samedi 20 février 2010

Vol au-dessus d'un nid de coucous

C'était un vendredi soir. Je m'en souviens comme si c'était hier. En grande partie parce que, justement, c'était hier.

Je rentrais de je ne sais plus où, y ayant commis je ne sais plus quoi quand, bêtement, j'ai allumé l'ordinateur et jeté un oeil à ma liste de suivi. J'ai souvent des idées idiotes, dont la touchante naïveté est malheureusement indépendante de mon taux d'alcoolémie (voire, à mon grand dam, parfois inverse à celui-ci). J'ai du coup récemment entrepris de classer dans cette catégorie toutes ces épiphanies qui, à première vue, semblent empreintes du plus rustique bon sens: ce sont souvent les pires.

Vous serez peut-être au courant de ma dernière proposition géniale: suite aux diverses remarques sur l'ambiance des élections et la propension qu'ont les votes à tourner en attaques au lance-flammes entre parties opposées (toujours au corps tout à fait défendant du candidat, par ailleurs), d'acter à titre expérimental un déplacement des commentaires de commentaires de vote en page de discussion, suivant l'axiome (encore une fois plein de bon sens) ''les votes en page de vote, les discussions en page de discussion".

Bref, je vois qu'en mon absence et suite à une remarque d'Esprit Fugace1 lors de la candidature d'Hadrien, Meodudlye a répondu - juste en dessous.

Tout à ma petite-expérience-qui-ne-peut-faire-de-mal-tellement-elle-est-pleine-de-bon-sens, je déplace donc tout cela en page de discussion.

Meodudlye me révoque, arguant de son droit de réponse à une "attaque personnelle caractérisée". Effectivement, dans le 9-3 on s'est déjà fait caillasser pour moins que ça.

Je ne me démonte pas (en fait si, ça m'a foutu en rogne) et remets les choses à leur juste place. Je me fends d'un mot à Meodudlye pour lui signaler que s'il a un problème avec le comportement de quelqu'un, c'est sur la page de requêtes aux admins qu'il doit s'adresser si tant est qu'il ne demande pas quelque chose d'outrancier (première erreur)2.

Ignorant que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, il m'écoute et m'épargne une guerre d'édition à 23h. Je suis content. J'ajoute, à tout hasard, qu'il devrait réfléchir aux possibles retours de balancier3. Il me répond qu'il n'a pas de souci avec l'éventuel rejet de sa demande. Je suis vraiment content, celle-ci sera évidemment rejetée, personne n'y fera attention au milieu de la nuit: un beau bordel d'évité.

Sur ce je vais me coucher, samedi j'ai ski.

Le lendemain réveil, journée plaisante et ensoleillée, fatigue, retour et coup d'oeil sur ma liste de suivi.

Et là, c'est le drame.

Esprit Fugace a été bloquée: deux heures (2e erreur). Meodudlye est bloqué: deux heures. Darkoneko, qui devait sortir de voir un film où un Japonais meurt inutilement mais honorablement, jette une grenade et saute dessus - deux heures pour lui aussi.

L'affaire est immédiatement répercutée sur le bulletin des administrateurs (3e erreur). 20 utilisateurs commettent 75 interventions de qualités très inégales. Alchemica démissionne de son statut d'admin et bureaucrate.

Je vous engage à prendre une seconde pour relire le sous-titre de ce blog ("Réflexions aléatoires etc.").

...

Reprenons:
  • J'imagine une expérience de bon sens avec un modèle tout bête, sans même un seul paramètre;
  • J'utilise ce dernier;
  • Trois utilisateurs sont bloqués dans la foulée;
  • Un bureaucrate démissionne.
...

Mon kung-fu est puissant.

Ou alors les pages communautaires représentent un gigantesque asile qui encourage les réactions et la surréaction. Au choix.


