Affichage des articles dont le libellé est arbitrage. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est arbitrage. Afficher tous les articles

jeudi 28 juillet 2011

Ne s'use que si l'on s'en sert

Mon collègue Alexander Doria le mentionnait en passant dans son dernier billet: avec onze requêtes d'arbitrage déposées depuis 3 mois, le Comité d'Arbitrage de Wikipédia fonctionne plutôt bien, voire trop bien.

C'est un constat un peu surprenant quand on voit la difficulté que des personnes a priori expérimentées, telles Lgd, ont à simplement initialiser une page d'arbitrage - il y a un modèle à coller, des cases à remplir un peu partout, bref pour en avoir fait l'expérience cela justifie à mon sens totalement son commentaire de modification "Je me demande comment font les non-habitués, là".
Machine à tuer les mites en 21 étapes faciles.
Effectivement, on a eu par le passé plusieurs requêtes en arbitrage où le demandeur "non-habitué" avait manifestement galéré pour trouver ses marques entre les différentes pages et procédures. En gros, il faut vraiment en avoir envie ou besoin avant de se lancer dans cette aventure, ce qui est tant mieux vu que les arbitres, à la base, ont d'autres choses à faire: comme les admins, ce sont des contributeurs volontaires à Wikipédia, l'encyclopédie, qui tentent de résoudre des conflits longs et complexes qui impactent cette dernière. Le Comité d'arbitrage n'est pas un bureau des pleurs.

Tout cela me rappelle une intéressante discussion que j'ai eue la semaine dernière avec une amie avocate: on parlait entre autres choses de la réforme de la procédure devant les tribunaux suisses, qui vient finalement d'être unifiée au niveau fédéral (après 720 années de Confédération, ou 160 d'État fédéral, donc1). C'est apparemment assez compliqué, et en plus calqué sur ce qui ne se faisait pas en Romandie; tout le monde patauge encore un peu (ce n'est donc probablement pas le bon moment pour divorcer, commettre un crime ou attaquer son voisin en justice).

Son analyse de la situation est pourtant très positive: si c'était plus simple, en substance, on aurait encore plus de procédures lancées pour un oui ou pour un non.

Le parallèle avec notre bon CAr, auprès duquel les requêtes sont en majorité déclarées non recevables, m'a paru frappant. Combien la complexité de tous nos modèles nous en a-t-elle épargné d'autres?


1. Insérez ici une blague sur la proverbiale lenteur des Suisses.

jeudi 14 avril 2011

Dont acte

Ainsi donc, le Comité d'Arbitrage (CAr) a été plutôt sympa avec Grimlock qui, en retour, a eu besoin de quasiment 12'000 octets pour dire que les décisions du CAr il s'asseoit dessus, et que pour ce qui est de remettre son mandat d'administrateur en jeu en demandant un vote de confiance à la communauté (vu que le CAr est si manifestement dans l'erreur), il s'asseoit dessus aussi  .

Comme disait l'autre, plus on se justifie, plus on sait qu'on a des trucs à se reprocher.

Mais je suis d'humeur badine; je n'hésite donc pas à vous donner un petit historique complet:

Grimlock est cet administrateur un peu atypique dans la mesure où il a eu besoin de non pas une mais deux candidatures pour être élu. Et encore, il est passé aux repêchage, grâce au fameux pouvoir discrétionnaire de bureaucrates qu'on a vu mieux inspirés (notamment par exemple avec Bokken, élu dans la même foulée et qui à mon souvenir n'a jamais antagonisé autant de monde à la fois). J'ai vérifié, il y a eu avant lui un seul candidat sysopé avec autant de votes contres.

Mais c'est de l'histoire ancienne.
Et ça, c'est un forceps.
Grimlock est élu en avril 2007, donc, et administre somme toute pas si mal que ça puisqu'il faut quand même huit mois pour qu'un arbitrage soit lancé à son encontre sous prétexte qu'il empêchait quelqu'un de jouer avec les boîtes utilisateurs des autres. Bon, soyons honnête, à part un ou deux arbitres lui reprochant ses "remarques cassantes" on lui donne globalement raison - et on a bien, euh, raison.

Six mois, non, cinq mois, non quatre mois passent entre le rendu du 19 février 2008 et ce mois de mai où les fleurs volent au vent et, apparemment, les requêtes en arbitrage à son encontre aussi. D'abord le 4, de concert avec.. Meodudlye1, puis le 15, seul mais cette fois pour "comportement anti-wikipédien inadmissible". La vache. On y allait pas avec le dos de la cuiller, à l'époque.

Grimlock est bloqué les deux fois (+un désysopage d'un mois), mais c'est au final assez léger.

J'aimerais m'arrêter un instant sur ce désysopage, qui en fait suit la démission de l'impétrant. Les arbitres avaient été malins, car le désysopage ne prenait effet que si celui-ci venait à redemander ses outils. Il est à noter qu'entre juin (démission) et octobre (retour), le nombre de contributions de Grimlock aura été exactement de une (1). Ah ben non, en fait c'était pour confirmer sa démission, donc on dira plutôt zéro (0).

Grimlock nous revient et rapidement, c'est à dire en moins de 100 contributions, se rend compte que le balai d'admin lui manque pour pouvoir contribuer: il demande donc à récupérer ses "pouvoirs" (le terme est de lui) et un bureaucrate qu'on a connu plus inspiré les lui rend. 

Ah, le pouvoir. 

Son taux de contributions remonte un peu, et cahin-caha la vie reprend, en tout cas jusqu'à ce wheel war splendide avec un autre administrateur, concernant le (dé-)blocage de... Meodudlye. Un troisième arbitrage est lancé. On est le 28 décembre, Grimlock aura tenu exactement un an sans faire de vagues (en tout cas dont on se souvienne sans trop fouiller les historiques). On est toutefois entre gens de qualité, on s'arrange à l'amiable et Grimlock démissionne le 28 décembre 2009, pour deux mois. Il contribuera exactement dix fois en janvier suivant: quatre fois sur sa page utilisateur, six fois sur le bulletin des admins.

Wikipédia, pendant ce temps, dépasse allégrement les 900'000 articles. Ca sera, pour le coup, sans son aide.
Il était probablement sorti.
Mais Grimlock nous revient, il est en forme, et à peine les outils réattribués fin février par le même bureaucrate qui décidément n'apprend rien2, le voici qui se présente aux élections du 12e Comité d'arbitrage.

Le bureaucrate qui n'y comprend rien est élu arbitre et Grimlock, étonnamment, recueille 61,25% des suffrages... contre lui.

Il n'y a pas de justice.

Si j'étais lui et s'il devait y avoir un moment où l'épiphanie se réalise que le CAr, c'est pour les andouilles, c'est bien celui-ci. En tout cas j'aurais cette épiphanie si je n'étais pas capable de me remettre en question. Sinon je commencerais à me dire qu'il y a un soucis quand à ma légitimité. Les élections d'admins, après tout, sont une question de confiance, et visiblement plusieurs personnes semblaient d'avis que la réponse n'était plus la même que quatre années auparavant. 

Avance rapide jusqu'en février 2011 où, après moult péripéties et interventions sur le bulletin des admins pour objecter à dix des vingt admins qui se prononcent pour le blocage de Meodudlye2, parfois en des termes peu amènes et en leur demandant au passage de s'autobloquer pour avoir osé se conduire comme les punks qu'ils sont.

Résultat, un contributeur pas admin et un peu sorti de nulle part lance -un peu n'importe comment- un méga arbitrage contre lui.
Ressemble à Zorro, se bat dans l'arène wikipédienne comme le sergent Garcia.
Requête qui tombe bien évidemment en eau de boudin. Arrive enfin Hamelin qui en lance une nouvelle le mois dernier. Le reste, comme on dit, c'est l'histoire qui vient de s'écrire: les arbitres disent que oui, Grimlock s'est mal conduit, qu'il devrait se tenir loin de tous ces endroits où la tentation de troller est forte (par opposition à tous ces endroits où la tentation de contribuer à des articles l'est un peu moins) et, si jamais il n'y avait pas pensé, il pourrait demander confirmation de son statut, à ses conditions, auprès de la communauté.

J'apprécie énormément mes collègues, mais là je vais être franc et avouer que je les ai trouvés un peu naïfs.

Grimlock leur dit de se mettre leur arbitrage là où le soleil ne brille pas, et d'emmener avec eux le bubu sournois et incompétent -et sournois- qui l'avait resysopé (et qui pour le coup était de toute façon récusé, parce que sournois).

