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mercredi 21 septembre 2011

Tea Party

"La critique est facile, mais l'art est difficile." Le wiktionnaire m'apprend que la citation serait de Polybe, et un récent article confirme que non seulement la critique est aisée, mais en plus elle est payante.

J'essplique.

Le papier en question s'intitule "Social consensus through the influence of committed minorities"1 et, comme le titre l'indique, discute des changements d'opinion à travers un groupe et sous l'action d'une minorité engagée. En substance, les auteurs démontrent que tant qu'une minorité demeure inflexible et refuse le compromis, elle a de bonnes chances d'influencer de manière décisive la vision de la majorité une fois qu'elle aura atteint un seuil estimé à 10%.

Notez l'inflexion.
Un bon exemple actuel est le Tea Party américain, qui représentait effectivement une minorité de l'électorat US mais dont la capacité à fixer les lignes du débat politique local au cours des deux dernières années est proprement stupéfiante. 

La dynamique est assez simple: on part d'une minorité dont la ligne idéologique est claire et sans compromis, face à une majorité qui, par définition, est plus accommodante parce que les thèmes développés sont initialement marginaux. La majorité fait de plus en plus de concessions, jusqu'à finalement accepter les thèmes anciennement minoritaires comme le nouveau paradigme. Le plus beau, pour la minorité, c'est qu'il lui suffit de camper sur ses positions et d'attendre: ce sont les autres qui feront le chemin tout seuls comme des grands.

On a depuis quelques temps, il me semble, notre Tea Party wikipédien: une minorité solidaire et affirmée dont le slogan pourrait être Touche pas à mes potes, et qui a longtemps évolué aux marges de la communauté. Le fond de commerce de ce petit groupe a toujours été la critique inconditionnelle du système, à commencer par le Comité d'Arbitrage qui, justement, touchait à leurs potes. Je parle de critique inconditionnelle parce que, honnêtement, j'ai vu, lu et entendu des critiques à propos des décisions -pourtant collectives et consensuelles- du Comité d'arbitrage, mais beaucoup moins de contre-propositions quant à ce qu'un bon arbitre aurait pu faire pour régler les problèmes qui étaient soumis au CAr (à part, bien sûr, ne pas toucher aux potes et faire du Wikilove). Ajoutez à cela un Comité qui traditionnellement ne dit pas grand-chose hors de ses pages, une majorité plutôt conciliante - au nom du maintien de la bonne ambiance communautaire et de l'évitement des conflits justement - et, petit à petit, on s'est retrouvé avec un nouveau paradigme ces derniers mois: les arbitres sont collectivement des nazes.

C'est vrai qu'entre se casser la tête à lire des argumentaires-fleuves, fouiller des historiques, chercher des solutions qui profitent au contenu plutôt qu'à X, Y ou ses copains d'une part, et faire de la critique systématique sans autre contre-proposition que "j'aurais certainement pas fait comme ça, vous êtes un danger pour le projet", le combat est assez inégal.

La démonstration par l'absurde que ce système fonctionne est qu'on a aujourd'hui un candidat arbitre comme Argos42 qui, avec 12% de contributions en moyenne ces derniers mois dans l'espace encyclopédique (quasi-uniquement des retraits de bandeaux de suppression et LiveRC) et une usurpation d'identité à fins de nuisance à son actif, passe pour quelqu'un avec un programme2. Sa candidature au Comité a peu de chances d'aboutir (encore heureux), mais je suis surpris de voir autant de gens prêts à jouer avec le feu.

C'est plutôt bien trouvé, c'est un peu dommage pour ceux qui votent actuellement en fonction du bruit généré sur le bistro ou IRC plutôt que sur un bilan des arbitres qui, dans les faits, est globalement positif. Mais c'est la vie.



1.  J. Xie, S. Sreenivasan, G. Korniss, W. Zhang, C. Lim, B. K. Szymanski, "Social consensus through the influence of committed minorities", Phys. Rev. E 84, 011130 (2011). Je ne mets pas de lien, il est derrière un paywall. merci Skippy pour le lien vers arXiv.
2. Bon, au moins il est franc: wikipédia est pour lui un réseau social

mardi 20 septembre 2011

La mémoire courte

Je lisais ce week-end avec intérêt le dernier billet de Pierrot, qui rejoint pour partie une longue tirade de Rémih sur le Bulletin des administrateurs et qui se plaignait que si on débloque contre vents et marées et CAr et autres admins un personnage avec qui il a par ailleurs lui-même fréquemment été de connivence, on puisse craindre de devoir en payer les conséquences.

Jusque là, rien de très nouveau, le raisonnement se tient, tout juste ai-je été surpris par la franchise de la réaction de TigH:  "Pleunicheries aussi déplacées que ridicules". 

L'introduction de Pierrot, toutefois, a cela d'intéressant qu'elle part d'un postulat de base quelque peu surprenant en ce qu'il indique que "la réforme de juin 2010, [..] a amené beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en a résolu".

Je crois que "résolu" prend un s, mais il y a suffisamment de fautes dans mon blog pour que ça soit trivial :-)

Deuxième problème: lier parti-pris assumé en faveur d'une personne et fonctionnement du CAr en tant qu'institution, ça me paraît bizarre. Je me demande par ailleurs à quel CAr idyllique et pré-réforme il est fait référence, parce que la situation dont je me souviens ne faisait pas super envie. Souvenez-vous, j'en avais parlé ici (les témoins que s'invectivent entre eux), (les témoins qui ne témoignent pas mais donnent un avis qu'on ne les a pas élus pour donner), et et (des arbitres tellement démotivés qu'ils disparaissaient corps et âmes de Wikipédia: les fameux zombis). Le but de la réforme n'était pas d'empêcher les copinages de fonctionner à plein régime (c'est impossible), mais de régler les problèmes évoqués.

Un an après, des impressions diffuses faisons table rase et regardons ce qui a changé.

Premier point, le plus important: les délais sont redevenus raisonnables. Ce n'est pas moi qui le dit, mais les chiffres bruts. J'ai passé quelques semaines à catégoriser les quelques 172 demandes déclarées recevables, j'ai soigneusement noté les délais entre dépôt, déclaration de recevabilité et décision. J'ai obtenu ça:
Durée moyenne d'un arbitrage juste avant la réforme: 133 jours (soit 5 mois). Après: entre 47 et 54 jours (soit 7 à 8 semaines). La réforme a permis de passer outre les zombis, ce que les arbitres ont fait. Plutôt que d'attendre 3 mois un avis qui n'arrivait pas en dépit des rappels, on est allés de l'avant et c'est tant mieux pour tout le monde.

Deuxième point: on ne zombifie plus les arbitres. Ca tombe bien, vu que ce sont aussi et surtout des contributeurs. On a toujours des départs (pour raisons personnelles ou exams), mais les gens préviennent désormais plutôt que tout laisser en plan. Je vois ça comme une conséquence indirecte de la réforme - en sachant à qui on peut parler, on parle mieux et plus souvent. Bonne communication égale confiance, confiance égale envie de participer. J'en parlais déjà il y a quelques mois, la mailing-list interne est utilisée et bien utilisée et contribue à la bonne ambiance interne. 

