mardi 20 septembre 2011

La mémoire courte

Je lisais ce week-end avec intérêt le dernier billet de Pierrot, qui rejoint pour partie une longue tirade de Rémih sur le Bulletin des administrateurs et qui se plaignait que si on débloque contre vents et marées et CAr et autres admins un personnage avec qui il a par ailleurs lui-même fréquemment été de connivence, on puisse craindre de devoir en payer les conséquences.

Jusque là, rien de très nouveau, le raisonnement se tient, tout juste ai-je été surpris par la franchise de la réaction de TigH:  "Pleunicheries aussi déplacées que ridicules". 

L'introduction de Pierrot, toutefois, a cela d'intéressant qu'elle part d'un postulat de base quelque peu surprenant en ce qu'il indique que "la réforme de juin 2010, [..] a amené beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en a résolu".

Je crois que "résolu" prend un s, mais il y a suffisamment de fautes dans mon blog pour que ça soit trivial :-)

Deuxième problème: lier parti-pris assumé en faveur d'une personne et fonctionnement du CAr en tant qu'institution, ça me paraît bizarre. Je me demande par ailleurs à quel CAr idyllique et pré-réforme il est fait référence, parce que la situation dont je me souviens ne faisait pas super envie. Souvenez-vous, j'en avais parlé ici (les témoins que s'invectivent entre eux), (les témoins qui ne témoignent pas mais donnent un avis qu'on ne les a pas élus pour donner), et et (des arbitres tellement démotivés qu'ils disparaissaient corps et âmes de Wikipédia: les fameux zombis). Le but de la réforme n'était pas d'empêcher les copinages de fonctionner à plein régime (c'est impossible), mais de régler les problèmes évoqués.

Un an après, des impressions diffuses faisons table rase et regardons ce qui a changé.

Premier point, le plus important: les délais sont redevenus raisonnables. Ce n'est pas moi qui le dit, mais les chiffres bruts. J'ai passé quelques semaines à catégoriser les quelques 172 demandes déclarées recevables, j'ai soigneusement noté les délais entre dépôt, déclaration de recevabilité et décision. J'ai obtenu ça:
Durée moyenne d'un arbitrage juste avant la réforme: 133 jours (soit 5 mois). Après: entre 47 et 54 jours (soit 7 à 8 semaines). La réforme a permis de passer outre les zombis, ce que les arbitres ont fait. Plutôt que d'attendre 3 mois un avis qui n'arrivait pas en dépit des rappels, on est allés de l'avant et c'est tant mieux pour tout le monde.

Deuxième point: on ne zombifie plus les arbitres. Ca tombe bien, vu que ce sont aussi et surtout des contributeurs. On a toujours des départs (pour raisons personnelles ou exams), mais les gens préviennent désormais plutôt que tout laisser en plan. Je vois ça comme une conséquence indirecte de la réforme - en sachant à qui on peut parler, on parle mieux et plus souvent. Bonne communication égale confiance, confiance égale envie de participer. J'en parlais déjà il y a quelques mois, la mailing-list interne est utilisée et bien utilisée et contribue à la bonne ambiance interne. 

Ce qui nous amène au troisième point: les arbitrages sont plus cohérents.  En tout cas plus cohérents que les admins, seule alternative décisionnelle à l'absence de Comité d'arbitrage. Côté CAr on a huit personnes d'horizons divers, qui ne se connaissaient pas, et qui présentées avec les mêmes faits arrivent peu ou prou aux mêmes conclusions (et j'ajouterais: qui en cas de désaccord arrivent à trouver un consensus). A l'autre bout du spectre, on a deux douzaines d'admins qui voient chacun midi à leur porte et s'écharpent en fonction de leurs amitiés (ou inimitiés) respectives sur leur bulletin ou les requêtes pour savoir quelle interprétation donner à quels mots ou gestes. Sachant qu'il faut 4 à 6 heures au moins pour lire des historiques et rédiger un avis, vu le nombre d'interventions à l'heure je trouve qu'on a un splendide réservoir d'experts de la lecture rapide.