Car l'important, voyez-vous, ce n'est pas les doutes que les autres peuvent avoir. Ce n'est pas de s'être pris trois ou quatre requêtes d'arbitrage sur trois ans et pour quasiment le même motif. Ce n'est pas non plus que les gens qu'on critique et dont on dénonce la légitimité soient régulièrement -et largement- réélus. L'important enfin ce n'est pas, dans un dernier baroud d'honneur, de vouloir prouver qu'on a raison contre les Méchants en prenant la communauté à témoin, quitte à retourner contribuer comme tout un chacun en cas d'échec.


L'important c'est de garder son pouvoir, bande d'andouilles.


1. Ce sont les vieilles blessures de guerre qui créent les plus longues amitiés. Dans ce registre ne lisez d'ailleurs pas Sourire de loup, de Zadie Smith, encensé par la critique et qui est, très objectivement, mauvais.
2. Et réattribue les outils sans qu'il y ait besoin d'en faire la demande! Quel con!
3. Je vous l'avais dit: frères d'armes un jour, frère d'armes toujours. Le (mauvais) bouquin se termine d'ailleurs par un des personnages prenant une balle pour son copain de régiment.

dimanche 19 décembre 2010

Что делать?

Comme me le disait récemment un collègue arbitre, ce n'est vraiment pas un rôle facile sur Wikipédia: "les gens viennent exprimer le peu de bien qu'ils pensent de ce qu'on fait quand on discute, ils renchérissent quand on donne la décision en disant qu'on a fait n'importe quoi, et les admins ne seront jamais foutus de se mettre d'accord pour appliquer les décisions".

C'est un assez bon résumé. Heureusement qu'on est bien payés, ça compense.

Mais ce n'est pas aujourd'hui que je vais essayer de faire pleurer dans les chaumières. Parlons plutôt de ce à quoi doit correspondre une décision et comment, tout seul dans mon coin d'arbitre, j'essaie d'y arriver: il s'agit en fait ici surtout d'une réflexion inaboutie -probablement parce qu'il n'y a pas de formule magique à découvrir à la clef- mais qui recoupe plusieurs remarques que je me suis faites depuis pas mal de temps:
Alternative séduisante au blocage et disponible en 4 coloris,
mais peu pratique pour une communauté virtuelle.
  • Le blocage sert essentiellement à la protection immédiate de l'encyclopédie;
  • Avec les utilisateurs enregistrés "normaux", le blocage punitif sert surtout à marquer le coup;
  • On ne peut pas défaire le passé, notamment si deux contributeurs ont décidé qu'ils se méprisaient cordialement;
  • Notre vie serait pourtant bien-plus simple si on n'avait pas à rediscuter des mêmes trucs à propos des mêmes personnes tous les trois mois;
  • J'ai enfin une confiance toute relative dans la capacité des admins à appliquer les décisions du Comité d'arbitrage sur le long terme, par opposition à un blocage immédiat inclus dans la décision: j'ai de manière croissante l'impression que chaque requête qui commence par "Demande d'application d'une vieille décision d'arbitrage"1 est vouée à se transformer en loooongues discussions, quelle que soit la limpidité de la situation.
D'où l'idée qu'il faut effectivement trouver des solutions pour, justement, éviter que les mêmes personnes -a priori pourtant des contributeurs au potentiel encyclopédique- se retrouvent devant les admins ou arbitres à intervalles réguliers, car sauf exceptions notables on sait très bien où cela mène: claquement de porte et/ou ban, frustrations, mise en place de camps, et perte sèche pour le projet. Autant bannir d'emblée à la première incartade, on s'économisera du temps et des octets. Qu'on pourrait utiliser du coup sur des articles (par exemple).

Sauf que le bannissement systématique et immédiat n'est pas vraiment dans les moeurs. Pas encore. Toute la difficulté d'un arbitrage tient donc à éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets, avec pour seuls outils des recommandations de bon sens et le bouton de blocage. Si en plus il faut peser chaque mot pour ne pas froisser les uns et les autres et se faire traiter de vendu partial (idéalement par les deux bords), vous conviendrez que ce n'est pas gagné.

Toutes suggestions simples et d'application universelle sont les bienvenues2.



1. Avec "vieille" > 1 semaine.
2. Et n'oubliez pas de vous présenter aux élections, juste pour confirmer.

vendredi 8 octobre 2010

Il n'y a pas d'évidences

La meilleure leçon que j'aie jamais reçue de toute ma formation scientifique se résume à une phrase: "Ce n'est pas parce que c'est écrit dans Cell que c'est vrai." Moi qui me voyait déjà porté par une foule en délire pour avoir fait chuter un prix Nobel, je découvrais que quand on fait de la recherche, se Planter est Noble (et Ne Pas Faire d'Erreur est Suspicieux). Cette vérité assenée, mon Chef de l'époque est retourné draguer la stagiaire du labo. J'avais vingt-cinq ans1.

La morale de cette histoire, bien sûr, c'est que les hommes de 40 ans sont des satyres que j'étais un peu con que les évidences ne le sont qu'après avoir été expliquées.

Je repensais à cette anecdote (et à mon chef) suite à deux évènements totalement distincts et, pourtant, tous deux liés à des requêtes en arbitrage récentes.

Premier évènement: l'un de mes collègues arbitres qui me signale qu'il ignorait que parmi les options de blocage se trouvait celle permettant d'empêcher l'envoi d'emails. C'est normal, il n'est pas admin, alors que pour bibi, qui l'a été, c'était la solution évidente (même si minimale et imparfaite) au dernier rebondissement de l'affaire Rogel. Du coup sachez-le, lecteurs non-admins, que sur la page de blocage se trouvent toute une série de cases à cocher pour faciliter la vie des censeurs, à savoir si je me souviens bien (i) bloquer aussi la dernière IP utilisée par ce compte; (ii) envoi de courriel interdit; et (iii) ne peut modifier sa propre page de discussion. S'y ajoutent deux menus déroulants comportant une liste de motifs courants et de durées standards (2h, 1 jour, 3 jours, etc.)2.

C'est pour cela qu'on retrouve un peu toujours les même choses dans le journal des blocages sur Wikipédia (et pas parce que tous les admins sont les multiples faux-nez d'un unique censeur sans imagination). C'est évident quand on le sait.

Deuxième point (et deuxième arbitrage): Lucianusbeneditus c/ Meodudlye. En gros, le crime de LB est d'avoir insisté sur la mention d'un article paru dans une revue à Comité de lecture, celui de Meo d'avoir enlevé ça sans avoir expliqué proprement qu'une publication toute seule, en Sciences, c'est totalement anecdotique.

Sauf que ce dernier point, là aussi, n'est une évidence que pour ceux qui ont une formation scientifique. Je le sais parce que j'ai déjà été confronté à des profs imbus de leur doctorat qui m'ont asséné que la recherche médicale était un énorme gaspillage, qu'avec avec tant d'équipes travaillant sur le même sujet il n'y avait qu'à se répartir le travail et on avancerait tout aussi vite en laissant des sous pour les autres départements3.

Tsss.

Bref, du coup je comprends bien la réaction de tout le monde - même David Berardan, qui joue la bonne âme didactique, donne une explication un peu agacée. Mais il explique.

La morale de l'histoire, donc, c'est que rien n'est évident. Et que ça coûte trois ligne d'expliquer quelque chose, mais quatre pages de se justifier de ne pas l'avoir fait.
Basé sur une idée de David Ng.


1. Et je sortais avec la technicienne. \o/
2. Il y a aussi le Gros Bouton marqué "X", mais j'ai pas osé toucher. Naan, je dis ça juste pour garder un peu de mystère.
3. Véridique. Et je confirme que ce n'est pas comme cela que ça marche.

vendredi 27 août 2010

Pas sous mon mandat

J'ai bien essayé de m'en détacher, et la page n'est d'ailleurs plus dans ma liste de suivi -contrairement à une cinquantaine de personnes qui, à n'en pas douter n'ont que le bien des cinq arbitres et des deux arbitrés en tête -, mais plusieurs petites choses se sont dites ou passées ces derniers temps qui me chagrinent à tout le moins. Leur point commun, bien évidemment, est lié aux témoignages -qu'on ferait selon moi bien mieux de renommer "Prises de position"- déposés dans le cadre de l'arbitrage Moyg - Gustave Graetzlin.

