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mardi 22 novembre 2011

Grassroots

L'info circule depuis quelques jours, notamment chez Moyg et sur le blog de Wikimédia France: un amendement à un projet de loi en discussion à partir du mercredi 23 novembre a été déposé à l'Assemblée nationale française. Le projet est le dernier à l'ordre d'une journée bien chargée, car dédiée au budget de la sécurité sociale1. Pour que la France avance dans l'ère internet, il nous faudra donc remplir trois conditions:
  1. Que les discussions sur la Sécu ne prennent pas tout le temps disponible;
  2. Que le projet de loi sur la copie privée soit accepté;
  3. Que l'amendement numéro 22 au projet de loi sur la copie privée soit accepté.
Ca fait beaucoup, mais avoir deux députés de l'actuelle majorité parlementaire pour présenter l'amendement, ça aide. Félicitations d'ailleurs aux gens de Wikimédia France qui les ont contactés et convaincus, c'est le genre d'exercice qui prend du temps. 

Comme c'est une opportunité qui ne se présente pas tous les jours, je vous propose d'aider et de faire un peu de grassroots campaign, c'est à dire une mobilisation à l'américaine: l'idée a été lancée dans un des commentaires chez Moyg et, franchement, c'est une bonne idée.

J'essplique.

Les enjeux
Le député lambda qui dans la même journée vote sur la sécu, la liberté de la presse, les accidents d'avion, la précarité professionnelle des femmes, les accidents nucléaires et la copie privée, on le comprendra, n'a pas forcément en tête l'importance que peut avoir la liberté de panorama pour Wikipédia et les projets libres (surtout si l'on pense qu'il s'agit là de l'Assemblée la plus grise de la Ve République).
En fait, et je schématise, pour n'importe quel élu la question de base pour un sujet qu'il ne connaît pas est:
  1. Qu'est-ce que ça rapporte? (à sa circonscription, à son parti, à sa plateforme, à sa réélection)
  2. Qu'est-ce que ça coute? (à la collectivité dont il est le plus proche, ou politiquement)
C'est assez basique mais c'est en fait le genre de choix qu'on fait tous, tous les jours. De votre côté, si vous vous êtes prononcé(e) sur la récente prise de décision sur l'abandon du fair use sur les bâtiments récents, que ce soit pour ou contre d'ailleurs, vous avez l'opportunité de mettre la loi en adéquation avec vos idées2. Ah oui, il faut être Français aussi.

Wikimedia prend l'Assemblée.
A ce stade la solution est en fait assez simple: à six mois des élections présidentielles et législatives il est important de faire comprendre à vos élus qu'ils doivent vous faire comprendre qu'ils ont à coeur les choses que vous, électeurs, avez à coeur. La phrase est compliquée, mais en gros cela veut dire une seule chose: appelez ou envoyez un mail à votre député et dites-lui exactement cela. Sinon, aucun moyen pour eux de savoir si ce qu'ils vont faire est bien ou pas. C'est un procédé assez courant aux États-Unis (c'est pratiquement une industrie à part entière), et beaucoup moins en Europe. Paradoxalement, cette relative nouveauté garantit l'efficacité du procédé: on aura autant de résultats avec 5 coups de fils dans la journée en France qu'avec 1'000 chez l'Oncle Sam. En Suisse, c'est légèrement différent vu l'importance des comités référendaires, mais le principe est le même: en démocratie, il ne faut pas s'attendre à être dirigés par des responsables omniscients.

La parole aux électeurs
La liste des 577 députés français est disponible ici, et si vous ne connaissez pas votre représentant la liste par département est . Je découvre qu'on en a parlé hier sur le Bistro wikipédien, mais tout le monde ne lit pas le bistro. Du coup, je vous propose un autre petit texte simple pour aller avec votre appel ou courriel.
Bonjour, 
Je suis un de vos administrés de la ville de Z et je me permets de vous appeler / de vous écrire car j'ai appris qu'à partir de mercredi allait être discutée la loi sur la copie privée, à propos de laquelle un amendement sera déposé par Messieurs Tardy et Dionis du Séjour. Cet amendement vise à permettre enfin la reproduction de bâtiments et oeuvres visibles sur le domaine public, ainsi que la libre circulation de ces images ou dessins - ce que dans d'autres pays européens on appelle la liberté de panorama.
Pour vous donner un exemple concret, il est en l'état interdit de prendre une photo de [nom d'un bâtiment public récent dans votre ville], et interdit de diffuser ces images sur internet. L'amendement en question vise à remédier à cette aberration qui empêche la publicisation d'oeuvres françaises, notamment via internet.
Je vous remercie d'avance de votre soutien et vous souhaite une excellente journée, 
XY
Et voilà, c'est tout, adaptez selon vos goûts mais restez simples. Pas besoin de parler du libre, de Wikipédia, de votre grand-mère malade. Ce n'est pas grave si votre député est PS ou Vert - il arrive que sur certains sujets tout l'échiquier se rejoigne (encore heureux!). Vous lui signalez juste un problème, et qu'il a une solution simple et pas chère à votre problème. Effort pour vous: environ 5 minutes.