Plus sérieusement, quiconque fréquente ces pages de maintenance sait qu'il suffit d'une opposition un peu véhémente pour que la machine administrative se grippe et qu'on arrive à une non-décision qui cristallise les acrimonies... auquel cas on finit par se tourner vers le CAr. Ca a commencé en 2006 avec Gemme, ça s'est poursuivi en 2008 avec Aliesin, et ça se continue jusqu'à maintenant. Le bordel était là avant, le nier s'est se voiler la face. Vous me direz que les acrimonies sont toujours là puisqu'on prend désormais les arbitres à partie, mais je vous répondrai qu'au moins les décisions permettent de clore les débats et de passer à autre chose. Notamment parce que...

quatrième point: les décisions gagnent en clarté. On paie encore, au jour d'aujourd'hui, des décisions vagues dont on a oublié l'esprit pour se focaliser sur la lettre, avec des admins qui sont tout contents de jouer les Salomons et de chercher à savoir si tel ou tel truc rentre bien dans ce qu'ils pensent, eux, que le CAr pensait. Et comme il y a plus d'admins qui ont un avis que d'admins qui lisent les avis précédant les décisions arbitrales, c'est le bordel. Du coup, la couleur des lignes tracées par le CAr est en train d'évoluer. Du très jaune "interdit de faire des attaques personnelles" (qui ouvre le champ sur des débats sans fins sur le sexe des anges) on passe de plus en plus au très rouge "interdiction stricte de contribuer ici et là", qui fait perdre peut-être des contributions "normales" et bénignes, mais évite toute tentation de renouveler le problème. 

Au niveau administratif, les admins doivent revenir à ce qu'ils savent faire (et pour laquelle ils ont été élus), c'est-à-dire administrer plutôt que comme instance informelle d'évaluation de la pertinence des décisions du CAr. 

Cinquième point:  le CAr innove pour le projet. On attend encore des propositions alternatives à celles qui ont été faites. Silence radio  de ce côté. Or il se trouve que la finalité, même si cela semble sortir du radar des plus véhéments, c'est quand même qu'un maximum de gens apportent un maximum de choses à ce projet encyclopédique appelé Wikipédia. Contribuer n'est pas un droit de l'Homme, et intervenir à tout bout de champ dans les discussions pour régler ses comptes non plus. On a essayé diverses choses, certaines bonnes et d'autres moins bonnes, comprises et incomprises, mais n'empêche qu'on a essayé de mettre de l'huile dans les rouages. Ca change de l'opposition systématique et du pinaillage pseudojuridique, et ça colle au 5e Principe fondateur (n'hésitez pas!), justement.

Ca, c'est pour la vision du CAr dans les faits. Sauf accident, ces changements sont là pour rester car indépendants de qui sera élu ou pas. 

De fins esprits m'objecteront toutefois que, quand même, on n'a pas un bilan si rose vu l'opposition qui s'est manifestée dernièrement.

Figurez-vous que c'est justement le propos d'un prochain billet.

10 commentaires:

Meodudlye a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
schlum a dit…

* « Les délais sont devenus raisonnables » : ils sont au même niveau que ceux des CAr 4 à 9, voire un peu au-dessus ; difficile de faire des conclusions, celles-ci ne pourraient être que hâtives. Par ailleurs, il vaut mieux mettre plus de temps et avoir une approche plus intelligente des conflits AMHA.
* « On ne zombifie plus les arbitres » : même remarque.
* « Les arbitrages sont plus cohérents » : oui effectivement, les anciens ont imposé leur vision aux nouveaux et tout ce petit monde patauge main dans la main dans la médiocrité :) (décisions inadaptées, voire complètement idiotes, non-recevabilités incompréhensibles…)
* « Les décisions gagnent en clarté » : parlons-en, de là vient toute la pagaille vue ces derniers jours suite à l’application bête et méchante d’une décision d’arbitrage, et qui a abouti à l’effet complètement inverse de celui qu’on aurait espéré d’une décision d’un comité censé règler les confilts : un conflit généralisé qui a débordé un peu partout.
* « Le CAr innove » : là c’est le pompom… C’est quoi l’innovation ? Les profils psychologiques dressés sur les arbitrés ou les arbitres s’immiscant dans la liste de suivi des contributeurs ? Franchement, de telles innovations, vous pouviez vous les garder.