1: Je cite pour ceux qui ont la flemme de suivre les liens: "Meo *et* SM votent contre, ne peut faire qu'un bon admin". Oulala, un bel exemple de tacle à la carotide.
2: Je lui ai dit de demander deux heures de blocage s'il se sentait insulté. L'a-t-il pris comme un accord de ma part avec son point de vue? De mon côté, je me disais juste que s'il demandait plus il risquait de se faire bloquer lui, parce que justement la demande était suffisamment triviale pour être assimilable à un troll. Vouloir faire du damage control ne devrait pas empêcher d'être direct: je retiendrai la leçon.
3: Des fois qu'il ait oublié que l'outrancier constitue un peu sa marque de fabrique auprès de nombreux admins qui ne demandent qu'à le bannir: voir à ce titre peut-être le bulletin des administrateurs pour au moins la moitié des occurences de son nom ces douze derniers mois.

lundi 15 février 2010

Ma vie avec le balai

Suite à un « léger » appel du pied de Popo1, je fais écho à cet excellent billet de mon camarade Erdrokan pour vous faire partager mon expérience du poste d’administrateur sur la wikipédia francophone.

Mon cas est probablement un petit peu particulier : administrateur pendant près de deux ans, j’ai rendu mon balai, clôturé mon compte et suis reparti sous un nouveau nom. Après quelques mois de vie sous cette nouvelle identité et au vu de quelques discussions actuelles au sein de la communauté, il me semble pertinent2 de déposer ici quelques réflexions à ce sujet livrées sous la forme d’un témoignage.

Lorsque je me suis présenté comme administrateur, les conditions d’admission dans la cabale étaient largement plus cool que maintenant : l’acte de candidature se faisait quasiment naturellement après plusieurs mois de présence continue et était soutenue par quelques dizaines de contributeurs dont le principal commentaire ressemblait à « jamais rencontré, mais bon courage ! » ou quelque chose d’approchant. Autant le dire tout de suite, une candidature telle que celle que j’avais présentée alors n’aurait aujourd’hui strictement aucune chance de passer la rampe3.

Nanti de mes supers-pouvoirs, j’ai ensuite découvert la magie des pages de demandes communautaires. Sans me spécialiser dans un domaine particulier, je suis allé grappiller des requêtes à gauche à droite tant dans les purges d’historiques, les demandes de bloquage, les protections… bref, la routine quoi. Le problème dont je me suis rapidement rendu compte, c’est que ces activités me prenaient de plus en plus de temps, au détriment des articles (le temps disponible pour WP n’étant pas extensible) ; ayant alors l’impression d’être plus utile dans ce rôle, j’ai mis de côté la rédaction pour faire le ménage et jouer pour moitié au flic et pour moitié au surveillant de cour de récré.

C’est après quelques mois de ce genre d’activités que j’ai reçu les premiers messages d’utilisateurs mécontents (d’une suppression d’article de fiche, d’un bloquage de compte, voir même d’une intervention n’ayant aucun rapport avec mes activités d’administrateur). Légèrement inquiet devant cette nouvelle forme de communication, j’ai farfouillé un peu sur les pages de discussion et ai découvert que ce genre de messages semblait être le lot commun des administrateurs : j’ai donc fait mon poing dans ma poche et ai laissé couler, espérant que cela se calmerait. Peine perdue : les messages peu amènes ont fait place aux insultes que je ne contrôlais qu’en vidant à intervalles réguliers ma page de discussion4.

Une liste de suivi de plusieurs dizaines de milliers d’articles (grâce au gadget qui permet de suivre automatiquement toute page sur laquelle une modification est apportée) occupe largement son homme : vérifier quelques centaines de modifications quotidiennes, reverter, corriger, modifier, préciser ou demander des précisions, répondre, voici en quelques mots mon lot quotidien pendant près d’une année. Mon impression d’alors était d’être un peu seul au monde, n’étant pas sur IRC et m’occupant de thèmes politiquement peu visible5. Aujourd’hui, je pense que le risque principal de ce genre d’activité (outre une certaine proportion à considérer toute modification comme suspecte par défaut) réside dans le manque de recul dans les réactions et le côté jeu en temps réel. Quoi qu’il en soit, ''the show must go on'' et on continue encore et encore6.