Ce qui nous amène au troisième point: les arbitrages sont plus cohérents.  En tout cas plus cohérents que les admins, seule alternative décisionnelle à l'absence de Comité d'arbitrage. Côté CAr on a huit personnes d'horizons divers, qui ne se connaissaient pas, et qui présentées avec les mêmes faits arrivent peu ou prou aux mêmes conclusions (et j'ajouterais: qui en cas de désaccord arrivent à trouver un consensus). A l'autre bout du spectre, on a deux douzaines d'admins qui voient chacun midi à leur porte et s'écharpent en fonction de leurs amitiés (ou inimitiés) respectives sur leur bulletin ou les requêtes pour savoir quelle interprétation donner à quels mots ou gestes. Sachant qu'il faut 4 à 6 heures au moins pour lire des historiques et rédiger un avis, vu le nombre d'interventions à l'heure je trouve qu'on a un splendide réservoir d'experts de la lecture rapide.

Plus sérieusement, quiconque fréquente ces pages de maintenance sait qu'il suffit d'une opposition un peu véhémente pour que la machine administrative se grippe et qu'on arrive à une non-décision qui cristallise les acrimonies... auquel cas on finit par se tourner vers le CAr. Ca a commencé en 2006 avec Gemme, ça s'est poursuivi en 2008 avec Aliesin, et ça se continue jusqu'à maintenant. Le bordel était là avant, le nier s'est se voiler la face. Vous me direz que les acrimonies sont toujours là puisqu'on prend désormais les arbitres à partie, mais je vous répondrai qu'au moins les décisions permettent de clore les débats et de passer à autre chose. Notamment parce que...

quatrième point: les décisions gagnent en clarté. On paie encore, au jour d'aujourd'hui, des décisions vagues dont on a oublié l'esprit pour se focaliser sur la lettre, avec des admins qui sont tout contents de jouer les Salomons et de chercher à savoir si tel ou tel truc rentre bien dans ce qu'ils pensent, eux, que le CAr pensait. Et comme il y a plus d'admins qui ont un avis que d'admins qui lisent les avis précédant les décisions arbitrales, c'est le bordel. Du coup, la couleur des lignes tracées par le CAr est en train d'évoluer. Du très jaune "interdit de faire des attaques personnelles" (qui ouvre le champ sur des débats sans fins sur le sexe des anges) on passe de plus en plus au très rouge "interdiction stricte de contribuer ici et là", qui fait perdre peut-être des contributions "normales" et bénignes, mais évite toute tentation de renouveler le problème. 

Au niveau administratif, les admins doivent revenir à ce qu'ils savent faire (et pour laquelle ils ont été élus), c'est-à-dire administrer plutôt que comme instance informelle d'évaluation de la pertinence des décisions du CAr. 

Cinquième point:  le CAr innove pour le projet. On attend encore des propositions alternatives à celles qui ont été faites. Silence radio  de ce côté. Or il se trouve que la finalité, même si cela semble sortir du radar des plus véhéments, c'est quand même qu'un maximum de gens apportent un maximum de choses à ce projet encyclopédique appelé Wikipédia. Contribuer n'est pas un droit de l'Homme, et intervenir à tout bout de champ dans les discussions pour régler ses comptes non plus. On a essayé diverses choses, certaines bonnes et d'autres moins bonnes, comprises et incomprises, mais n'empêche qu'on a essayé de mettre de l'huile dans les rouages. Ca change de l'opposition systématique et du pinaillage pseudojuridique, et ça colle au 5e Principe fondateur (n'hésitez pas!), justement.

Ca, c'est pour la vision du CAr dans les faits. Sauf accident, ces changements sont là pour rester car indépendants de qui sera élu ou pas. 

De fins esprits m'objecteront toutefois que, quand même, on n'a pas un bilan si rose vu l'opposition qui s'est manifestée dernièrement.

Figurez-vous que c'est justement le propos d'un prochain billet.

jeudi 28 juillet 2011

Ne s'use que si l'on s'en sert

Mon collègue Alexander Doria le mentionnait en passant dans son dernier billet: avec onze requêtes d'arbitrage déposées depuis 3 mois, le Comité d'Arbitrage de Wikipédia fonctionne plutôt bien, voire trop bien.

C'est un constat un peu surprenant quand on voit la difficulté que des personnes a priori expérimentées, telles Lgd, ont à simplement initialiser une page d'arbitrage - il y a un modèle à coller, des cases à remplir un peu partout, bref pour en avoir fait l'expérience cela justifie à mon sens totalement son commentaire de modification "Je me demande comment font les non-habitués, là".
Machine à tuer les mites en 21 étapes faciles.
Effectivement, on a eu par le passé plusieurs requêtes en arbitrage où le demandeur "non-habitué" avait manifestement galéré pour trouver ses marques entre les différentes pages et procédures. En gros, il faut vraiment en avoir envie ou besoin avant de se lancer dans cette aventure, ce qui est tant mieux vu que les arbitres, à la base, ont d'autres choses à faire: comme les admins, ce sont des contributeurs volontaires à Wikipédia, l'encyclopédie, qui tentent de résoudre des conflits longs et complexes qui impactent cette dernière. Le Comité d'arbitrage n'est pas un bureau des pleurs.

Tout cela me rappelle une intéressante discussion que j'ai eue la semaine dernière avec une amie avocate: on parlait entre autres choses de la réforme de la procédure devant les tribunaux suisses, qui vient finalement d'être unifiée au niveau fédéral (après 720 années de Confédération, ou 160 d'État fédéral, donc1). C'est apparemment assez compliqué, et en plus calqué sur ce qui ne se faisait pas en Romandie; tout le monde patauge encore un peu (ce n'est donc probablement pas le bon moment pour divorcer, commettre un crime ou attaquer son voisin en justice).

Son analyse de la situation est pourtant très positive: si c'était plus simple, en substance, on aurait encore plus de procédures lancées pour un oui ou pour un non.

Le parallèle avec notre bon CAr, auprès duquel les requêtes sont en majorité déclarées non recevables, m'a paru frappant. Combien la complexité de tous nos modèles nous en a-t-elle épargné d'autres?


1. Insérez ici une blague sur la proverbiale lenteur des Suisses.

jeudi 14 avril 2011

Dont acte

Ainsi donc, le Comité d'Arbitrage (CAr) a été plutôt sympa avec Grimlock qui, en retour, a eu besoin de quasiment 12'000 octets pour dire que les décisions du CAr il s'asseoit dessus, et que pour ce qui est de remettre son mandat d'administrateur en jeu en demandant un vote de confiance à la communauté (vu que le CAr est si manifestement dans l'erreur), il s'asseoit dessus aussi  .

Comme disait l'autre, plus on se justifie, plus on sait qu'on a des trucs à se reprocher.