On nous1 reproche notamment d'avoir été partiaux dans notre gestion des témoignages, ne nous attaquant qu'aux soutiens de Gustave Graetzlin.

attaque n.f. Action d'attaquer quelqu'un, quelque chose ; agression.
Pour info, voici l'attaque menée par Turb et moi-même vis-à-vis de cinq intervenants:

Désordre.
"Bonjour [machin], pourrais-tu modifier ton témoignage, de manière à ce qu'il apporte des informations inédites plutôt qu'un point de vue général ?"
Vous serez bien d'accord que la censure partisane guette et que l'arbitre Turb est lui aussi un danger public. A décharge, il y aura eu effectivement quatre actes de censure, au final: une intervention de type troll bistrotier, une attaque personnelle contre GG (censure partielle), une harangue contre le Comité d'arbitrage et ses andouilles d'arbitres, et une remarque polie certes, mais complètement à côté de la plaque. ILJR, en faisant le ménage, y aura probablement gagné ses galons de sale type™.

A côté de la plaque selon moi, me direz vous: à chacun son opinion, et libre au wikipédien de base de s'exprimer, tout agacé qu'il est que "toutes ces procédures so(ie)nt noyautées par une petite clique de copains". Question d'interprétation, réponds-je: la clique de copains, il me semble, ressemble plus à ces gens qui n'ont rien à dire mais viennent l'étaler pour créer un effet de nombre en soutien (ou en opposition d'ailleurs) à quelqu'un. Sans oublier bien sûr les messages de réconfort à l'un ou l'autre en page de discussion. En ce qui concerne mes copains à moi, sachez-le, aucune des personnes avec qui je suis récemment allé boire un verre ne s'est pour sa part exprimée sur cette page.

Mais le plus important ici, c'est qu'objectivement, les témoignages on s'en moque: ceux à charge ne font qu'ajouter du stress à Gustave, qui se défend tant bien que mal et doit effectivement se sentir harcelé par le nombre (alors que Moyg a déjà clairement exposé ce qu'il considère être le fond du problème); ceux à décharge, à part protester de la bonne moralité de l'intimé et traiter implicitement ou explicitement les arbitres d'automates punisseurs incapables de discernement, ne font rien pour contester la véracité des diffs apportés. Passez-moi l'expression, mais bof. Je ne suis pas impressionné2.

Ce n'est pas, chez moi, ce qu'on appelle un apport constructif - ni pour les arbitrés, ni pour les arbitres. Et le pire, c'est qu'on sait tout cela depuis des années. C'est le problème du renouvellement des cliques générations wikipédiennes: il faut régulièrement tout réexpliquer.

Et donc oui, récusé ou pas, j'estime que cela fait partie du mandat d'arbitre que de limiter non pas tant pas les témoignages que les témoignages d'une mentalité de gang.


1. Nous les arbitres, pas Nous, Popo le Chien. Je n'utilise le nous de majesté qu'en tant que bureaucrate.
2. Cela dit, les candidatures pour le renouvellement du CAr sont déjà ouvertes. Je vous y attends avec gourmandise. Et je voterai pour vous.

mardi 24 août 2010

Sois belle et tais-toi

Je découvre, à la dure, que ce qu'on attend d'un arbitre, essentiellement, c'est qu'il se garde bien d'essayer d'arbitrer. C'est en tout cas la leçon que je retire de la deuxième récusation dont je suis l'objet, cette fois de la part de Gustave Graetzlin dans l'arbitrage qui l'oppose à Moyg. A ce rythme, et comme on me l'a très justement fait remarquer, je suis bien parti pour être le premier arbitre qui aura passé tout une session du Comité d'arbitrage... sans avoir déposé d'avis (auquel cas on revient au postulat premier).

Tout cela est révélateur de bien des choses - à commencer par le fait que je devrais apprendre à me tenir tranquille, mais on ne se refait pas -, et l'on voudra certainement commenter l'inclusion par 48 personnes de cet arbitrage dans leur liste de suivi.

Mais dans le cas d'espèce, j'ai surtout l'impression que Gustave a commis à la fois une erreur tactique, et une erreur stratégique.

J'essplique.

Le contexte d'abord. Moyg dépose une demande d'arbitrage contre Gustave Graetzlin, arguant du fait que celui-ci est inutilement agressif avec ceux avec qui il est en désaccord préférant "aller les critiquer sur le bistro" - en clair anti-collaboratif, crime quasi-suprême sur Wikipédia pour un utilisateur enregistré1. Ca, c'était il y a dix jours, l'arbitrage etant déclaré recevable le 16 août.

Hier (le 24), Gustave demande s'il lui est possible de battre le rappel des gens "à qui [il] a rendu service, et qui ont apprécié [son] esprit collaboratif". Je précise qu'à l'heure où il dépose sa demande, une douzaine de personnes se sont déjà exprimées, une majorité pour protester de la bonne tenue de l'intimé. J'ignore aussi à ce moment (ce n'est pas dans le mot de GG), que Moyg avait signalé la recevabilité de l'arbitrage par le biais de son compte Twitter2.

Ignorant de tout cela3, je réponds donc que battre le rappel de ses copains n'est pas utile, que les arbitres ont bien compris et que, de toute façon, un arbitrage n'est ni un procès, ni un concours de beauté où l'on recensera ses amis (ce que la plupart des gens semblent avoir du mal à comprendre).

Gustave Graetzlin signale qu'il demande ma récusation un peu plus tard dans la nuit.

L'erreur tactique, premièrement, aura été de demander à pouvoir spammer ses copains pour multiplier les témoignages. C'est insultant pour les arbitres (vous ne connaissez pas WP, vous ne me connaissez pas, mais attendez de voir combien j'ai de gens derrière moi, je ne peux être que quelqu'un de bien) et, plus prosaïquement, c'est probablement inutile de faire répéter 30 fois la même litanie de compliments quand il n'y a pas si longtemps les arbitres étaient ceux qui demandaient que les argumentations se limitent à 500 mots. En clair, lire des trucs inutiles et répétitifs gonfle tout le monde - quel intérêt dès lors à vouloir en rajouter?

L'erreur stratégique, après cela, aura été dans l'usage de la récusation. Sitôt la recevabilité déclarée, Moyg annonçait ne pas vouloir demander de récusation. A tort ou à raison, il joue la confiance. Gustave s'est pour sa part bien gardé de le faire, à tel point que je me suis même demandé s'il était au courant de ce "droit".

Mais quel est le message que l'on transmet aux arbitres restant, quand on est accusé de ne pas tolérer la contradiction et qu'on se garde un joker dans la manche pour éjecter le premier arbitre qui ne va pas immédiatement dans votre sens?

Ce message, vous l'aurez deviné c'est que ce qu'on lui reproche est probablement vrai.


1. Le crime suprême des IP anonymes étant bien sûr le vandalisme.
2. Je donne un franc à qui m'explique et me convainc de l'utilité de ce service.
3. En fait même si je l'avais su ma réponse aurait été la même.

mardi 25 mai 2010

Compter les points

Ouah, c'est toujours quand on la tête ailleurs qu'il se passe des trucs intéressants. Voilà qu'Addacat m'ajoute officiellement à sa liste d'ennemis mortels.
L'échange en question est plus révélateur qu'il n'est divertissant, malheureusement. J'éprouve toujours une certaine admiration pour ces gens qui peuvent ressortir en quelques minutes des extraits d'historiques vieux de plusieurs mois ou semaines.
Et plus encore si l'on s'appelle Addacat et que, justement, on n'a pas le temps de le faire.
Merci en tout cas à Turb d'avoir mis un stop à tout ça (jusqu'à la prochaine reprise des hostilités, bien sûr).

lundi 1 mars 2010

Fantasmes

Je m'étais promis de garder un silence radio de bon aloi vis-à-vis de la proposition de réforme du Comité d'arbitrage wikipédien qui est en gestation, mais force est de constater que j'ai besoin de ventiler quelques frustrations naissantes1.

Première remarque, positive celle-ci: jusqu'à présent ça marche plutôt bien. Plein de gens apportent de bonnes idées, les propositions s'améliorent rapidement, et personne ne semble choqué outre mesure par le rythme et le format imposés2. La majorité des participants, même de passage, joue le jeu de la proposition constructive plutôt que celui de la critique facile.