Et puis, un après-midi, suite à une prise de tête sans grande importance, je me suis retrouvé, tout en faisant mes courses dans un supermarché, en train de rédiger dans ma tête un texte de démission. Je suis retourné à la maison, j’ai jeté ce texte sur ma page utilisateur, je suis allé demander le retrait de mes droits d’admin et j’ai utilisé la méthode magique pour partir. Tout cela m’a pris quelques minutes à peine et n’a pas été réfléchi, ni n’a pas répondu à une quelconque stratégie. Que dalle. J’ai juste pété un câble et ai décidé que cela suffisait.

Dans les jours qui ont suivi, plusieurs pleureuses7 sont venues s’étendre sur ma page de discussion en assurant que l’encyclopédie venait de subir une grosse perte, que cela ne serait plus jamais comme avant, que la fin du monde était proche8. Le seul de ces commentaires qui m’ait fait sourire lorsque je suis retourné sur cette page plusieurs mois plus tard est celui d’une IP qui se réjouissait de ce départ et ne regrettait que le temps que j’avais mis pour prendre cette décision… ambiance !

Après ça, ben je suis revenu. Avec un nouveau compte tout neuf, j’ai commencé à créer des articles. À en reprendre d’autres. À travailler sur des projets. À chercher de la documentation. En 5 mois, je me suis abonné à une dizaine de revues, j’ai renouvelé ma carte de bibliothèque qui était échue depuis plus d’une année. J’ai fait 150 km un samedi après-midi pour aller acheter un vieux bouquin trouvé sur eBay. Grosso-modo, le nombre de contributions quotidiennes que j’ai avec mon nouveau compte est équivalent à l’ancien ; la différence ? Je n’ai jamais été insulté et pratiquement pas remis en cause par d’autres utilisateurs. Le fait est : en tant que simple contributeur, je ne peux être taxé de censeur… et bénéficie donc d’un à priori positif de la part des professionnels de la victimisation. Ça paraît idiot, mais c’est un fait. Après avoir reçu un mail dans lequel un contributeur me mettait en garde contre le pouvoir occulte de certains administrateurs (noms et détails à l’appui)9, j’ai perdu les rares illusions que j’avais encore… les administrateurs sont et resteront les méchants dans le folklore wikipédien !

Alors ? Quelle est la conclusion de tout cela ? Franchement, aucune idée. J’ignore si mon cas est significatif, j’ignore si ces impressions ont été/sont/seront partagées et, honnêtement, je m’en fous un peu. Je ne suis pas là pour pontifier ou pour donner des bons conseils, ni pour pointer du doigt une organisation, un groupe ou un fonctionnement. J’espère simplement que peut-être ces lignes éveilleront un écho chez certains, ou, pourquoi pas, un sourire chez d’autres …

PS : Je suis certain qu'une bonne partie des lecteurs de ce blog n'aura aucun problème à deviner qui se cache derrière ce pseudonyme à usage unique. Le but n'est pas de garder le secret, mais d'éviter de remuer la poussière maintenant bien cachée sous le tapis en associant des noms d'utilisateurs qui n'ont pas à l'être. Merci à tous de bien vouloir respecter cette volonté.



1. celui qui a pensé de la patte de Popo est prié de sortir. De suite.
2. c'est mon avis et je le partage. Qu'on se le dise.
3. à savoir : aucun message sur le bistro, pratiquement aucune demande communautaire, pas d'ennemi déclaré, pas (encore) de rencontres IRL.
4. loi de l'admin : le nombres de messages disgracieux sur une PDD augmente exponentiellement par rapport à la taille de la page.
5. et aussi, il faut bien le reconnaitre, parce que pas mal d’autres contributeurs préféraient attendre et me laisser monter au front plutôt que d’y aller eux-même
6. celui qui a pensé que « ce n'est que le début d'accord, d'accord » est prié de rejoindre son petit camarade de la note 1.
7. avec qui je n’avais jamais échangé un octet pour la plupart et dont j'ignorais jusqu'à l'existence
8. entre autres et dans le désordre
9. non, désolé. Je ne garde pas ce genre de torchon.

dimanche 14 février 2010

Des blancs chez les parlementaires suisses ?