Mais je suis d'humeur badine; je n'hésite donc pas à vous donner un petit historique complet:

Grimlock est cet administrateur un peu atypique dans la mesure où il a eu besoin de non pas une mais deux candidatures pour être élu. Et encore, il est passé aux repêchage, grâce au fameux pouvoir discrétionnaire de bureaucrates qu'on a vu mieux inspirés (notamment par exemple avec Bokken, élu dans la même foulée et qui à mon souvenir n'a jamais antagonisé autant de monde à la fois). J'ai vérifié, il y a eu avant lui un seul candidat sysopé avec autant de votes contres.

Mais c'est de l'histoire ancienne.
Et ça, c'est un forceps.
Grimlock est élu en avril 2007, donc, et administre somme toute pas si mal que ça puisqu'il faut quand même huit mois pour qu'un arbitrage soit lancé à son encontre sous prétexte qu'il empêchait quelqu'un de jouer avec les boîtes utilisateurs des autres. Bon, soyons honnête, à part un ou deux arbitres lui reprochant ses "remarques cassantes" on lui donne globalement raison - et on a bien, euh, raison.

Six mois, non, cinq mois, non quatre mois passent entre le rendu du 19 février 2008 et ce mois de mai où les fleurs volent au vent et, apparemment, les requêtes en arbitrage à son encontre aussi. D'abord le 4, de concert avec.. Meodudlye1, puis le 15, seul mais cette fois pour "comportement anti-wikipédien inadmissible". La vache. On y allait pas avec le dos de la cuiller, à l'époque.

Grimlock est bloqué les deux fois (+un désysopage d'un mois), mais c'est au final assez léger.

J'aimerais m'arrêter un instant sur ce désysopage, qui en fait suit la démission de l'impétrant. Les arbitres avaient été malins, car le désysopage ne prenait effet que si celui-ci venait à redemander ses outils. Il est à noter qu'entre juin (démission) et octobre (retour), le nombre de contributions de Grimlock aura été exactement de une (1). Ah ben non, en fait c'était pour confirmer sa démission, donc on dira plutôt zéro (0).

Grimlock nous revient et rapidement, c'est à dire en moins de 100 contributions, se rend compte que le balai d'admin lui manque pour pouvoir contribuer: il demande donc à récupérer ses "pouvoirs" (le terme est de lui) et un bureaucrate qu'on a connu plus inspiré les lui rend. 

Ah, le pouvoir. 

Son taux de contributions remonte un peu, et cahin-caha la vie reprend, en tout cas jusqu'à ce wheel war splendide avec un autre administrateur, concernant le (dé-)blocage de... Meodudlye. Un troisième arbitrage est lancé. On est le 28 décembre, Grimlock aura tenu exactement un an sans faire de vagues (en tout cas dont on se souvienne sans trop fouiller les historiques). On est toutefois entre gens de qualité, on s'arrange à l'amiable et Grimlock démissionne le 28 décembre 2009, pour deux mois. Il contribuera exactement dix fois en janvier suivant: quatre fois sur sa page utilisateur, six fois sur le bulletin des admins.

Wikipédia, pendant ce temps, dépasse allégrement les 900'000 articles. Ca sera, pour le coup, sans son aide.
Il était probablement sorti.
Mais Grimlock nous revient, il est en forme, et à peine les outils réattribués fin février par le même bureaucrate qui décidément n'apprend rien2, le voici qui se présente aux élections du 12e Comité d'arbitrage.

Le bureaucrate qui n'y comprend rien est élu arbitre et Grimlock, étonnamment, recueille 61,25% des suffrages... contre lui.

Il n'y a pas de justice.

Si j'étais lui et s'il devait y avoir un moment où l'épiphanie se réalise que le CAr, c'est pour les andouilles, c'est bien celui-ci. En tout cas j'aurais cette épiphanie si je n'étais pas capable de me remettre en question. Sinon je commencerais à me dire qu'il y a un soucis quand à ma légitimité. Les élections d'admins, après tout, sont une question de confiance, et visiblement plusieurs personnes semblaient d'avis que la réponse n'était plus la même que quatre années auparavant. 

Avance rapide jusqu'en février 2011 où, après moult péripéties et interventions sur le bulletin des admins pour objecter à dix des vingt admins qui se prononcent pour le blocage de Meodudlye2, parfois en des termes peu amènes et en leur demandant au passage de s'autobloquer pour avoir osé se conduire comme les punks qu'ils sont.

Résultat, un contributeur pas admin et un peu sorti de nulle part lance -un peu n'importe comment- un méga arbitrage contre lui.
Ressemble à Zorro, se bat dans l'arène wikipédienne comme le sergent Garcia.
Requête qui tombe bien évidemment en eau de boudin. Arrive enfin Hamelin qui en lance une nouvelle le mois dernier. Le reste, comme on dit, c'est l'histoire qui vient de s'écrire: les arbitres disent que oui, Grimlock s'est mal conduit, qu'il devrait se tenir loin de tous ces endroits où la tentation de troller est forte (par opposition à tous ces endroits où la tentation de contribuer à des articles l'est un peu moins) et, si jamais il n'y avait pas pensé, il pourrait demander confirmation de son statut, à ses conditions, auprès de la communauté.

J'apprécie énormément mes collègues, mais là je vais être franc et avouer que je les ai trouvés un peu naïfs.

Grimlock leur dit de se mettre leur arbitrage là où le soleil ne brille pas, et d'emmener avec eux le bubu sournois et incompétent -et sournois- qui l'avait resysopé (et qui pour le coup était de toute façon récusé, parce que sournois).

Car l'important, voyez-vous, ce n'est pas les doutes que les autres peuvent avoir. Ce n'est pas de s'être pris trois ou quatre requêtes d'arbitrage sur trois ans et pour quasiment le même motif. Ce n'est pas non plus que les gens qu'on critique et dont on dénonce la légitimité soient régulièrement -et largement- réélus. L'important enfin ce n'est pas, dans un dernier baroud d'honneur, de vouloir prouver qu'on a raison contre les Méchants en prenant la communauté à témoin, quitte à retourner contribuer comme tout un chacun en cas d'échec.


L'important c'est de garder son pouvoir, bande d'andouilles.


1. Ce sont les vieilles blessures de guerre qui créent les plus longues amitiés. Dans ce registre ne lisez d'ailleurs pas Sourire de loup, de Zadie Smith, encensé par la critique et qui est, très objectivement, mauvais.
2. Et réattribue les outils sans qu'il y ait besoin d'en faire la demande! Quel con!
3. Je vous l'avais dit: frères d'armes un jour, frère d'armes toujours. Le (mauvais) bouquin se termine d'ailleurs par un des personnages prenant une balle pour son copain de régiment.

mardi 5 avril 2011

Small is beautiful

C'est bête à dire, mais moins on est à se parler, et plus on se parle. C'est en tout cas le constat que j'ai au sortir du dernier Comité d'arbitrage (CAr) wikipédien en comparaison du précédent: le Comité n'a je crois jamais été aussi serré (quatre membres actifs), mais ça faisait également longtemps qu'il n'avait pas été aussi réactif (et ça s'est remarqué). Si je devais m'aventurer à une explication, je dirais qu'outre une bonne dynamique personnelle il y a le fait qu'un message était vite répondu et, surtout, qu'on savait qu'on obtiendrait une réponse.