Si jamais votre interlocuteur objecte qu'il doit défendre le droit d'auteur, prévoyez une ou deux réponses simples pour lui demander s'il trouve normal qu'un bâtiment ou monument payé par la collectivité ne puisse pas être entièrement à disposition du public (ou qu'on puisse parler de la Pyramide du Louvre mais pas la montrer sans autorisation préalable). Gardez des exemples simples et concrets.

Enfin, et c'est important, après le vote et quel que soit le résultat, envoyez un petit mot pour remercier votre député(e), surtout si il/elle vous a répondu. Ca ne coûte rien, ça fait plaisir, et ça met tout le monde dans de bonnes dispositions pour la prochaine fois.


1. On votera aussi sur la liberté de la presse, les accidents d'avion, la précarité professionnelle des femmes, et les accidents nucléaires. Être élu n'est pas une sinécure.
2. Je pars du principe que votants Pour et Contre préfèrent avoir des articles illustrés dans la légalité.

jeudi 6 octobre 2011

Lobbying

Je m'absente à peine 24h et voilà qu'à mon retour je découvre que Wikipédia en italien est fermée. La page d'accueil (et tout article auquel on essaie d'accéder) est remplacée par une note indiquant que face à la chienlit législative, la communauté avait décidé de tirer la plus grosse sonnette d'alarme qu'elle avait sous la main et, donc, de bloquer temporairement l'accès au contenu. Histoire d'inviter les gens à se soucier des risques que court, selon nos collègues italophones, le contenant.

Soit.

Je vous engage à lire bien sûr le billet d'Alexander Doria, qui a un peu pris le lead sur cette histoire, ainsi que les divers échos chez Wikimédia France, Linterweb, ainsi que chez David Monniaux, Moyg, Pierrot et Darkoneko (avec pour ce dernier le petit addendum qui va bien). Et ah, oui, tant qu'à faire, la  réaction officielle de la Fondation sur le sujet (en anglais). Du coup, on ne va pas faire un énième post sur ce qui se passe, mais essayer plutôt de savoir pourquoi ça s'est passé comme cela. 

Rien de nouveau sous le soleil
Reculons tout d'abord d'un pas: le projet de loi en question ne vise pas Wikipédia spécifiquement, ni ses contributeurs (ou son mode de contribution), mais concerne au premier chef la publication d'écoutes téléphoniques - d'où le nom de Loi sur les écoutes. Un paragraphe, le 29, exprime grosso-modo qu'en cas de publication contestée, la personne visée peut exiger la mise en ligne d'un correctif sous 48h et, très littéralement, sans autre forme de procès.

Il me semble ici que Wikipédia en italien serait la victime collatérale d'un projet de loi qui ne la vise pas. Notez que ce n'est pas vraiment nouveau: on a eu il y a quelques années la version anglophone qui était bloquée au Royaume-Uni pour la mise en ligne de la pédopornographique pochette de l'album Virgin Killers du groupe de rock Scorpions, ou ce projet de loi portugais à l'automne dernier, toujours dans les cartons, qui vise à rendre les droits d'auteur inaliénables mais, en passant, condamnerait tout schéma alternatif de type Creative Commons - qui je vous le donne en mille sous-tend Wikipédia. Enfin, pour rappel, on a aussi vu le député allemand Lutz Heilmann qui par décision de justice avait fait bloquer en référé l'accès à l'adresse www.wikimedia.de. Et je ne parle pas ici des propositions un peu plus fantasques qu'on voit passer à l'occasion, comme ce tout récent rapport de sénateurs new-yorkais visant à interdire le troll et le bannissement sur les canaux informatiques... Le bouton de blocage des admins est menacé! 

La première conclusion qu'on peut en tirer, à ce stade, est probablement que les gens qui nous gouvernent n'ont pas forcément Wikipédia en tête au jour le jour (et moins encore son fonctionnement). Et sauf à penser que nos gouvernants sont omniscients et hypercompétents par la simple magie du suffrage qui les porte, c'est probablement dommage mais somme toute assez normal. 