Puisque cette plate-forme m'est cordialement ouverte, j'en profiterai pour aborder à l'occasion une thématique et en faire une sorte de bilan wikipédien : que peut bien dire cette encyclopédie à ce sujet ?

Premier essai sur les conseillers nationaux et conseillers aux États suisses. Pour les non initiés aux subtilités de la politique fédérale, il s'agit des parlementaires qui siègent respectivement au Conseil national (chambre basse) et au Conseil des États (chambre haute). Le 2 août 2007, Michel Guillaume se penchait dans L'Hebdo sur les « blancs en politique suisse » et faisait alors le constat suivant :

Le petit monde de la Berne fédérale n'a pas encore trouvé sa place dans la plus marquante des encyclopédies en ligne. Seul un tiers des parlementaires y figure. Et pas les plus influents.

Il pointait notamment que de « très grosses pointures » manquaient à l'appel dont le Neuchâtelois Didier Burkhalter, élu depuis conseiller fédéral (membre du gouvernement). Qu'en est-il aujourd'hui ?

À ce jour, 122 des 200 conseillers nationaux élus en octobre 2007 ont un article, tout comme 27 des 46 conseillers aux États, soit un pourcentage respectif de 61 et 59 %. Cela constitue donc une amélioration substantielle de la couverture du sujet par rapport au constat qu'en faisait Guillaume en août 2007. Si l'on se concentre sur les partis gouvernementaux, on obtient la répartition suivante :

L'Union démocratique du centre (UDC), premier parti du pays, est aussi le mieux représenté avec un article sur tous ses conseillers aux États et presque la totalité de ses conseillers nationaux. De l'autre côté, le Parti démocrate chrétien (PDC) bénéficie d'un article pour un petit tiers de ses parlementaires, le Parti socialiste suisse (PSS) et le Parti libéral-radical (PLR) occupant des positions intermédiaires. Au niveau de la répartition cantonale, biais linguistique oblige, il n'est guère surprenant de constater que les cantons francophones que sont Genève, le Jura et Vaud sont intégralement représentés. Fribourg, Neuchâtel et le Valais ne sont pas loin derrière avec un seul absent (Jacques Bourgeois, Jacques-André Maire et Roberto Schmidt respectivement). Schaffhouse est le seul canton non romand à voir l'ensemble de ses parlementaires bénéficier d'un article, peut-être en raison de sa représentation de taille réduite.

Y-a-t-il toujours des blancs comme le soulignait Guillaume il y a plus de deux ans ? Certes, la représentation n'est pas encore totale mais elle a sans conteste progressé par rapport au dernier pointage. Si la Suisse romande est quasiment entièrement couverte, la Suisse alémanique reste en revanche une sorte de terra incognita où nombre de personnalités connues voient encore rouge. Un biais que ne connaît pas la version germanophone de l'encyclopédie qui assure un article minimal à tous les parlementaires fédéraux :

Un défi qui est donc atteignable, d'autant plus rapidement si quelques traducteurs amoureux de la langue de Goethe sont en mesure de donner un coup de main.

samedi 13 février 2010

Larousse Killer

La force du Wiktionnaire? Probablement pas les définitions, repompées pour l'essentiel de l'Académie française, mais avoir su proposer argot et interwikis et d'autres éléments à valeur ajoutée. Ca peut paraître bénin mais ça, on ne le retrouve pas ailleurs (à ma connaissance). Idem pour Wikipédia et sa longue traîne de l'encyclopédisme.