J'essplique.

Le graphique ci-dessous présente succintement le nombre d'arbitres théoriques (élus ou restant pour liquider les arbitrages du Comité précédent) et effectifs (ceux qui intervenaient encore sur la liste de diffusion interne ou les diverses pages du CAr en fin de mandat) pour les deux Comités dont j'ai été membre (printemps et automne 2010):
Effectifs du Comité d'arbitrage
Dans le premier cas (XIIe CAr, de mars à septembre 2010), on avait 14 arbitres en place. De fait, après l'éviction des zombis qui étaient là sans l'être, on s'est retrouvés à cinq dans la pièce arrivés à la fin du mandat. En septembre 2010 nouvelle élection (XIIIe CAr), avec cette fois six élus et une feuille quasi-blanche pour redémarrer.

Le deuxième graphique, maintenant, vous montre le nombre d'emails ayant circulé sur la liste de diffusion interne lors de ces deux périodes:
Nombre d'emails échangés.
Il y a comme un changement de dynamique alors que, sur le fond, les interventions restent les mêmes (j'ai pas le temps, qui veut être coordinateur, je suis parti/de retour).

Il y a quand même eu quelques changements mineurs mais d'importance. Première innovation que je n'avais pas remarquée jusqu'à ce que Turb le relève: on a commencé à annoncer les nouveaux arbitrages sur la liste. Il faudrait voir si cela a accéléré les délais pour les décisions de recevabilité, mais cela a en tout cas contribué à la création d'un esprit de groupe. Des intervenants externes sont également intervenus un peu plus souvent (généralement à la demande des arbitres, notamment dans un arbitrage ou deux). Et, surtout, quand quelqu'un posait une question, on y répondait. Rien d'essentiel, donc, et c'est pour ça que c'est important.

C'est bête à dire, mais ça vous change un monde que de savoir qu'on ne parle pas dans le vide. J'ai souvenir dans le premier CAr auquel j'ai participé du mail d'un arbitre demandant à un autre quand il comptait rendre son avis qui traînait depuis x mois. Pas de réponse de ce dernier, ni de commentaire de la part des 12 autres. Mon impression à ce moment:  j'ai mis les pieds dans un cimetière.

Première remarque à ce stade: tout le monde (ou presque) a une vie privée qui passe avant Wikipédia, et le problème des arbitres disparaissant du jour en lendemain est voué à persister. Il ne s'agit donc pas de jeter la pierre aux zombis, qui sont aussi des gens. L'important est d'en prendre acte et d'agir en conséquence, c'est à dire dans notre cas de reconnaître le problème et d'arrêter d'attendre. L'attente c'est l'inertie, l'inertie c'est la perte de temps, et c'est démotivant pour tout le monde.

Plein de messages échangés, même sur des sujets bénins, ça crée une dynamique de confiance. Fruit de cette dynamique ou honnêteté personnelle, quand trois des arbitres se sont successivement retrouvés hors service cet hiver, tous ont laissé un mot pour dire qu'il ne fallait pas compter sur eux pendant quelques temps. Cela a du coup permis aux autres de continuer à avancer et de garder la dynamique - voyez la communication comme un cercle vertueux: la gestion des arbitrages n'était plus tant une corvée qu'un objectif.

Le graphique ci-dessous illustre assez bien le phénomène dont je veux parler ici:
Nombre de messages théoriquement envoyés par chaque arbitre.
Rapporté aux nombre d'arbitres théorique, il indique l'intensité de la participation qui est, vous l'aurez compris, beaucoup plus élevée dans un CAr restreint où tout le monde répond présent. 

Maintenant que cela est établi, comme une petite plante il faudra l'entretenir. Le CAr est passé à neuf membres ce 31 mars et, selon toute probabilité, deux ou trois d'entre eux ne finiront pas leur mandat. En ce sens je ne vois pas de tragédie dans le fait que les dix postes à pourvoir n'aient pas été pris - l'important n'est pas tant le nombre que l'implication, et il faut trois à cinq arbitres seulement pour un arbitrage. L'essentiel, en fait, sera pour les sortants de transmettre cet esprit aux petits nouveaux.

lundi 28 mars 2011

Gaming the system

Pierrot l'avait rapidement noté dans son tout dernier billet: une dizaine de personnes ont décidé, lors des dernières élections du Comité d'arbitrage wikipédien (CAr), de voter de manière systématique contre tous les candidats.

On pourrait bien évidemment se féliciter de la supérieure rectitude de ces votants qui trouvent tant à redire à propos de chacun des douze candidats mais, (mal)heureusement, il y a une autre motivation derrière: on s'oppose en fait à l'élection de nouveaux membres au CAr non pas parce qu'ils ne sont pas assez bons pour la fonction, mais parce qu'en fait on est contre l'existence même du CAr. Les raisons de ce rejet varient d'une personne à l'autre, elles semblent parfois même aux antipodes les unes des autres, mais au final c'est la même chose: le CAr, c'est le Mal.

Soit. Jusque là, je suis presque d'accord.

Beaucoup de paille.
S'agissant de Wikipédia, j'aurais toutefois pensé que la meilleure façon de changer les choses consisterait à i) se présenter pour prendre soi-même les choses en main et montrer la Voie ou ii), si le cas est trop desespéré, demander la dissolution dudit CAr à la communauté. Ce n'est pas une révolution que je propose là, c'est par exemple ce qui est arrivé aux défunts wikipompiers il y a un peu plus de 18 mois.

Evidemment, si l'on pose une question il faut être prêt pour la réponse, et tout le monde n'a pas le forcément envie de se voir dédire par la communauté. Du coup, on en viendra presque à se dire que Thémistocle et Iluvalar, en maintenant leurs candidatures respectives jusqu'à terme en dépit de résultats sans équivoque dès la première journée, sont beaucoup, beaucoup plus couillus que neuf de ces dix réunis1. On pourra bien sûr se cacher derrière son petit doigt en objectant que ça n'a rien à voir, que voter neutre ou ne pas voter n'aurait pas été pareil, mais en fait tout cela n'est pas très intéressant.

Ce qui est intéressant, voyez-vous, c'est que cela nous permet de mettre en lumière une nouvelle classe de contributeurs:

Les électeurs zombis.

Figurez-vous que trois, voire quatre, de ces personnes qui ont tant à coeur le bien du projet wikipédien qu'elles essaient d'empêcher le fonctionnement de l'un de ses organes ne sont, pour l'essentiel, plus vraiment des contributeurs actifs sur Wikipédia.

Bertrand Grondin, multi-admin extraordinaire, n'a depuis novembre dernier commis qu'une centaine de contributions dans l'espace encyclopédique - pas 100 par mois, hein, mais 100 au total. Savant-fou, administrateur lui aussi: le même nombre (100) en dix mois. Idem pour Vyk, qui faillit en son temps devenir également administrateur. Je me suis laissé dire qu'ils seraient plus actifs sur d'autres projets. Tant mieux pour eux.