Luttes d'influence
Du coup, il est aussi normal pour Wikipédia - sa Fondation, ses chapitres locaux, ses utilisateurs- d'essayer de corriger le tir quand un sujet que ses contributeurs connaissent assez bien peut être indirectement affecté par des décisions ou projets de loi qui, à tout le moins, manquent d'inspiration. C'est tout le principe du lobbying, qui en France en particulier a bien mauvaise presse: au final, celui-ci ne fait pourtant que refléter la prise en compte d'intérêts particuliers ayant une connaissance pointue d'un sujet. Ceux-ci essaient d'influer dans un sens ou l'autre ceux qui décident de la politique générale1. Les premiers lobbyistes, m'est avis, sont ainsi les élus par circonscription, censés défendre le bien commun mais aussi au passage les intérêts des gens de leur coin (ou en tout cas ceux de la grosse moitié qui les a mis en place). Autre exemple: parmi les lobbyistes enregistrés auprès des institutions européennes on trouve une bonne moitié d'industriels (les premiers impactés par la politique de ce qui reste essentiellement le plus gros bloc commercial au monde), mais aussi 40% d'ONG, think-tanks, groupes académiques ou régionaux. L'important, in fine, est de maintenir un haut niveau de concurrence entre différents groupes d'intérêts, de manière à ce que leurs influences se contrebalancent.

En revenant au contexte italien, on a donc un projet de loi qui a priori vise à répondre à un problème particulier et qui, par inadvertance et/ou une formulation un peu hasardeuse, vise plus loin que ce que ses créateurs auraient pu penser. La communauté wikipédienne concernée2 décide donc de réagir et d'essayer d'influer sur ce texte. La communauté wikipédienne italophone, consciemment ou pas, décide donc de faire du lobbying. Bouh.

Que faire?
Tout choix politique, au final, se résume à un arbitrage entre gains et pertes potentiels. Toute décision a des effets négatifs, et tout le jeu pour un décideur consiste à savoir minimiser ces derniers. Suivant les caractères les priorités changent, mais en démocratie -en tout cas dans une démocratie occidentale moderne- un bon indicateur du sens du vent vient du retour médiatique que donnera telle ou telle décision: gouverner n'est pas seulement chercher la meilleure décision, mais surtout celle qui plaira au maximum de gens - ou déplaira au minimum. L'élu lambda, donc, écoute le bruit qui l'entoure.

Les italophones avaient au départ plusieurs options pour se faire entendre:
  1. Mener une politique d'engagement avec la presse, les parlementaires. Des rencontres, des meetings, des explications. Ca a en partie été fait, mais c'est quelque chose qui demande du temps et des moyens. Or au dernières nouvelles Wikimedia Italia est une association de volontaires, ne roule pas forcément sur l'or, n'a pas à ma connaissance d'employé dédié au relationnel;
  2. Mener une politique d'engagement plus générique, moins précise: c'est ce qu'on a apparemment tenté avec un sitenotice mis sur le site il y a quelques temps. Pour que ce sitenotice atteigne ses objectifs, il aurait essentiellement fallu qu'un (voire des) journaliste(s) ou parlementaire(s) tombe(nt) dessus, prenne(nt) le temps de le lire, et soi(en)t convaincu(s). L'efficacité potentielle me semble marginale -surtout avec des Parlementaires en majorité d'un age avancé. De fait, le projet de loi est resté à l'ordre du jour, inchangé;
  3. Faire du bruit. Beaucoup de bruit.
On voit qu'à ce stade les options sont en fait assez limitées. Vous noterez que je ne cherche pas à discuter la pertinence de l'analyse italienne quant aux retombées possibles de cette loi ou le fait d'utiliser le matériel encyclopédique pour arriver à leurs fins: l'important ici est qu'eux, en temps que communauté, aient décidé que cela méritait action.

C'est ainsi qu'on est arrivés il me semble à cette décision de fermeture temporaire de la version italienne: l'attentat-suicide, au final, est l'arme du pauvre.

Boum
Quand j'ai appris la nouvelle de la fermeture du site, j'ai fait la chose la plus logique qui soit pour en mesurer l'efficacité: j'ai acheté le journal. La Repubblica, pour être exact. Et j'ai effectivement trouvé un article sur cette fermeture:


Un quart de page dans la section "Politique"3 plutôt que "Technologies", ça ne me semble pas si mal. Il y avait également des liens en première page des sites webs de la Repubblica et du Corriere della Serra: c'est bien aussi. Un rapide tour sur google news me montre qu'on a plusieurs milliers de citations à travers la presse nationale: c'est carrément bon - je connais peu de campagnes de presse qui peuvent se vanter d'une telle couverture, y compris à l'international. On en parle encore aujourd'hui dans la Repubblica, avec Jimmy Wales qui se fend d'une déclaration: un évènement couvert sur plusieurs jours, c'est vraiment, vraiment bon. Et 270'000 soutiens en 24h au groupe Facebook (et 430'000 liens vers le communiqué partagés sur des pages utilisateurs) c'est aussi toujours ça, pour ce que ça vaut.