La question, du coup, est de savoir ce qu'apportent les autres projets qu'on ne trouve pas ailleurs.


jeudi 11 février 2010

La menace rouge (des liens externes)

L'un de mes profs d'économie politique avait ce bon mot: "Il y a plus de marxistes que de gens qui ont lu Marx."

C'est probablement pour cette raison qu'il a fallu trois ans avant que quelqu'un ne se dise que les titres de chaque section du Capital ne devraient pas tous forcément renvoyer vers marxists.org ([1] -> [2]).

mardi 9 février 2010

A quelque chose malheur est bon

Le tremblement de terre en Haïti de janvier dernier a, de par son ampleur, bien sûr amené son lot de visiteurs sur Wikipédia, confirmant une fois de plus son statut d'aggrégateur de nouvelles pour une grande partie des gens (et tant pis pour Wikinews):

Fréquentation de l'article Haïti (janvier 2010).

Le bond ci-dessus correspond bien évidemment au 13 janvier, le séisme ayant eu lieu dans la soirée du 12 en Europe où se trouvent la majorité des lecteurs potentiels. Ce type d'effet est documenté depuis longtemps, et jusque là rien de nouveau sous le soleil.

Ce qu'il m'intéressait de vérifier, toutefois, était l'existence ou non d'un "effet de bord", à savoir non seulement un débordement du traffic vers des sujets connexes, mais dans quelle mesure ceux-ci peuvent-ils en profiter. Bref, pour reprendre le titre de cet article, la question était donc de savoir si l'actualité impacte la croissance d'un article ou bien l'ensemble de sa zone connexe.

Première constatation, les gens se promènent effectivement à l'intérieur du texte et visitent les articles liés:

Fréquentation des articles République dominicaine, Toussaint Louverture, Révolution haïtienne et tremblement de terre (janvier 2010).

En poussant un peu plus, je suis allé voir dans les historiques si la taille de ces divers articles avait évolué en conséquence. Et là, surprise, la réponse est oui... et non.

Voici les graphiques d'évolution en taille des cinq articles visés ci-dessus (taille mesurée chaque semaine):


Ils ne sont pas indiqués ici, mais les articles sur René Préval et Jean-Claude Duvalier ont cru de 53 et 42%, respectivement, alors qu'Hispaniola est restée quasi-stable (+0.9%) et Jean-Bertrand Aristide a décru d'un tiers. Mais il n'y a évidemment pas que la taille qui compte en ce bas-monde et, de fait, tous les articles ont plus ou moins profité de ce débordement de notoriété. Comment cela? Ils ont simplement tous été beaucoup plus modifiés qu'un échantillon arbitraire d'articles pris au hasard (et donc a priori moins sous les feux de la rampe) dans la même période, avec une vingtaine de modifications contre 3 ou 4 sur le mois écoulé. En clair, même si les contributeurs de passage n'ont pas trouvé de matériel sur Toussaint Louverture, l'article a été retouché plus qu'en temps normal.

L'effet piranha a ici comme un air d'effet vautour.

dimanche 7 février 2010

Contributeurs zombies

Certains contributeurs ne participent plus à Wikipédia, et visiblement ils ne le savent pas. Un peu à la manière des zombies qui ignorent qu'ils sont morts, ceux-ci continuent de hanter les pages communautaires, prenant la place des vivants et donnant un avis qui, faute d'une implication suffisante avec les choses wikipédiennes, est parfois franchement à côté de la plaque.

Le premier (et plus éblouissant) exemple fut bien sûr Traroth, élu bureaucrate dans la préhistoire wikipédienne. Un coup d'oeil à son editcount permet de remarquer les symptomes: participation, départ, retour avec des interventions en proportion croissante sur les pages communautaires, et départ. Le problème dans son cas, c'est que pendant cette dernière période d'activité où son avis comptait plus que ses contributions, il a lancé un arbitrage un peu léger contre un admin qui s'est terminé de manière, hum, suboptimale1.