P. Lechien a dit…

@schlum: si on fait abstraction de la défense systématique de tes copains (dont je viens de virer un commentaire tout en subtilité) - tu penses vraiment que les décisions des 9e et 10e CAr étaient plus réfléchies (2 à 3 fois plus réfléchies!) que celles d'avant ou après?

Ton opinion sur des questions sexy comme ElComandante-Olmec ou Léon66-Cerhab (tous deux fermés faute de combattants) m'intéresse.

Meodudlye a dit…

@Popo. ben alors? Remarque, j'aurai du me douter que tu n'aimais pas trop qu'on te titille sur ton comportement. Ton égo a du en prendre un sale coup, alors je ne vais pas trop en rajouter. Mais si tu pouvais corriger l'horrible français de tes phrases, ça serait une marque de respect pour tes peu nombreux lecteurs.

schlum a dit…

Non, je ne le pense pas… Et ce n’est pas du tout ce que j’ai dit d’ailleurs ; je constate juste que les CAr 4, 5, 6, 7, 8, 9 selon ton graphique étaient aussi rapides à rendre leurs décisions que les CAr post-réforme, et que certains cas traités par les derniers CAr auraient sans doute gagné à plus de réflexion.

Je ne vois donc pas pourquoi attribuer à une réforme la résolution de ce qui semblait être majoritairement un problème de personnes, de discipline et de motivation (zombies, avis attendus des mois…).

Nouill a dit…

Pour prendre, l'argumentation de Schlum, si maintenant l'ambiance apparait pourri, c'est peut-être un problème de personne et non de structure ? ...

C'est vague, ça fais pas avancer le bouzin... Mais c'était juste pour un sophisme. :)

schlum a dit…

@Nouill Comme je le disais en privé à un des candidats actuels, je suis intimement persuadé qu’un CAr composé entièrement de nouveaux arbitres s’étant jusqu’à là tenus à l’écart des conflits, neutres et de bonne volonté pourrait fonctionner positivement.

Malheureusement :
* Il y a trop peu de candidats actuellement qui rentrent dans ces critères.
* Cela suppose qu’aucun des anciens ne soit réélu, pour éviter la malheureuse expérience d’influence et de moutonnerie du dernier comité que j’ai nettement perçu, notamment lors de mes discussions avec Sammyday sur les PdD d’un certain arbitrage lancé pour abus patents et répétés d’outils d’administration et jugé non-recevable.

Buisson a dit…

@schlum

Tout à fait d'accord, si on ne compte pas les quatre arbitres sortants je compte au moins huit candidats "politiques" (il y a d'ailleurs une stratégie intéressante pour faire élire certains candidats discrets en faisant du bruit autours d'autres candidats pour détourner l'attention). Si tu rajoutes les candidats en qui tu n'as pas confiance pour une raison ou une autre tu te retrouve à voter contre tout le monde... triste.

Anonyme a dit…

Non, résolu ne prend pas la marque du pluriel dans cette construction. Le "en" partitif est neutre.

P. Lechien a dit…

@nonyme: j'allais joyeusement accepter le pan sur le museau quand, pour la forme, j'ai demandé à Grévisse (Xe ed.).

"En réalité, l'usage est très indécis et l'accord a souvent
lieu, en étant senti, non comme un neutre, mais comme un complément
d'objet partitif dont le genre et le nombre sont ceux du nom
représenté."

Bref, tout le monde a gagné mais j'admets que ma blague a quand même pris un sale coup.