Deuxième remarque, et c'est un peu une surprise de mon coté, ce que je pensais devoir être essentiellement un exercice de mise à jour du réglement (en transposant les pratiques établies ou essayant de réparer les échecs et coincements constatés) est, visiblement ou pour certains en tout cas, devenu un déversoir de fantasmes sur ce que le Comité est, n'est pas, devrait être ou ne devrait surtout pas être.

C'est ce qu'on appelle le côté obscur de la Comitologie. Je me méfiais à l'origine du groupthink, mais c'est un écueil que nous avons évité jusqu'à présent parce que le groupe est assez protéiforme, tout le monde ne pouvant être sur le pont 24/7. Non, le problème vient vraiment des franc-tireurs qui viennent, pondent deux lignes ou un pavé hautement philosophiques (et parfois intéressant)... mais ne proposent rien. Faites ce que je ne vous explique pas, mais ne m'expliquez pas ce que vous faites.

C'est ainsi qu'on voit de grands mots tels qu'obligation, auto-saisine, crainte d'avoir des représentants autoproclamés, hommes de paille et manipulations possibles. Je vais être un peu brutal mais, honnêtement, ceux qui freinent des quatre fers sur ces prétextes n'ont visiblement aucune idée de ce qu'est un arbitrage sur Wikipédia, à savoir essentiellement un processus amateur géré par des volontaires qui ne se connaissent pas entre eux.

C'est paradoxal, parce que je dirais que jusqu'à présent 90% des intervenants ont été impliqués de près ou de pas très loin dans un arbitrage (et le reste s'en est, j'espère, au moins tenu informé; sinon pourquoi s'impliquer dans telle réforme?). En dépit de toutes les démonstrations quotidiennes de ce qu'on a, de ce qu'on peut avoir, et de ce qu'on n'aura jamais, il se trouve encore des gens pour penser qu'il suffit de dire "blanc" pour que les choses le soient.

J'engage ceux-ci, encore une fois, à lire le sous-titre de ce blog ("réflexions aléatoires etc."), qui ne s'est pas démenti depuis sa création (et même avant).

Si vous voulez de vrais juges, rapides et au fait de toutes les subtilités constitutionnalistes de la vraie vie, il faudra donner plus que 15 euros à la collecte de Noël. Accessoirement, il faudra aussi baser ceux-ci dans le monde réel plutôt que sur un projet encyclopédique qui n'a jamais eu la prétention d'offrir quelque droit que ce soit, mais simplement des possibilités.

J'ai déjà indiqué à quelqu'un que les gens qui s'écoutent penser m'amusent peu. Je confirme.


1. Je viens aussi de me taper 6km de course avec Slipknot et Crystal Method à fond dans les écouteurs. Du coup, j'hyperventile.
2. D'un autre côté, vu que 4 mois de discussions se sont terminées par un abandon quasi-général, la compétition n'était pas trop dure ^_^

mardi 15 septembre 2009

« Moi, ces jours là, j'reste dans ma turne »

Puisqu'on est en plein dans le renouvellement du Comyté d'Arbytrage (dédicace à Chandres et ses « y » surnuméraires), mon petit point de vue à ce sujet.

Il y a quelques temps (plus d'un an, peut-être même plus que deux), ma culpabilité m'a aiguillonné le ciboulot. Il est vrai que je « prenais » plus que je « donnais » au projet et je me demandais comment corriger cela (faut pas s'étonner cela m'arrive parfois). Il m'est venu à l'esprit de me présenter comme arbitre. Pas longtemps je dois dire1 quand j'ai regardé en vitesse quelques arbitrages passés. Franchement je n'avais (ai) pas l'envie (et encore moins le courage) de disséquer des tas de diffs, de voir en quoi des règles sont respectées dans l'esprit ou dans la lettre. De deux choses l'une : ou bien je m'en occupais sérieusement et cela allait me prendre trop de temps (en plus de me faire culpabiliser pour chaque « mauvais » avis rendu) ou alors je traitais cela par dessus la jambe et ce ne serait pas sérieux.

Soyons honnêtes, je sais aussi que je suis indécis et que j'ai peur de prendre la mauvaise décision. Cela remonte à « loin », faut pas croire. Quand je regardais (au millénaire précédent) The Practice2 , j'étais toujours d'accord avec le dernier qui avait parlé. Enfin pas forcément d'accord mais le doute m'étreignait du genre : « il n'a pas tout à fait tort ». Or pour un arbitre, cela fait tâche tout de même. Donc autant (s')économiser des maux de tête, d'âme et un apport contestable à Wikipédia.

Par rapport à ce qu'est devenu le Comité d'Arbitrage, je suis mitigé. Dans un monde un peu meilleur3, un arbitre sifflerait un « arrêt de jeu » (oui métaphore sportive qui va bien), remise au calme et on continue la partie. Si les arbitres et leurs décisions étaient respectés, cela irait relativement vite, on pourrait reprendre le jeu. Éventuellement, il y aurait une commission pour juger les cas litigieux. Je ne sais pas si c'est vraiment jouable mais cela me paraît moins dur à gérer que la situation actuelle où les arbitrages durent longtemps (malgré les quelques volontés d'amélioration de ce côté là) avec moult edits, témoignages etc.

Du coup, je soutiens le système du bout des lèvres (que je n'ai pas très fines, mon soutien est donc plus fort qu'il n'y paraît). Disons que fr.wikipedia est mieux avec que sans. Mais tout de même, cela semble peu efficace. Alors, je suis bien content que certains aient la vocation et postulent, car ce sera sans moi. Même pour les votes d'ailleurs. Je ne crois pas avoir voté dans un renouvellement du CAr (je dis cela de mémoire, je n'ai pas vérifié). Je me rappelle une fois, j'étais sans grande conviction. La fois d'après, je me suis dit que les « pas bons »4 seront éliminés par les votants. Et pour les « bons », je ne peux pas vraiment leur souhaiter d'être élus (je sais, ils sont volontaires mais même) alors pas de vote de ma part. Donc je ne vote pas et depuis je m'y tiens un peu en me disant que j'ai bien raison, un peu en me disant que ce n'est pas vraiment une attitude responsable. C'est mieux que méchant et perspicace, faut dire.

Une autre dédicace pour mon hôte cette fois-ci (ça bat Domenech sur les routes des Alpes, non ?)

1: autant de temps qu'il faut à Salebot pour reverter un edit avec un score d'erreur de -187. C'est dire si ce fut fugace.
2:je n'ai jamais vu la fin d'ailleurs. Il faut dire que la qualité avait pas mal baissé avec les saisons (et que ce n'était plus diffusé en France) .
3:dans un monde parfait, il n'y aurait pas de comité d'arbitrage ni de conflit et on peignerait des poneys sauvages en appliquant du Loreliane sur leurs crinières d'une blancheur écarlate (sic)
4:un autre truc qui m'étonne : que dans les votes, une fois la barre des 2/3 et des 10 {{pour}} passés, on ne compte que le nombre de {{pour}} afin de départager les candidats... Du coup le {{neutre}} est super utile...

lundi 15 juin 2009

Les admins sont des wikipédiens (presque) comme les autres

Vous aurez sans doute remarqué, à droite de cette page, une section "Sondage" dans laquelle je me permets de poser des questions aléatoires et n'ayant d'autre finalité que de satisfaire une curiosité de passage sur Wikipédia et la façon dont elle se voit (à travers les gens qui me lisent). Je dois en être à une trentaine de questions différentes (avec des taux de réponse tout aussi variés, à lectorat constant) et j'essaierai un jour d'en présenter un petit récapitulatif pour Pierrot. En attendant, si quelque interrogation vous turlupine n'hésitez pas à m'en faire part: j'ai une imagination fertile mais limitée, et me ferait un plaisir de relayer vos questionnements. Fin de la parenthèse introductive.

Il y a quelques temps de cela, je ne sais plus ni trop quand ni pourquoi, j'avais demandé si vous pensiez que les administrateurs constituaient une frange plus conservatrice de Wikipédia - façon polie peut-être de parler de cabale, je n'en sais à vrai dire trop rien, c'était juste une question comme ça qui m'était passée par la tête.

Sur la petite vingtaine de réponses, une grosse majorité (58%) répondit que non, les admins n'étaient pas vraiment plus conservateurs, tandis les autres se répartissant entre oui (23%) et "sur certains sujets seulement" (17%). Il eut été intéressant de savoir qui avait répondu quoi, mais n'ayant pas encore atteint le niveau de sophistication nécessaire je me suis contenté de passer à la question suivante ("le CAr est-il un succès ou échec?") et puis basta.