De fait, être un Zombie n'est quand même pas un crime: dans le cas des statuts il n'y a, je le rappelle, pas d'obligation d'action ou de résultats (même si on peut trouver cela troublant). Anthere et Educa33e (100 contributions en 8 et 2 mois, respectivement) sont donc des bureaucrates zombies tout ce qu'il y a de plus respectables dans la mesure où ils n'embêtent personne dans les pages communautaires. J'avoue être plus partagé pour Pwet-Pwet, admin qui s'est lancé dans une croisade contre le pouvoir discrétionnaire des bureaucrates (son droit le plus absolu), alors qu'avec moins de 80 contributions dans l'espace encyclopédique sur les 6 derniers mois, il semble un peu perdu pour la Cause.

Non, ce qui m'inquiète vraiment c'est que j'ai découvert quelque chose de beaucoup plus troublant: le Comité d'Arbitrage zombifie ses propres arbitres.

Prenons, totalement par hasard, les 12 derniers mois d'activité des 5 arbitres et demi élus jusqu'en mars prochain (Moumine, Musicaline, Edhral, Ouicoude, ILJR -remplaçant de Ouicoude démissionnaire- et Turb), et ne gardons que ceux qui sont passés sous la barre fatidique des 100 contributions en moyenne par mois (catégorie de "contributeurs très actifs", d'après les wikistatistiques) lors des 3 derniers mois: restent Moumine, Musicaline, Edhral, Ouicoude et, de manière tangente, ILJR.
Je ne sais pas pour vous, mais j'ai l'impression que la participation diminue avec la durée d'ensoleillement. Pour les arbitres élus jusqu'en septembre prochain, on voit exactement la même tendance se dessiner pour Alain_r et Tejgad.

Mais plutôt que jeter la pierre à ceux qui ont bien voulu se charger de la corvée d'arbitrer ce qui pour l'essentiel tourne à des bagarres de cour de récré, m'est avis qu'il faudrait plutôt se poser la question de la durée des mandats. Un an c'est visiblement trop long, et les gens s'essouflent. Peut-être qu'avoir moins d'arbitres élus pour moins longtemps (5 personnes, 6 mois plutôt que 10 volontaires pour 1 an?) permettrait à ceux-ci d'aider sans avoir l'impression de s'engager vers leur propre disparition ou de transformer l'expérience volontaire en corvée.

En attendant, avec un renouvellement prévu pour le mois prochain, je garderai un oeil sur l'editcount des candidats.


1. "Le Comité d'arbitrage rappelle à Traroth qu'en cas de nouvelle manœuvre de ce type, il se verra sanctionné d'un blocage d'une durée de plusieurs semaines."

mercredi 3 février 2010

Validez!

J'ai découvert un truc formidable sur Wikipédia: ça s'appelle la liste de suivi.

La mienne contient un peu moins de 4'400 pages et, à vue de nez, c'est entre trente et quarante d'entre elles (1% max.) qui sont modifiées chaque jour. Ca ne parait pas beaucoup mais quand on songe qu'il s'agit pour l'essentiel de sujets obscurs que j'ai pris sous ma garde par vague sens du devoir plus que par intérêt1, ça fait beaucoup. En tout cas plus que je n'aimerais en voir apparaître.

Bon, maintenant je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne la plupart des pages d'aide et recommandation sont 1) mal écrites; 2) sur un sujet pour lequel je n'estime pas vraiment avoir besoin d'aide; et par conséquent 3) totalement ignorées. De même pour les boutons et menus (j'ai découvert par exemple ce matin qu'on avait un espace de nom Référence mis en place par une Prise de Décision communautaire - en 2006!).

En temps normal, donc, ma Liste de Suivi (LdS) ressemble à ça:

Comme un mercredi...

En gros, une longueur d'écran couvre les 12 à 16 dernières heures d'activité.