Mais ça permet de relativiser pas mal de choses.

Une seule poutre.
Alors bien sûr on peut dire que Wikipédia est une démocratie et qu'on vote comme on veut, hein, on a le droit. Certes. Sauf que Wikipédia n'est pas une démocratie, que c'est un projet encyclopédique où voter n'est pas un droit mais un privilège censitaire réservé aux habitués: c'est pour ça que les IP et comptes avec moins de 300 et quelques contributions ne sont pas admis aux votes. L'objection inverse, à savoir qu'il y a certainement des supporters zombis en faveur des candidats, serait intellectuellement honnête si on ne parlait pas ici d'obstruction systématique dans le cadre d'un projet collaboratif2.

Les anglophones, qui ont le malheur de vivre une ou deux médiocrités d'avance, ont un nom pour cette attitude peu cashère: ils appellent ça gaming the system.



1. Addacat s'est présentée il y a exactement un an, elle.
2. On évitera donc de prendre les gens pour des andouilles en soulevant cette objection là.

mardi 15 mars 2011

Brut de décoffrage

Une question qu'on ne m'a pas posée -à mon grand regret- mais à laquelle j'ai envie de répondre:
A mon humble avis, le comité d'arbitrage est une poubelle qui rassemble le pire de ce que wikipédia peut engendrer de plus méprisable. Je ne vois pas le plus petit début de moitié de quart de commencement d'utilité à cette chose infecte, sauf pour satisfaire les instincts délateurs et/ou sadiques de certaines personnes que je m'abstiendrai de qualifier. Toute prise de décision relative, de près ou de loin, à ce truc, devrait à mon sens commencer par : "le comité d'arbitrage est supprimé". Donc, ma question est : qu'est-ce qui vous pousse à vouloir y perdre votre temps ? A mon sens, il est bien plus intéressant d'essayer d'enrichir les articles plutôt que de participer, même avec de bonnes intentions, à ce genre de choses. La question appelle véritablement une réponse, car honnêtement, en toute sincérité, j'aimerais bien que l'on m'explique ce que ce soi-disant "comité" peut apporter de positif et ce qui peut pousser des contributeurs de bonne foi à vouloir y participer.
C'est effectivement un peu brutal, mais pas une question irraisonnable en soit1.

Soyons francs: le Comité d'arbitrage (CAr), sans réellement rassembler "le pire de ce que Wikipédia peut engendrer de plus méprisable", n'est pas non plus l'endroit rêvé pour la grosse déconne2. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'on l'a créé, le meilleur de ce que Wikipédia peut engendrer de plus estimable étant, à l'opposé, déjà situé dans son espace encyclopédique (avec un peu de pire là aussi, n'exagérons pas).

"Caca de fête, caca qui fouette!"
Sauf que cet espace encyclopédique ne se construit pas sans accroc, on le constate plusieurs fois par jour sur les Pages à supprimerrequêtes aux admins et le Bulletin desdits admins (parfois dans cet ordre d'escalade, d'ailleurs). Quand ces derniers s'avèrent incapables d'apporter une réponse cohérente et homogène3, c'est généralement le moment où l'on demande les bons offices du CAr. Le problème, à ce stade, n'est plus de "rassembler le pire de ce que Wikipédia peut engendrer de plus méprisable", mais bien le fait que Wikipédia engendre du pire et du méprisable et qu'on ne sait pas quoi en faire

Pris différemment, on pourrait aussi dire que si on n'aime pas le caca, il faut commencer par ne pas faire caca. Si cette option radicale s'avère toutefois impraticable, il faut alors faire avec et, si possible, proposer une solution. Le wikilove étant mort dès la première guerre d'édition sur Wikipédia, le CAr est la seule qu'on ait pour l'instant. J'avouerai candidement ne pas avoir d'alternative à proposer, mais on dirait que Jean-Jacques Georges, tout aussi candidement, n'en a pas non plus.

Faisons alors avec.

Loin de moi d'avancer que le Comité constitue une panacée: il reste grandement améliorable, et je rejoins notre ami JJG sur l'idée qu'on est plus heureux à écrire sur des sujets obscurs - il y aura d'ailleurs assez de gens qui se réjouissent d'avance de le signaler à mes collègues et moi-même lors de l'élection qui s'en vient. C'est la vie.

Du coup, si vous pensez pouvoir aider ou changer les choses, il n'y a qu'à vous lancer - ou donner une bonne poussée à quelqu'un que vous estimez capable de le faire!




1. Il n'est pas non plus irraisonnable de penser que Jean-Jacques Georges inclut les arbitres actuels dans sa conjuration des imbéciles.
2. Quoiqu'il y ait depuis six mois une très bonne ambiance entre arbitres.
3. Références sur demande.

mardi 27 juillet 2010

L'Amour vaincra

"La Catégorie:Utilisateur Soigneur regroupe les utilisateurs de la Wikipédia francophone qui se sont auto-proclamés « soigneurs ». Un utilisateur Soigneur est une personne qui reste disponible pour aider les victimes des arbitrages dits communautaires."

Le reste de la description vaut (valait?) son pesant de noix d'honneur, allez-y (et, éventuellement, inscrivez-vous, ça vous évitera de candidater pour être arbitre).

Je pense que les personnes se souvenant du bordel généré par Gemme, Aliesin, Stéphane Lhomme, les bretons, SalomonCeb - ou ayant simplement demandé (et obtenu) les désysopages de ADMMichelet, Hégésippe Cormier, Yann - apprécieront qu'en fait ils avaient tout faux. Il n'y avait pas (assez) de bordel, et accessoirement on ne désysope pas un admin comme ça.


Merci à Buisson38 pour l'info.

mardi 20 juillet 2010

Epilogue et conclusions

Bon, je m'étais juré de ne plus en parler tellement cela a été ressassé et répété - et en plus j'ai une monstre gueule de bois depuis ce matin-, mais d'un autre côté après tous ces efforts autant conclure proprement:

La Réforme du Comité d'arbitrage est (enfin) close, et c'est dans l'ensemble très positif.

Faisons court et parlons de ce qui change concrètement:
  • La phase de recevabilité est abaissée à 10 jours, avec inversion de la clause de recevabilité automatique.
Ca, ça veut dire que si personne (ou pas assez de gens) ne se prononce sur la recevabilité, l'arbitrage est déclaré non-recevable. Cela ajoute donc un filtre pour éviter les arbitrages trop longs parce que personne ne veut s'en occuper, et permet de laisser les admins gérer si besoin.
  • Les arbitres peuvent déclarer un des arbitres indisponible ou suspendu (alors remplacé par un suppléant):
On se débarasse des zombies qui bloquent le traitement des cas en court par leur absence, en les remplaçant par d'autres arbitres.
  • Les arbitres sont élus pour 6 mois
On se débarasse des zombies qui disparaissent juste après leur élection, et on arrête le fantasme consistant à demander à des gens de s'engager pour une durée sur laquelle personne n'a de visibilité (franchement, vous serez où, vous, dans un an?).