J'ai récemment décidé de revenir sur le sujet, histoire de voir si l'on pouvait considérer les élections pimentant régulièrement la vie wikipédienne comme faisant partie de ces sujets certains. Et quoi de mieux, pour se lancer dans un nouvel exercice de statistiques fantaisistes, que de se pencher sur la dernière élection au Comité d'Arbitrage? Rien, justement, et c'est pour cela que j'ai sorti papier, stylo, et tableur Excel pour vous parler de ce qui va suivre1.

Je me suis donc penché sur l'élection aux 9 et 10e Comités de mars dernier, scrutin qui aura opposé 14 candidats ma foi très différents, contributeurs chevronnés et nouvelles têtes: quoi de plus naturel comme mesure de conservatisme que de comparer les votes entre ces deux catégories selon que les votants soient admins ou, je n'aime pas ce terme mais il est bien pratique dans le cas précis, peons?

Pour plus de sécurité, j'ai pris sur moi d'éliminer de la liste deux des candidats: Iluvalar et Alvaro, considérant qu'on risquait souvent d'avoir répondu à l'appréciation de leurs personnalités respectives qu'à celle de leur compétence putative pour la fonction d'arbitres. Cela fait, restent alors dans notre échantillon:
A l'issue d'une petite tambouille perso permettant de lisser tout cela, j'ai alors assigné aux valeurs "nouveaux" et "anciens" un point pour chaque vote pour, et retranché un point à chaque vote contre un membre de la catégorie (et zéro pour les votes neutres). En clair, quelqu'un votant contre tous les nouveaux obtiendrait -7, contre tous les anciens aussi, et une personne votant neutre ou pas du tout aurait un beau zéro. Puis j'ai reporté tout ça sur un graphique. En fait deux, parce qu'avec 120 et quelques votants (54 admins, 70 non-admins; mes excuses par avance pour les éventuelles erreurs de positionnement), ça prend de la place:

Votes des peons à gauche, votes des admins à droite. Abscisse: votes pour des anciens; Ordonnée: vote pour des primocandidats.
Cliquez pour agrandir.

Comme indiqué, l'axe gauche-droite indique la propension à voter pour ou contre un candidat connu, et le haut-bas montre l'attitude vis-à-vis des nouveaux candidats. Ce qui me conforte dans mon interprétation, c'est de voir par exemple DarkoNeko tout en haut et que certains de ses commentaires de votes laissent peu de doutes sur son a priori plutôt positif sur l'injection de "sang neuf".

Cela étant dit, les deux graphes sont légèrement différents, à tout le moins en apparence; les votes des admins semblent légèrement moins dispersés: la moyenne se situe à (2.5;0.6), ce qui veut dire en gros qu'ils ont plus facilement apporté leur soutien à des têtes connues que moins (ou pas) connues. Les peons, pour leur part, sont en moyenne à (1.5;1.2): le niveau de soutien accordé aux deux groupes est donc grosso modo comparable.

Si l'on regarde maintenant la médiane (qui divise chaque population en 2 parties égales), celle-ci se trouve aux coordonnées (3;1) pour les administrateurs, et (2;1) pour les autres: les admins, vu sous cet angle, accordent donc à tout le moins plus souvent leur confiance que ne le font l'ensemble des non-admins.

A ce stade, j'ignore encore s'il faut en conclure que cela rend les peons plus conservateurs, mais c'est une nuance que j'ai trouvée intéressante à rapporter. Une autre nuance intéressante se présente lorsque l'on regarde qui "vote avec ses pieds" - c'est-à-dire combien y en a-t-il qui ne se prononcent pas du tout (même pas neutre)2. On voit dans ce cas que si près de 85% des admins se sont prononcés sur tous les candidats, ce score tombe à 70% pour les non-admins - les mauvaises langues pourront dire que les administrateurs ont un avis sur tout, je dirais plutôt pour ma part que l'expérience permet de juger plus facilement d'un candidat ou d'avoir une opinion plus arrêtée sur les "programmes" proposés.

L'un dans l'autre, on voit que la réduction à un système et des stéréotypes de castes n'a pas grand sens: la population wikipédienne est hétérogène, et les choix relèvent plus d'expériences et de valeurs individuelles. Tant pis pour les idées reçues.


1. Mais n'oubliez pas: il y a les mensonges, les gros mensonges, et les statistiques (B.Disraeli).
2. Cette attitude est souvent traduite en Suisse comme un aveu d'incompétence (au sens littéral et sans connotation péjorative) sur le sujet d'une votation, d'où le recours à l'abstention plutôt qu'un vote malavisé.

samedi 30 mai 2009

No pasaron

La nouvelle a vaguement fait le tour des news hier: le Comité d'arbitrage de la Wikipédia anglophone a donc décidé, dans une décision-fleuve et à l'issue de 170 jours de discussions, de bloquer toutes les adresses IP affiliées à l'Église de Scientologie. Un cas intéressant, qui aura probablement des répercussions sur la manière dont le POV-pushing et l'entrisme seront traités à l'avenir au moins sur certains projets: Wikipédia perd ici officiellement un peu de sa candeur 2.0 et, face à une attaque réelle du monde réel, réagit de manière... réaliste.

Les faits:
  • Le présent conflit s'est étendu sur deux ans et près de 430 articles liés (+pages de maintenance);
  • Il s'agit de la quatrième décision visant la Scientologie (après 2005, 2006 et 2007);
  • Parmi la vingtaine (!) de protagonistes (et douzaine de faux-nez) impliqués dans les divers conflits, on trouve partisans et opposants à la secte;
  • Les articles les plus touchés auront été les biographies, chaque partie visant apparemment à décrédibiliser l'"adversaire" (une tactique bien connue de la part de la Sciento appelée fair game);
  • Le problème essentiel aura par ricochet concerné la dégradation substantielle de l'ambiance: impossible pour qui que ce soit d'éditer sans être pris à partie, le soupçon étant devenu généralisé.
La décision:
L'ArbCom a eu la main lourde, et on peut le comprendre: s'il y a une conclusion qu'il semble avoir tiré de tout cela, c'est que croire à la bonne foi a ses limites et qu'on n'a plus à discuter avec un agenda. Des articles sur la Scientologie, oui. Des articles pour ou contre celle-ci, non.

Outre le blocage systématique de toutes les IP utilisées par les Scientologistes, le désysopage d'un administateur (qui avait déjà démissionné de toute façon), et les multiples bannissements ou restrictions d'édition, une décision que je trouve marquante concerne le pouvoir discrétionnaire donné aux admins: désormais, tous ceux n'ayant pas été impliqués dans le conflit (soit l'immense majorité) peuvent tirer à vue et bloquer/interdire de modifications sur le sujet après un seul avertissement et sans autre forme de discussion toute personne suspectée d'attenter à la neutralité des articles. Finis les bons sentiments, fini le doute et les demandes multiples de check-user: la mauvaise foi et le biais seront rectifiés à coups de balais sur la tête.

En résumé:
L'Arbcom a marqué son territoire et l'importance que sa légitimité lui confère en indiquant aux admins que faire la police dans leur coin n'est pas suffisant en face d'une stratégie coordonnée: ceux-ci seront (ou ont été) poussés à la faute, générant des conflits internes et n'aidant au final pas tant que ça au maintien du niveau. Individuellement, ceux-ci n'auront jamais l'autorité ou la crédibilité suffisantes pour imposer le calme sur un grand nombre d'articles liés au même sujet (on vient toujours à prendre parti, comme ce cas le montre). Le Comité fournit donc ici les éléments d'une réponse globale et coordonnée au niveau wikipédien: action locale et rapide = admins, problème global sur la durée = Arbcom.

Une chose intéressante à noter est que les conflits sur de nombreux articles liés à la Scientologie auront globalement augmenté le niveau de ces derniers, tout simplement parce que chaque partie aura du apporter des sources crédibles pour soutenir ses assertions. Adieu les communiqués d'associations, bonjour les vrais livres et articles de presse. La solution à un désaccord passe par des sources sérieuses. Dès lors, le domaine essentiellement resté en plan (et en conflit) aura été celui des biographies de personnes vivantes, notoirement difficiles à sourcer.