Or j'ai récemment décider de tripoter, dans un moment de lassitude oisive, quelques liens en haut de page que j'avais jusqu'à présent religieusement ignorés:
  • La restriction de l'affichage à l'espace de nom principal (les articles), sous forme de menu déroulant;

  • La possibilité de masquer les modifications relues.
Et là, si j'enclenche les deux, jackpot:

Tout est calme!

Le nombre de modifications listées et nécessitant probablement un coup d'oeil diminue drastiquement. Tellement même que du coup j'ai envie d'aller voir les RC pour m'assurer que Wikipédia continue bien à être vandalisée.

Un mot sur l'épithète "relues". Il s'agit en fait des modifications opérées par le groupe d'utilisateur "autopatrolled", i.e. ceux qui ont réussi à ne pas se faire bloquer après leur trois premières contributions pour cause d'orthographe défaillante, intérêt pour Pokémon ou ignorance de la syntaxe wiki. Des gens de confiance, donc (c'est d'ailleurs le but). De plus, si vous faîtes apparaître la différence complète entre deux versions, la possibilité de valider le changement opéré par une personne qui n'est pas membre de ce groupe est offerte ("marquer comme relue"):


Les versions non relues apparaîssent normalement dans ma LdS avec un point d'exclamation rouge, celles relues sans point d'exclamation, une distinction peu pratique quand on a 40 lignes accolées les unes aux autres.

On m'objectera que cette méthode de filtrage m'empêche de voir les conflits d'édition entre utilisateurs confirmés et d'intervenir avec toute la diligence nécessaire. Ma réponse est simple: c'est bonus! Fini le drame, Wikipédia (re-)devient un océan de paix. Et si j'ai réellement envie de faire du social, je peux toujours avoir la liste par défaut, les RC, ou les requêtes aux administrateurs. Autant vous dire que je viens de resigner pour cinq ans de plus.

Conclusion: marquer les modifications comme relues, c'est bien. Faîtes-le.


PS: J'utilise les pop-ups de Lupin pour visualiser rapidement les changements. Là aussi, plein d'options dont j'ignore l'utilité (s'il y en a une), mais visiblement pas la possibilité d'y marquer directement un changement comme relu. Si quelqu'un sait où opérer quelle insertion de cette option, je suis prêt à payer lui signifierai toute ma gratitude.


1. Comprendre que certains sont tellements obscurs qu'a priori si je ne les ai pas en liste de suivi pas grand-monde d'autre ne les aura.

lundi 1 février 2010

La base

Je survolais pas plus tard que tout à l'heure cette liste des 100 choses qu'un homme devrait savoir faire publiée (en anglais) par Popular Mechanics en 2008. Constatant que j'atteignais difficilement les 31 items (bon, ok, je n'ai pas officiellement essayé de survivre à une tornade, mais celle-là je ne la sentais pas), j'ai fait la seule chose qu'un homme moderne se doit de faire devant le constat de sa propre médiocrité.

J'ai bien sûr cherché une autre liste.

Celle fournie sur ce blog (en anglais aussi) était plus facile, et j'ai atteint un satisfaisant 81/100 (il n'y a pas d'urgence pour apprendre à prononcer un éloge funèbre).

Et comme je viens tout juste de fêter mes cinq ans de Wikipédia, en tout cas sous ce pseudo, j'ai décidé de jeter un oeil à ces qualités de base qu'il faut connaître pour survivre avec bonheur dans cette jungle. Cette liste des Trucs à Savoir est numérotée, mais ce n'est pas vraiment un classement par importance. J'ai également séparé les compétences techniques et sociales (au sens très large pour ces dernières):

