la partie wikipédienne, je trouve que c'est ici un argument de poids en faveur de la protection immédiate des pages de discussion une fois qu'un blocage long est décidé à l'encontre d'une personne. Toutes les discussions qui ont suivi la première semaine de janvier n'auront, au final, servit à rien, sinon à renforcer les incompréhension et les antagonismes, il me semble pour ce même résultat.


1. Dont le nom, pour un avocat, m'amuse beaucoup.
2. D'où l'intérêt de ne pas contribuer sous sa vraie identité: on n'est pas soumis aux lubies procédurières des gens.

lundi 15 décembre 2008

Soft Power

Peu de monde semble avoir relevé dans la presse ce que Darkoneko signalait récemment, à savoir le don de 100'000 images à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes. Lesdites images sont en cours de transfert par Bundesbot (ou un nom similaire, les noms de bots sont rigolos, souvenez-vous), et l'on peut dire un petit merci viel mal à nos cousins les Wikimédiens germains pour l'avoir négocié.

Je rappelle à tout hasard que la politique officielle des États-Unis d'Amérique, ces porcs impérialistes, est de placer le travail de ses agents dans le domaine public. L'Union européenne, ce valet du grand capital, se contente de demander de son côté que la source (l'Union, donc) soit mentionnée. Même la Confédération helvétique, se couchant une fois de plus devant ses banquiers, y est allée d'un généreux don de 200 photos de Conseillers nationaux.

Histoire de mettre les choses en perspective, je me dis qu'un petit dessin vaudra toujours mieux qu'un grand laïus sur le Soft power - cette façon de servir ses intérêts par le biais de la diffusion culturelle:

Nombre de documents publics mis à la libre disposition du public (échelle non respectée).

Inutile aussi de demander quels types d'articles sur les chapitres non-anglophones, francophones ou germanophones de Wikipédia sont les mieux (ou le plus facilement) documentés.

Je me souviens avoir vu des documents du XIXe siècle sur la révolte des Métis qui, mis en ligne par une bibliothèque canadienne, se voyaient affublés d'une grotesque mention de copyright. Or, outre le fait que dans ce cas particulier les images appartiennent au domaine public depuis belle lurette, les citoyens de ce pays ont déjà payé une première fois pour que ces documents soient numérisés (voire simplement générés): l'apposition d'une mention de copyright revient donc à demander aux gens souhaitant réutiliser ce travail de payer une deuxième fois pour le prix d'une.

Pour prendre un autre exemple, le budget du département de la culture du seul canton de Genève s'élève à CHF 222,8 millions pour l'année 2008 qui s'achève. J'hésite à leur écrire et demander combien ils voudraient pour placer leurs images et contenus dans le domaine public (le budget US étant de 2'660 milliards de dollars, c'est vrai qu'on a une certaine marge).



Joseph Nye, Soft Power: the mean to success in World Politics, Éd. Public Affairs (2005), 208 p., 10,80 € chez Amazon.fr.