Dernier point: le bannissement pur et simple ne semble pas une pratique essentielle chez les anglophones et c'est en fait assez malin - quelqu'un poussant son point de vue tout en arguant de sa bonne foi collaborative et wikipédienne n'aura, face à une interdiction de contribuer sur un sujet, que deux choix: continuer à contribuer de manière collaborative et wikipédienne... ou partir de lui-même (ou lever le masque, essayer de passer ses idées en douce, se faire attraper et être éjecté).

dimanche 17 mai 2009

A l'insu de mon plein gré

Si on m'avait annoncé vendredi matin qu'avant la fin de la journée je me serais lancé dans un arbitrage contre un gars que je connais à peine, j'aurais bien ri. D'un autre côté, s'il y a quelqu'un qui pense qu'on voit vraiment des trucs et des gens bizarres sur Wikipédia, c'est bien votre serviteur.

J'ai pendant toute une période été convaincu qu'un jour on viendrait surtout m'en coller un sur le dos, d'arbitrage. Le plus proche a probablement été lorsque TigH est sorti du bois juste après mon élection en tant que bureaucrate, ne serait-ce que parce qu'il me semble lui avoir suggéré de le faire. Mais l'impression était déjà là avant, et encore pendant quelques temps après. Les admins (et donc moi) continueront à faire des erreurs, alors que le projet devient pour sa part chaque jour plus structuré... et plus procédurier. Ce n'est pas une critique mais un constat: le monde réel est voué à nous rattraper, ce qui en soi n'est pas forcément une mauvaise chose. Il faut juste savoir négocier l'accrochage des wagons.

Bref.

Popo le Chien contre Doremifasol (un intitulé comme on en trouve peu) est lancé, et ça n'est pas plus mal. Le fâcheux n'a visiblement depuis son arrivée montré aucun intérêt pour la chose wikipédienne, autre que la possibilité qu'elle lui offre de redresser des torts et promouvoir son association. Mais pourquoi moi? Objectivement, je l'ignore: probablement l'envie de faire bouger les choses, en voyant que la demande de bannissement lancée par Ludo sur le bulletin des admins n'allait probablement mener à rien (2 pour, 2 contre et 2 intermédiaires au moment où je me suis décidé). En la lisant, je me suis dit qu'on était partis pour ne rien décider1. La décision de me jeter à l'eau doit toutefois aussi beaucoup au timing: vendredi après-midi je revenais tout juste de déplacement et n'avais donc pas grand chose d'autre à faire que compiler des notes de frais (pas la chose la plus excitante qui soit, et pourtant y'en avait pour cher). Popo, qui n'est qu'un homme, lance donc des arbitrages autant pour aider les copains et faire respecter le bon droit que parce qu'il s'ennuie au boulot. Et aussi parce qu'il est curieux.

Oui, car c'est bien beau d'ergoter épisodiquement sur le besoin de réformer le Comité d'Arbitrage, mais je me sentais quand même un peu dans le rôle du journaliste de l'Équipe expliquant à Domenech comment sélectionner ses joueurs. L'Équipe fait probablement de nos jours du meilleur journalisme que Le Monde, mais la facilité du stratège de canapé a ses limites. D'ailleurs, si cette opportunité d'en savoir plus sur les arbitrages en les vivant de l'intérieur ne s'était pas présentée, j'avoue que l'idée de me me lancer au prochain renouvellement du Comité d'arbitrage m'a également traversé l'esprit - pas longtemps, hein: pas fou, le Popo.

Mais je digresse.

Concernant l'arbitrage lui-même, quelques premières impressions candides:
  • Il m'a fallu environ deux heures pour rédiger mon laïus, pourtant court. Je dois avoir dépassé de peu la barre fatidique des 500 mots alors que, de fait, j'ai pourtant été économe sur la mise en contexte (je suis parti du principe que tout le monde aurait lu l'intervention de Ludo sur le BA et se souviendrait de l'arbitrage ayant opposé Alvaro à Med, RamaR et Manchot dont le comportement de Doremifasol constitue déjà le filigrane). 500 mots, je le confirme, c'est peu. Je n'ose même pas imaginer les affres du plaignant venant soulever un cas dont personne n'est au courant;
  • Doremifasol, m'a-t-on dit, travaille dans la communication. Je m'attendais donc à une réponse enlevée et suis resté un peu sur ma faim. Ne répondant à quasiment rien de ce qui lui est reproché, ses premiers arguments dégoulinent d'arrogance: soit il est con, soit il a déjà prévu de se faire bannir et de revenir par la porte de derrière (auquel cas il nous prend pour des cons). Il a bien fait de signaler plus tard qu'il avait demandé l'intervention des wikipompiers (+1 point pour l'image conciliante), mais vu que celui qui a pris le feu l'a poliment rembarré en lui indiquant qu'il devrait commencer par dialoguer avec les gens, la mention est à double tranchant;
  • L'intervention d'Alain_r quant à la recevabilité m'a un peu surpris de sa part, je l'avoue. J'ai répondu et montré que dans le registre des chevaliers blancs je n'inventais pas vraiment l'eau chaude, mais visiblement et pour le coup nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. D'un autre côté, d'après ce que je comprends il regrette surtout qu'on ne laisse aucune chance au gusse: je ne risque pas d'avoir de regrets de ce côté là!;
  • L'avertissement en tête de page de discussion que seuls seraient tolérés les témoignages avec diffs à l'appui est une super amélioration - merci aux arbitres pour y avoir pensé, et d'agir en conséquence (et tant pis pour le sympathique cri du coeur de Kelson);
  • J'ai eu un instant l'espoir que la cause serait entendue-reçue-décidée en 5 jours ou moins (soit le record existant, Markadet-Tadatala), mais je n'avais pas compté sur l'arrivée du long week-end de l'Ascension (où il y aura déjà un absent: moi).
A suivre.


1: Je n'étais moi-même pas très chaud pour le bannissement décidé comme ça sur un coin de table. La forme compte souvent autant que le fond.

mardi 10 mars 2009

Votez!

L'élection des membres du 9e Comité d'arbitrage (CAr) wikipédien a commencé ce matin même. 14 candidats, dont seulement 2 admins, quelques vieilles têtes et pas mal de nouveaux aussi - si j'étais Yazid Sabeg je ne pourrais que me féliciter de tout cela, quand bien même quelques-uns des candidats auront clairement laissé entendre qu'ils se présentaient surtout pour pallier le manque initial de vocations. Péripéties électives dirons-nous, l'important étant que l'essentiel des élus s'acquittent de leur tâche une fois en place. Et, cerise sur le gateau, la participation semble plutôt correcte dans ces premières heures.

Quelques minutes après le départ, on sait déjà qui va gagner (et perdre).

Et pourtant, dans cette élection comme dans toutes les autres, un truc me chiffonne. C'est d'autant plus paradoxal qu'en ce qui concerne le CAr, ce qui me manque est quelque chose dont on se passerait plutôt volontiers d'habitude: personne ne commente son vote.

Pas de témoignage, pas de marque de soutien ou rejet, rien, nada. Tout le monde a un petit mot pour les candidats admins alors que les arbitres, qui doivent subir des pages de témoignages qui sont autant de vade-mecum des inimitiés ayant cours sur le projet, sont pour leur propre élection confrontés à un silence unanime1.

C'est paradoxal.

Si pour quelques-uns les motivations des votes sont assez transparentes - personnages trop conflictuels ou trop inconnus-, j'avoue que pour d'autres je reste quelque peu sur ma faim concernant les raisons qui pousseraient une part substantielle des votants à s'exprimer résolument "contre" un candidat. Je m'étais déjà fait la réflexion lors de la dernière élection quand le candidat PoM, ancien POV-pusher françafricain revenu d'entre les morts pour devenir, selon toute apparence, un contributeur globalement correct à défaut d'être parfait, quand PoM donc avait vu sa candidature rejetée de manière particulièrement claire. A ce moment je me suis vraiment dit que soit Wikipédia n'accordait pas vraiment de deuxième chance, soit j'avais loupé un épisode important (mais pas assez pour être diffusé sur le bulletin des admins). A voir certains des votes, je commence à me poser des questions similaires à propos d'Apollon, Il Palazzo-sama et ILJR, notamment.