Compétences techniques:
  1. Écrire un paragraphe cohérent (verbe-sujet-complément. Pas de redites);
  2. Se relire;
  3. Savoir formater un texte (gras, italique, liens internes, etc.);
  4. Chercher et distinguer des sources fiables sur le net (éventuellement les citer);
  5. Savoir retrouver rapidement une version précise dans l'historique d'un article;
  6. Lire en diagonale;
  7. Savoir utiliser les comparaisons de version (les diffs);
  8. Comprendre les bases des modèles pour personnaliser un bandeau;
  9. Bidouiller un tableau simple;
  10. Dessiner des graphiques ou prendre des photos;
  11. Les charger sur Commons;
  12. Avec les bonnes licences;
  13. Trouver une image sur Commons;
  14. Chercher une catégorie;
  15. Parler (ou plutôt: lire) au moins une autre langue;
  16. Lier vers un autre wiki (ou pour commencer trouver un interwiki non-évident);
  17. Connaître les raccourcis, les taper directement dans la barre d'adresse du navigateur;
  18. Connaître les conventions de nommage de base (pas d'article défini ou indéfini dans un nom d'article, par ex.);
  19. Ouvrir une demande de suppression;
  20. Trouver une page d'aide sur un thème technique précis;
Compétences sociales:
  1. Admettre qu'on a tort;
  2. Mettre des limites dans ce qu'on peut accepter de lire (et le dire);
  3. Ne rien prendre au premier degré;
  4. Vider épisodiquement sa liste de suivi;
  5. Être patient;
  6. Quels contributeurs sont très compétents sur certains thèmes et peuvent aider ponctuellement;
  7. Faire court quand on écrit en page de discussion;
  8. Ne pas rentrer dans une discussion dont on sait que les deux parties ne cherchent pas vraiment à tomber d'accord;
  9. Commencer ses réponses par le point de convergence;
  10. Abandonner un article à son (souvent, mais pas toujours) triste sort;
  11. Éviter les blagues trop subtiles ou à double sens (c'est le mauvais qui sera perçu);
  12. Ne pas hésiter à utiliser les smileys (surtout avec les inconnus);
  13. Expliquer ou contextualiser les diffs donnés (les gens les regardent rarement s'il y en a trop);
  14. Ne pas répondre immédiatement après avoir lu quelque chose de particulièrement stupide ou de mauvaise foi;
  15. Reconnaître le poids de ses propres opinions dans les faits qu'on collecte;
  16. Se démarquer de la majorité si on n'est vraiment pas d'accord (sans pour autant crier au scandale);
  17. Accepter qu'une partie de ce qu'on a écrit n'est pas forcément pertinent (ou est géocentré, ou peut devenir périmé);
  18. Contrôler son Editcount;
  19. Ne pas parler dans le "monde réel" de sa participation à Wikipédia si on vous ne le demande pas (on apprend plus de choses en laissant parler les autres);
  20. Accepter les règles idiotes;
  21. Ignorer les règles idiotes si vous savez que personne ne vous regarde;
  22. Accepter un résultat aberrant pour une demande de suppression ou restauration;
  23. Prendre le temps d'écrire"merci", "au temps pour moi", "bravo" sur la page de discussion de quelqu'un;
  24. Ne pas intervenir dans un débat lorsqu'on en a le plus envie;
  25. Quelles personnes n'ont pas besoin d'être lues;
  26. Passer outre les sarcasmes ou les agressions apparentes (ou en tout cas ne pas prendre les choses trop à coeur);
  27. Ne pas écrire ce que l'on pense des gens. Encore moins sur la page de discussion d'un autre;
  28. Lire la page de discussion des autres après avoir écrit sa propre réponse;
  29. Faire confiance au système. Honnêtement, même après un lustre c'est toujours le plus dur: le sous-titre de ce blog n'est pas qu'une boutade.
J'aurais bien aimé arriver à 50, mais je ne crois pas savoir grand-chose d'autre qui se soit avéré essentiel à mon bien-être mental et wikipédien. Et encore, pour les tableaux je suis limite (le monobouc je n'en parle pas, je copie chez les autres sans comprendre).

Toutes suggestions bienvenues.