Et voilà. Les autres provisions sont un peu de la littérature - leur acceptation ou refus n'est pas vraiment fondamental pour la survie de la Civilisation occidentale (bon, à bien y réfléchir les trois évoquées ci-dessus non plus).

Et maintenant parlons des enseignements vraiment importants de ces dernières heures:

On n'est pas près de me revoir avec un verre de Williamine à la main.

mercredi 14 juillet 2010

« Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet »

Ces dernières semaines derniers mois, j'ai suivi d'un œil distrait et discret les discussions autour de la réforme du comité d'arbitrage. Comme d'habitude, je lis mais n'interviens pas me contentant de voir les avis évoluer (ou pas) et la discussion progresser (bis). Sociologiquement, ce doit être fichtrement intéressant1 de voir comment la discussion avance ou recule ou en quoi même sur un projet collaboratif où tout le monde peut participer, il faut une/quelques personne(s) qui se remonte(nt) les manches pour abattre une bonne partie du boulot et sortir du Yakafaukon, ou Faudrèkon (et autres variantes2).

J'ai déjà écrit ce que je pensais du Comité d'arbitrage et des élections l'an dernier et je n'ai pas changé d'avis. J'ai tenté plusieurs fois de lire le texte de la prise de décision et (malgré la bonne volonté des intervenants), j'avoue avoir jeté l'éponge à chaque fois avant d'arriver au bout. Alors, je baisse les sourcils, hausse les épaules et regarde juste le pourcentage d'approbation sur quelques articles importants pour me préparer éventuellement à mettre mon grain de sel avant la fin du vote si nécessaire. Mais je dois bien avouer que je ne vois pas en quoi les changements vont vraiment améliorer le processus du comité d'arbitrage. Non je n'ai rien de mieux à proposer de mon côté, je remarque juste que le CAr, en fait, je m'en moque un peu et quelque part cela me désole un tantinet.


Ceux qui n'ont pas reconnu du Brassens dans le titre sont invités à parfaire leur culture dans ce domaine.
1. Je n'ai pas les compétences pour juger.
2. Je-ne-propose-rien-d'autre-mais-je-suis-en-TOTAL-désaccord-avec-ça-et-préfère-un-statu-quo-très-imparfait-plutôt-que-cette-ignominie.
Sur ce blog, est-ce que le libellé « CAr » implique qu'on ajoute automatiquement « Usine à gaz » et « Vaguement trollogène » ?

lundi 12 juillet 2010

Nudge

Nudge, c'est un mot anglais qui désigne une petite poussée, un petit signal donné du coude. S'il y a quelque chose à retenir de la dernière demande d'arbitrage déposée (Sardur c/ Irønie) c'est que sur Wikipédia, il y a quelques coups de coude qui se perdent.

J'essplique.

Première remarque: cette demande aborde des sujets couverts de mes empreintes de mains pleines de doigts. J'ai importé le principe de contestation des statuts d'admin en 2008, et j'étais parmi les bubus qui ont validé l'élection d'Irønie en février dernier. On peut commenter à l'envie ces deux points mais, au final, le plus troublant là-dedans c'est que j'aurai mis un peu plus de 5 jours à m'apercevoir qu'une nouvelle demande a été déposée. C'est long.

Bon, ok, j'ai plein d'excuses tellement ininventables qu'elles sont forcément vraies1, mais il n'empêche que je n'étais pas le seul, que je me suis connecté plusieurs fois dans l'intervalle et que, au final, je n'ai pas vu passer le changement dans ma liste de suivi (LdS).

C'est un problème, et il n'est pas nouveau.

Si on ne voit pas passer un changement sur un article dans sa LdS ce n'est généralement pas très grave, le principe même de Wikipédia voulant que n'importe qui, n'importe quand, puisse corriger/amender/préciser n'importe quoi. Sauf que dans le cas du Comité d'Arbitrage (et des Bureaucrates), la population succeptible d'agir est par définition excessivement restreinte. Il faut donc s'assurer que tout le monde soit au courant, en leur donnant un petit coup de coude s'il le faut.

Nudge, c'est aussi le nom d'un bouquin2 assez bon quoique un peu trop américano-centré qui nous parle de "paternalisme libertarien" (encore un mot-valise politique voué à une extinction rapide, on en restera donc à l'idée d'économie comportementale): en gros l'idée est qu'avec la bonne architecture de choix, et la nature humaine étant ce qu'elle est, on peut avoir des résultats très positifs pour un coût quasi-nul. Un bon exemple qu'ils donnent est que tout le monde soutient le don d'organes mais personne ne fait la démarche pour s'enregistrer comme donneur. Changez le mode pour que chacun soit considéré d'accord par défaut (avec désinscription sur demande), et vous obtenez une couverture infiniment meilleure. Sur Wikipédia, un bon exemple est l'ajout du lien "modifier" en début de chaque section (plutôt qu'en simple début de page), ou d'avoir peint celui-ci en bleu dans la précédente version du tableau de bord.

Or doncques, que faire dans le cas qui nous occupe pour s'assurer une bonne distribution de coups de coudes à ceux qui n'ont pas l'oeil rivé sur leur liste de suivi, ligne par ligne et jour après jour? Ou comment s'assurer que cela sera fait de manière systématique? M'est avis qu'il suffit de demander à un bot. En plus j'aime bien les bots.

On a déjà AlmaBot Junior qui prévient les admins lorsqu'une demande de déblocage est apposée. J'ai donc demandé à son dresseur, quand il aura le temps, d'ajouter deux tâches:
  1. Prévenir les arbitres quand une nouvelle demande d'arbitrage est déposée (le bandeau orange, ça le fait);
  2. Prévenir les bubus quand une candidature bot arrive à échéance (on a quelques oublis réguliers là aussi).
Voilà, c'est pas cher et si ça peut faire une différence c'est pas plus mal. L'autre avantage que je vois c'est que ça enlève le besoin pour un arbitre, bubu ou quiconque en fait de faire la police auprès de ceux concernés (ce qui selon les personnalités n'est peut-être pas toujours bien perçu). Maintenant, reste à voir ce que ça donne.


1. Une longue histoire.
2. Nudge, de Richard Thaler et Cass Sunstein, Éd. Vuibert 2010. 21,37 € en français et en version brochée sur Amazon, 8,72 € en anglais et reliure papier...

jeudi 24 juin 2010

Prévisiblement irrationnels

Le côté obscur de Wikipédia, c'est de se dire qu'on peut contribuer comme on veut, et en cas d'erreur quelqu'un passera derrière pour nettoyer. Le côté pervers du côté obscur, c'est quand on a les moyens de forcer les autres à faire ce que soi-même on n'a pas envie de faire. Ca s'appelle les élections au Comité d'arbitrage.

J'essplique.