Du coup, pour ne pas reprocher aux autres ce que je ne saurais faire moi-même, voici une brève indication de mes motivations de vote:
  1. Neutre pour les admins. Simple question de cohérence parce que je suis plutôt opposé au double mandat (et l'un des deux a montré en l'occurence qu'on peut très bien gérer deux choses en même temps - je ne dis pas que c'est impossible, mais que c'est plus difficile);
  2. Favorable pour les nouvelles têtes (seule exception Péeuh, dont j'avoue m'être demandé à la lecture de sa profession de foi s'il avait déjà lu un arbitrage récent), en dépit d'edicounts parfois minimaux;
  3. Contre les profils franchement polarisants - on ne peut pas plaire à tout le monde c'est certain, mais si on est franchement abhorré par une partie de la population, c'est un handicap. Contre aussi les candidats à la reconduction dont le bilan des interventions laisserait franchement à désirer2.
Une grille de lecture finalement assez simple, transposable d'une élection à l'autre, qui permet de faire abstraction des très vieilles casseroles tout en espérant l'apparition de nouvelles têtes, et surtout ne pas trop me prendre la mienne avec ces histoires. Après tout, ce n'est que Wikipédia.


EDIT: j'arrive toujours après la guerre - la même question a en fait été posée il y a un près d'un mois déjà en page de discussion du vote. Tout le monde s'est mis d'accord sur le fait de réserver ces remarques aux pages de débat individuelles pour éviter les débordements... mais personne ne l'a fait une fois le vote débuté. C'est paradoxal (bis).


1: le fait qu'il ne faille pas commenter est indiqué dans une petite boîte d'instructions, mais j'ai du mal à croire que, sur Wikipédia, je sois le seul à ne jamais lire des instructions qui ont rarement instruit qui que ce soit d'autre que leurs rédacteurs.
2: notion personnelle et totalement subjective. Il n'y en avait d'ailleurs pas ce coup-ci il me semble.

mercredi 3 décembre 2008

Schadenfreude

Ainsi donc les anglophones sont en train d'élire les membres de leur Arbitration Committee (ArbCom). Pour les lecteurs peu familiers des autres wikis, il s'agit de l'équivalent de notre Comité d'Arbitrage (CAr) à nous; à mon lecteur non-wikipédien, je dirai que le CAr est une vague réminiscence de Cour de justice où l'on vient joyeusement laver son linge sale en famille dans l'espoir que celui d'en face aura suffisamment de taches pour être puni.

Première constatation: chez eux c'est trrrrès différent de chez nous:
  • Le dernier ArbCom avait treize membres, dont un qui est parti en indisponibilité -les francophones sont 10, dont un disparu sans laisser d'adresse;
  • Les candidats sont élus pour trois ans, par rotation d'un an (soit trois groupes) - les francophones pour douze mois, par rotation de 6 mois (soit deux groupes);
  • On reproche aux membres du Committee de se chamailler entre eux - un arbitre francophone a démissionné en traitant pour ainsi dire ses collègues de branleurs;
  • On reproche au dernier Committee d'être lent - le Comité francophone attend simplement que les délais de recevabilité soient dépassés pour se prononcer sur, euh, la recevabilité;
  • On reproche au Committee de rendre des décisions quasi-inutiles et renvoyant les protagonistes dos à dos - ...
Vous aurez compris qu'en fait ça n'est pas si différent que ça. Le seul contraste notable selon moi est que plusieurs personnes ont ouvertement pris position pour tel un ou tel candidat (genre "votez machin, il est bien"). Je mettrais cela sur le dos de la différence culturelle, de la même manière qu'en Amérique du Nord il est très normal d'orner sa pelouse d'un pancarte de soutien à son candidat favori en période d'élections. Je trouve ça très sain, mais là n'est pas le sujet.

Or doncques, les critiques visant les deux Comités sont sensiblement les mêmes. Dès lors, comme dit l'autre, si une institution à un problème avec une personne, c'est que cette dernière cause souci. Si la même institution a le même problème avec plusieurs personnes, il est tout de suite beaucoup plus probable que le souci vienne de l'institution elle-même.

J'avais déjà évoqué le sujet il n'y a pas trop longtemps - je m'excuse de manquer d'originalité, mais là c'est important: on a quand même ici un outil qui est aussi mal fichu qu'il a le potentiel d'être (ou a été) utile1. Je propose donc de nous retrousser les manches du cerveau pour trouver une solution un peu moins bancale que le statu quo actuel. Peut-être même que si on réussit, ça sera la gloire interwiki (sous la forme d'une reprise du mécanisme nouvellement devisé). Mais je m'emballe un peu.

Heureusement, j'ai un Plan2 (avec un P).

La bonne nouvelle, c'est que ça devrait me donner du matériel pour plusieurs billets sur ce blog.

La mauvaise, c'est que pour l'instant le Plan™ est livré sans garantie aucune3.


(à suivre)

1: Et qu'il soit utile ou pas selon X ou Y on s'en fiche - il répond à une demande, et ça n'est pas en tuant les mauvais toubibs qu'on fait disparaître les symptômes.
2: Celui-là je rêvais de le placer depuis des semaines.
3: Le Plan™ vous est proposé sans garantie de succès. Popo le Chien et par son intermédiaire ses amis, parents, alliés et tous autres ayants droits, décline par avance toute responsabilité dans l'échec ou l'abandon du Plan, notamment mais pas exclusivement dans des situations de grève, bris de matériel, blessure, décès, capture (et licenciement) par son employeur, pénurie d'idées, de temps, de motivation ou tout autre événement dépendant ou indépendant de sa volonté et de son humeur parfois changeantes. En cas d'échec du Plan™, notamment, vous ne pourrez arguer de celui-ci pour réclamer des dommages ou compensations de la part de Popo le Chien, ses amis, parents, alliés et tous autres ayants droits, dont la démission de quelque fonction, emploi ou poste, ce sur la base de l'échec ou de la réussite supposée ou affichée du Plan™, est exclue. En lisant ces lignes et revenant subséquemment sur le Blog le Choix du Chaos™, vous donnez votre accord irrévocable pour céder toutes idées et droits associés qui pourraient, ou pas, être utilisés dans la mise en œuvre du Plan™. Vous vous engagez par ailleurs à participer à un examen critique du Plan™ dans la mesure de vos envies, opinions, idées ou desideratas et, à tout le moins, à ne pas mettre en œuvre de méthodes dilatoires et démotivantes du style "c'est nul" ou "ça ne marchera jamais". En cas de rupture de cet agrément, et notamment de l'engagement précédent, Popo le Chien et par son intermédiaire ses amis, parents, alliés et tous autres ayants droits vous engagent à aller vous faire voir chez les Grecs et essayer de proposer mieux. La lecture de ces lignes ne constitue pas une cession contractuelle de votre âme à Popo le Chien, ses amis, parents, alliés et tous autres ayants droits.
Tous droits réservés.

jeudi 20 novembre 2008

Peer pression

Les krypto-stasistes, c'est déjà tellement le week-end dernier! Désormais, l'autre sujet qu'il faut bien estimer majeur dans la blogosphère wikipédienne semble être la demande d'arbitrage Mica c/ Addacat, où deux contributrices ma foi a priori sérieuses (en tout cas pour l'une que j'ai rencontrée; l'autre étant dans la maison depuis un certain temps déjà on peut gager qu'elle l'est également) en sont venues à se lancer joyeusement des accusations d'aggressivité et malhonnêteté intellectuelle. Je dis sujet majeur, parce que si l'on est (un, deux) trois à en causer et que nous sommes (quatre, cinq) blogueurs réguliers sur le sujet wikipédien1, ça nous fait finalement une petite majorité.

Bref, tout ça pour dire que l'on a un arbitrage en souffrance depuis plus de deux semaines pour la simple déclaration de recevabilité, que le seul arbitre ayant répondu dans les délais s'est récusé, et que ceux qui se sont finalement prononcés (trop tard, puisqu'après quinze jours la demande est réputée recevable) étaient contre.

Il faut bien se rendre à l'évidence: les arbitrages emmerdent tout le monde, à commencer par ceux qui se sont portés volontaires pour se pencher dessus.