Il reste à ce jour cinq arbitrages en suspens, le plus vieux ayant été lancé le 16 décembre 2009. Le Comité d'arbitrage (CAr) est composé de 10 personnes, dont 6 sont présentement invitées à donner leur avis lors d'une ou plusieurs de ces affaires soumises au CAr. En fait changez ça: le Comité compte douze membre dont l'avis de 8 est encore attendu, car deux desdits cas sont du ressort de personnes n'ayant pas désiré se représenter aux élections du printemps 2010 (il est de coutume pour les arbitres de "finir" les cas entamés sous leur garde).

Je n'apprends rien à personne en disant que l'un des reproches essentiels fait au CAr est sa lenteur.

Cette lenteur est en fait toute normale si l'on tient compte du fait que parmi les 8 personnes sus-citées:
  • Une compte 20 contributions depuis le 29 mai dernier. Deux sur le bistro, 15 autres effectuée en un seul jour;
  • Deux autres ont 70 édtions depuis début juin, dont 20 dans l'espace encyclopédique (et une douzaine sur sa page utilisateur) pour l'une, ou réparties sur 4 jour pour l'autre;
  • Une quatrième s'est connectée huit fois depuis le début du même mois de juin;
  • Une cinquième est passé 6 fois depuis le 6 juin;
  • Une sixième n'est pas venu depuis mai;
  • Une septième a réussi à coller l'essentiel de ses 400 éditions de juin sur 3-4 jours, ce qui en considérant qu'elle vient d'avoir un bébé est particulièrement méritant.
Bref, sept arbitres sur huit ont semble-t-il cessé de contribuer sur une base régulière.

Je ne suis pas là pour jeter la pierre aux collègues, n'ayant moi-même pas été un parangon de participation depuis deux mois. Tous ont une bonne excuse, et ayant échangé avec la plupart (voire les ayant rencontrés pour certains) je peux vous garantir qu'il s'agit de gens bien.

D'ailleurs, et heureusement pour tout le monde, la Réforme du Comité d'arbitrage en cours de vote prend justement acte de ce qu'un mandat de 12 mois, c'est long. La question 6-X, pour être précis, propose donc que ce mandat soit ramené à six mois. Que l'environnement socio-professionnel d'un arbitre change (ou le nombre de ses contributions diminue drastiquement), et il ne se représente pas. Que tout aille bien et il repart dans un fauteuil à l'issue d'une simple formalité.

Ca me paraît tellement limpide, la situation est tellement connue et la solution tellement dépourvue de côtés négatifs par rapport au modèle actuel que j'ai sincèrement pensé que ça passerait comme une lettre à la poste.

Ah ah. Grave erreur. A l'heure où j'écris nous sommes à peine au-dessus de 64% de Pour, soit le seuil d'approbation certes, mais sans éclat.

Bon.

Un commentaire qui revient à plusieurs reprises consiste à dire que 6 mois c'est trop court, qu'on ne peut pas se priver d'un arbitre après si peu de temps, qu'on n'aura pas les candidats pour renouveler1. C'est vrai que c'est important. C'est également vrai que ça ne veut absolument rien dire.

C'est important parce que ce simple argument résume toute la position dans laquelle se trouvent les arbitres: le boulot est chiant, prends du temps, ne donne droit à aucune reconnaissance, et permet même de se faire allumer par des bien-pensants à peu de frais. Un seul statut wikipédien met la pression sur celui qui l' obtient, et c'est celui d'arbitre. Dans un système sans contrainte, c'est une contradiction vouée à générer des problèmes.

Quiconque a songé/envisagé de se présenter sait probablement que le plus gros obstacle n'est pas la difficulté de la tâche : tout le monde a une ou deux grandes affaires en tête sur lesquelles il a un avis bien tranché, et pense qu'en terme de temps il pourra difficilement faire pire que les générations précédentes d'arbitres. Non, le gros point à peser et soupeser est "serai-je encore là dans un an"? J'aimerais des confirmations, mais de par ma propre expérience je dirais que cet engagement lourd (et long) vis-à-vis de la communauté en a découragé plus d'un.

Et en voit pourtant qui votent pour qu'une participation provisoire2 reste une réelle corvée qui, de fait, conduit les "élus" à se zombifier et à se lasser du projet. Ce que je comprends de ce vote c'est "on a trouvé des pigeons pour se présenter, on ne va pas les laisser s'échapper".

Conserver le mandat à 12 mois c'est donc certes tuer des contributeurs et plomber le CAr mais c'est aussi, en tout cas sur le papier, s'épargner la recherche de candidats pour une durée toute aussi longue.

On aurait dû proposer l'extension du mandat à deux ans.



1. Pour ce dernier j'avoue vraiment avoir eu du mal, parce que si on a à l'heure actuelle dix arbitres, c'est qu'on a eu dix candidats (beaucoup plus, en fait). Qu'on les ait en une fois ou deux fois, c'est bonnet blanc et blanc bonnet, il me semble.
2. En 6 mois on sait si on n'aime ou on n'aime pas, auquel cas on cède la place. Ca m'a toujours paru mieux que de ne pas aimer et vivre ça comme un chemin de croix pendant 6 mois de plus.

samedi 19 juin 2010

La Réforme du Comité d'Arbitrage pour les Nuls

Dans 48h démarre selon toute probabilité le vote visant la dernière réforme du Comité d'Arbitrage. Une prise de décision construite de manière isolée par 50 personnes, sans tenir compte des avis émis par d'autres contributeurs en n'offrant que cinq ou six propositions alternatives. On s'étonnera donc de manière toute légitime que l'annonce du vote ait été faite de manière aussi prématurée, seulement 9 mois après son lancement :-)

Bon, plus sérieusement, et avant de me livrer à une analyse en règle du processus (et probable mea culpa pour avoir tout lâché si près du but afin de poursuivre d'égoïstes priorités personnelles) dans un autre billet, j'aimerais quand même survoler les changements qu'apportera la réforme proposée. La bonne nouvelle, c'est qu'en dépit de la complexité apparentes des questions, ils sont en fait assez peu nombreux. J'en vois même simplement deux, pourtant essentiels pour aider à régler la principale critique faite à l'encontre du CAr, à savoir sa lenteur:
  1. On facilite le remplacement des arbitres absents (question 4);
  2. On facilite l'élimination des arbitres trop souvent absents ou démotivés ou zombifiés (question 6, option X);
Et voilà. Tout le reste consiste essentiellement à placer dans les textes les us et coutumes de manière à limiter le côté trollogène/trollophile du système, corriger quelques incohérences, mais n'innove pas en tant que tel. Ne vous méprenez pas: cette étape est essentielle parce que les arbitres, souvenez-vous, sont de simples volontaires sans formation particulière sur le sujet. Un réglement clair qui leur dit ce qu'ils peuvent faire sans qu'on vienne leur crier dessus pour avoir dévié de la Ligne du Parti est donc utile en ce qu'il fournit une assise à leur gestion des affaires.

Bon. Passons maintenant aux questions dans leurs grandes lignes et enjeux.

La question 1 (principes) - Pourquoi on s'en fout (mais votez Pour quand même).
Les articles proposés à la suppression ne sont que du verbiage pseudo-juridique. Même s'ils restent, ils ne changeront rien à la manière dont les arbitrages sont menés. Donc votez Pour parce que tout le monde aime les choses simplement écrites. Ca nous changera.