Je n'ai jamais été vraiment tenté par le rôle d'arbitre parce que j'ai passé l'âge wikipédien où il est amusant de sauter pieds-joints dans un débat pour essayer d'en trier bon grain et ivraie. Un arbitre aurait forcément un meilleur point de vue à donner sur la question, mais je vois d'emblée quelques raisons à ce désamour:
  1. Le manque de sang: il est plus intéressant de se prononcer sur un conflit opposant les admins, parce que ses résultats modifient ou influencent (ou l'on penserait que) certains rapports de forces et sont donc déterminants (ou l'on penserait que) pour le fonctionnement de l'encyclopédie. Les conflits entre admins sont d'une violence rare, mais on peut être sûr que tout le monde aura son avis dessus;
  2. La durée du mandat. Un an c'est long. Un an à jouer les Salomon quand on est à l'origine venu écrire des articles et que l'espérance de vie du contributeur est de 2-3 ans, c'est très long;
  3. Corollaire: la tendance affichée à vouloir élire des contributeurs établis revient à favoriser des gens dont l'enthousiasme vis-à-vis du projet touchera bientôt à sa fin;
  4. Les administrateurs ont, de plus en plus, commencé à assumer ce rôle d'élimination systématique des monomaniaques et autres idéologues (ce qui explique probablement la baisse des requêtes et n'est pas un mal en soi tant que le cas est clair - on économise temps et frustration pour les plaignants qui sont, eux, de bonne foi). Le contre-coup de ce glissement est probablement un sentiment de redondance de la part du corps arbitral (qui est en partie constitué d'admins), surtout si lesdits admins commencent en fait à éliminer tous ceux qui ne marchent pas droit tout court.
Il va donc falloir un de ces jours sérieusement repenser le fonctionnement d'un machin qui a pourtant montré son utilité, notamment pour évacuer des tensions ou simplement comme unique voie de recours pour les désysopages; en définir plus clairement les mandats et limites; faciliter et pacifier son fonctionnement (je pense surtout aux délais et à la page de discussion des arbitrages, qui sert trop souvent de déversoir à bile); élargir son accès à des gens qui n'ont pas déjà tout vu, tout lu, en termes de mesquineries et politicailleries; éventuellement réhausser le statut des arbitres pour susciter des vocations - soit en les érigeant en contre-pouvoir affirmé des admins, soit en les présentant comme une voie royale au contraire vers l'adminat, en tout cas probablement en supprimant la possibilité de double mandat (si j'ai deux heures par jour pour contribuer à Wikipédia -un hobby- je préfèrerais cliquer sur des boutons plutôt que lires des pavés imbuvables). Bref, il faut professionnaliser et rajeunir une institution qui n'a pas quatre ans mais qui, faute de mieux, semble vouée à l'obscolescence.



1: pour être honnête on devrait aussi compter David Monniaux et Alithia, mais l'un parle un peu de tout et l'autre surtout de n'importe quoi.

mardi 28 octobre 2008

Sale temps pour les verres d'eau

"Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude", disait Alexandre Dumas père. Avec des idées comme ça, je doute que le bonhomme se serait jamais présenté pour être arbitre au Comité wikipédien. Et il aurait eu bien raison.

Souvenez-vous, c'était fin août, Moez bloquait Aliesin de manière indéfinie dans des conditions tout aussi contestables1 que contestées2. Episode largement commenté ici même et sur un autre blog de bonne facture. Bref, tout ça se termine devant le Comité d'Arbitrage (CAr) avec un résultat dont vous ne pourrez pas dire que je ne l'avais pas vu venir.

Bon.

Et puis, tout d'un coup, tout le monde se met à tiquer sur une phrase de la décision:
Le Comité "rappelle à Moez (d · c · b) qu'il ne doit pas appliquer une sanction qu'il a lui-même proposée, quand le cas nécessite une discussion au Bulletin des administrateurs."
Le moins qu'on puisse dire, pour reprendre la sagesse turbienne citée en note, c'est que ça ne fait pas consensus3. On crie à l'abus de pouvoir, le Comité invente des règles qui n'existent pas - un peu comme les admins qui inventent le bannissement à la majorité simple, sauf que le CAr, lui, n'a pas droit d'être inventif. C'est clair, ce genre de décision va faire jurisprudence: avec un turnover comme nous en avons sur Wikipédia, quelqu'un dans 2 ans va très certainement se rappeler cet épisode pour demander un désysopage - alors que personne n'a été foutu de relever que j'avais fait la même chose (proposer et acter) deux semaines auparavant!

La seule jurisprudence que je relève, c'est que sur Wikipédia on ne peut pas se draper dans la certitude du bon droit si on n'a pas un consensus (plutôt qu'une majorité d'urgence et de circonstance) derrière soi. Tous les hauts cris n'y feront rien, et c'est en soi plutôt une bonne nouvelle (et une bonne surprise).

Il ne s'agit pas de distribuer bons et mauvais points. Vous n'avez qu'à lire le billet de Pierrot le Chroniqueur sur ce même sujet et considérer que je pense, pour l'essentiel, exactement le contraire4, à l'exception de l'intervention d'Alain_r qui tranche effectivement par son élégance. Ah si, et il y a quand même aussi un mauvais point que j'aimerais distribuer, à Dereckson et sur un sujet connexe: quand on se fait élire arbitre, c'est pour prendre part aux décisions, avec l'idée bien comprise que c'est un minimum d'investissement. Si on n'a pas le temps ou plus l'envie (ce qui arrive), on démissionne ou on passe la main pour éviter de faire attendre les autres. C'est, selon moi, une notion élémentaire de politesse et de respect.


1: C'était mon avis à l'époque, il n'a pas changé.
2: Comme l'a brillamment résumé un candidat arbitre (Turb):
- « consensus » : inverse d'absence de consensus.
- « absence de consensus » : de multiples contributeurs expriment leur désaccord complet.
3: Ma lecture personnelle est que le CAr a voulu ménager chèvre et chou, et s'il était facile de trouver un prétexte pour taper sur Poppy (via son comportement en dehors de l'affaire visée), il fallait quand même signaler à Moez que ce qu'il avait fait n'était au minimum pas optimal - sans pour autant se mettre à dos les 17 qui étaient derrière celui-ci. Ca n'est pas pour frimer, mais j'avais aussi prévenu qu'à vouloir couper la poire en deux (et relativiser les psychodrames qui se déroulent devant lui), le Comité ne rendait service à personne.
4: Y compris à propos de l'intervention de TigH (la première). Ca doit être l'une des premières fois que je comprends ce qu'il écrit.

vendredi 5 septembre 2008

{{Reférence nécessaire}}

Il est des jours comme celui-ci où je me dis que j'aurais eu meilleur compte d'ouvrir ce blog sous un autre pseudo, genre Pierrette la Chroniqueuse ou Papa le Chat. Anonyme et impossible à percer, il me permettrait de balancer sans remords sur mes petits camarades ouiquipédiens, distribuant bons et mauvais points à gauche et à droite suivant mes humeurs et, surtout, leur propension crasse (et visiblement abyssale) à dire ou faire des âneries (alors que leurs articles sont par ailleurs souvent d'assez bonne tenue).

Las! Étant moi-même un ouiquipédien moyen, je n'y ai pas pensé. C'est dommage mais c'est ainsi. Comme disait le vieux sage1, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

Tout ça pour dire qu'en me promenant sur les diverses pages de discussion des quatre derniers arbitrages j'ai eu, comme qui dirait, une épiphanie particulièrement déroutante: il y aura eu à ce jour (5 septembre 2008) plus de 80 interventions ou "témoignages", soit largement de quoi pulvériser les records établis. Et parmi ces 80 et quelques, combien utilisent des liens pointant vers des éléments qui ne seraient pas évoqués dans les arbitrages eux-mêmes?

Six.

C'est peu. Et c'est peu de le souligner. Il nous reste donc, à la louche, passé 70 interventions pour indiquer aux arbitres... ce qu'ils doivent penser2. Ou ce qu'ils doivent penser des autres.

Le point positif -parce qu'il y en a un- c'est que les futurs (ou actuels) coordinateurs ont enfin un compas clair -et très wikipédien-, pour faire le ménage et conserver un semblant de civilité dans ces pages-déversoir: au bout de 24h de présence, tout laïus n'essayant pas de faire avancer le schmilblick avec des liens clairs (et par clair, on parle bien de ceux pointant vers une intervention spécifique demandant un minimum d'effort pour être dégotée dans les historiques) pourrait être dégagé sans forme de procès.

Point positif (bis): si les gens n'ont plus le droit de participer aux arbitrages comme ils participent au bistro (et que ça leur manque), on aura peut-être quelques candidats de plus aux prochaines élections du CAr.



1: Et, dans une variante récente, Donald Rumsfeld.
2: Ne me comptant pas dans les six méritants, je plaide coupable. On ne m'y reprendra pas.
.