La question 2 (arbitrages) - Pourquoi on s'en fout aussi.
La question des "arbitrages communautaires" aura vraiment été l'usine à gaz de cette PdD. L'arbitrage communautaire, c'est la manière ronflante de dire que le CAr sert de soupape de sécurité. Il empêche (ou sert de cache-sexe) à un trop grand arbitraire des admins vis-à-vis des trolls suffisamment intelligents pour ne pas franchir ouvertement la ligne rouge. Il permet aussi d'évacuer les conflits claniques entre admin (que ceux ayant un mauvais souvenir de l'épisode Aliesin lèvent ici la main). Ce qu'Addacat a à maintes reprises identifié comme une option anti-Addacat est plutôt un option anti-bordel sur le BA.

Dans les faits, le réglement actuel ne l'interdit pas, tandis que la proposition l'autorise expressément. Disons qu'on votera Pour de manière à éviter de se questionner ou de devoir justifier pourquoi on peut le faire en se basant sur la demi-douzaine de précédents.

La question 3 (format des requêtes) - Pourquoi on s'en fout toujours.
Parce que 700 mots c'est court quand on en a gros sur la patate, et personne n'osera couper un argumentaire après avoir compté le nombre de mots. Les parties ne respecteront jamais vraiment cette limitation, qui aurait dû selon moi surtout être imposée aux arbitres. L'avantage de la proposition est de formaliser les périodes d'argumentation, c'est toujours bon à prendre. Pour l'option 3A (pas de limite), donc.

La question 4 (gestion des Comités) - Pourquoi voter Pour.
Premier point important. En gros le changement consiste à dire que si un arbitre est trop fainéant ou éloigné ou absent pour admettre qu'il n'aura pas/plus le temps de partager ses commentaires dans un délai raisonnable (et démissionner), ses pairs peuvent décider de son remplacement.
Si la disparition soudaine de Dereckson ou Moumine, laissant les collègues en plan, ne vous ont jamais posé de problème, vous pouvez bien sûr voter contre et espèrer que les prochaines générations d'élu(e)s se voueront corps et âme à la cause. Sinon, votez Pour à cettte question 4.

La question 5 (déroulement de l'arbitrage) - Pourquoi choisir la 5-M.
Comme indiqué, c'est uniquement si vous n'êtes pas enthousiaste à l'idée de voir les réglements de compte et logorrhée vengeresse s'éterniser sur les pages d'argumentaires et de témoignage. Sinon ce n'est pas grave, je ne suis pas sûr que ça change grand chose pour les arbitrages courants et en l'absence de quelqu'un comme Turb pour faire la police. A tout le moins on y gagne une certaine clarté dans la gestion des phases (et donc la 5-N est bien aussi).

La question 6 (durée des mandats) - Pourquoi choisir la 6-X (mandat de 6 mois)
Deuxième point important. Ceux qui ont une visibilité de leur implication à plus de six mois sont probablement des retraités, et encore. La démographie wikipédienne fait qu'on peut avoir de jeunes pères, des arbitres dont la candidature admin tourne mal et qui admettent leur baisse soudaine de motivation, des gens bazardés sur un autre continent sans prévenir, ou simplement Dereckson qui part sans laisser d'adresse ni justification ni réponse pendant plusieurs mois (tous ces exemples sont bien sûr fantaisistes). Si ça se passe au début du mandat, on est chocolats pendant 11 mois. Pas bon, du coup on choisit 6-X.

On ne me fera pas croire que pour un arbitre pour qui tout va bien, ajouter une ligne "Tout va bien, j'aimerais poursuivre le mandat en cours" tous les six mois plutôt que douze est un énorme effort. Et de toute façon on a toujours des élections tous les 6 mois.

Question 7 (demandes "malveillantes") - Pourquoi voter contre.
Inutile, trollogène et inapplicable. Je n'ai pas d'exemple en tête de demande reconnue comme malveillante par quelqu'un d'autres que les parties (les demandes abusives je ne dis pas, mais c'est pour cela que le CAr a déjà le droit de les déclarer irrecevables et d'envoyer bouler les gens). Quiconque se trouve traîné devant le CAr considère évidemment qu'il est victime d'une injustice et d'une malveillance de la part de quelqu'un qui est forcément en tort. Dès lors, je ne vois pas trop ce qu'on essaie de régler ici.




* * *

En conclusion, votez ce que vous voulez - je ne suis pas vraiment parole d'Évangile, j'ai manqué la plupart des dernières discussions et chacun ses priorités. On peut aisément objecter qu'il ne s'agit que d'une nouvelle usine à gaz wikipédienne, que le Comité devrait être supprimé, que ce n'est pas parfait. Certes. Il n'empêche que j'estime ne pas être le plus mal placé pour donner mon avis, et que le travail réalisé ici par Hamelin, Chandres, Buisson38, Illuvalar, Touriste, Musicaline, Mogador et al. est énorme dans son effort de synthèse: je pense que tous les participants -et je dis bien tous- ont été sincères dans leurs efforts à proposer des solutions (ou à faire de l'obstruction si rien n'allait selon leur vision du projet - mais ça c'est la vie, il n'y a qu'en Corée du Nord que tout le monde est d'accord).

Il y a la Communauté wikipédienne qu'on veut, simple, pas compliquée et pas bureaucratique; ça s'appelle Knol. Et il y a celle qu'on a (tout l'inverse). Le CAr est critiquable, mais en attendant on n'a rien d'autre - pas pour emmerder les gens qui dans leur immense majorité n'en auront jamais besoin, mais pour gérer ces problèmes qu'on ne peut pas éviter et dont il faut pourtant faire quelque chose.

jeudi 1 avril 2010

Justice divine

La partie la plus simple de la réforme du Comité d'arbitrage (CAr), finalement, aura été la décision de sanction: on peut, suivant la gravité du litige et des faits reprochés, automatiser un peu l'inévitable issue.

Et parce que l'innovation est de moins en moins bien perçue, je précise que l'idée vient de Durova et de l'ArbCom anglophone.

En attendant, pour savoir quelle sera la prochaine décision du CAr, secouez (ou cliquez sur) la boule magique!



PS: et n'oubliez pas de voter pour la candidature admin de la semaine journée.

lundi 22 mars 2010

Usine à gaz

Je découvre avec stupéfaction / amusement / intérêt que, sur Wikipédia, les membres du Comité d'arbitrage ont pour rendre leur décision de recevabilité le choix entre l'apposition de deux modèles (+un éventuel commentaire s'ils le souhaitent):
  • {{recevable}}, qui permet de remplacer la syntaxe '''recevable''' (avec 3 apostrophes); ou
  • {{non recevable}}, qui permet de remplacer la syntaxe '''non recevable''' (2 parenthèses molles remplaçant là-aussi 3 apostrophes).

J'ignore si l'appel génère un drain supplémentaire de ressources, mais créer un modèle et l'insérer dans la procédure automatique de création de page pour économiser deux signes me paraît un effort singulier.