La machine est donc lancée et, apprends-je toujours via l'excellent blog d'Alexander Doria, il semblerait que le projet soit déjà en cours de modification. Pas encore là où on le voudrait, mais les lignes de front ont commencé à bouger.

Victoire, ou bien?
Bon, au final il ne faut pas faire la fine bouche: sans vouloir vendre la peau de l'ours, il apparaît que les italophones soient plus près d'obtenir la modification du texte qui les intéresse qu'il ne l'étaient il y a trois jours. Sans non plus leur donner tout le crédit -il y avait un contexte de protestations non négligeable-, ils auront probablement concouru à ce changement.  La nouvelle du black-out a par ailleurs réussi à faire surface en dépit d'une actualité chargée: entre la dégradation de la note de la dette italienne et la mort de Steve Jobs, cela montre l'importance de Wikipédia au sein du paysage médiatique italien et, par extension, le crédit dont celle-ci jouit. Elle a contribué à faire évoluer le débat sur un point particulier qui la concerne, ce qui est une démonstration de force.

Victoire tactique, donc, comme on dit dans les infoboxes d'articles sur les batailles.

Au niveau stratégique, par contre, il faudra attendre de voir le texte final pour décider. Mais on a déjà plusieurs questions qui se posent:
  • ce qu'on a fait une fois, qui prend tout le monde par surprise et les fait réagir, est toujours moins efficace quand on le ressort une deuxième fois. Quid de la prochaine proposition législative de la même eau, dans un, deux ou cinq ans? 
  • Est-ce que cela donnera aussi l'idée de faire pareil à d'autres versions linguistiques, avec le risque de dilution du crédit dont bénéficie Wikipédia si de telles décisions sont moins bien inspirées ou plus partisanes? Il est relativement inquiétant de penser que quelques dizaines de personnes puisse aussi rapidement prendre une telle décision - et WP.it est un gros projet: combien pourraient décider sur WP en danois?
  • Cela aura-t-il un impact sur la toute prochaine campagne de dons?
On risque aussi d'avoir de sérieuses critiques: que ce soit à l'interne pour avoir abandonné une neutralité stricte, sorti la grosse artillerie et mis la Fondation devant le fait accompli; ou à l'externe pour avoir indirectement pris position contre le Parti des Libertés, qui n'est pas encore voué à disparaître4.

Bref, tout ça pour dire que c'était un développement intéressant. Et à suivre.


1. Il faudra sinon m'expliquer comment on peut attendre que des élus du peuple soient tout d'un coup experts en éducation, droit matrimonial, droit pénal, assurance maladie, recherche fondamentale, droit bancaire et promotion de l'activité économique. Et ça, c'était uniquement pour les membres du Conseil national suisse, et uniquement pour le 30 septembre dernier.
2. A leur décharge, il faut souligner que dans de récents conflits la loi a permis l'assignation individuelle de membres de Wikimédia Italia pour des problèmes de contenu avec lesquels ils n'avaient rien à voir.

3. En fait c'est même "politique et justice", ce que je trouve très italien, comme association.
4. Et est même encore au pouvoir. Quoi que sur ce point c'était assez finement joué pour ne pas s'opposer à la loi dans son entier, qui dépasse le cadre wikipédien: WP.it a donc bien fait du lobbying et pas de la politique. Un des premiers amendements déposés l'a d'ailleurs été par un député PdL.

mardi 5 juillet 2011

Palingénésie


Il est de ces contributeurs établis qui ont un jour soudain décidé de quitter Wikipédia, ou ont été bannis. Ne pouvant -ou ne voulant- toutefois pas s'éloigner de cet astre brillant, ils sont revenus. Ils sont revenus sous une nouvelle identité et, personne ne les ayant reconnus, on peut dire qu'ils ont réussi le tour de force de se réinventer: cela va donc beaucoup plus loin que les simples renommages de compte utilisateur, parfois pour un peu les mêmes raisons, car le lien est ici officiellement rompu, l'ancien avatar -avec son "oeuvre" et ses contributions- abandonné comme un mouchoir usagé.
Ce que j'étais sous cette identité, je ne le suis plus, et cette nouvelle identité n'est guère plus moi que la précédente. 
Le succès de la démarche se mesure à l'absence totale de soupçons (alors que, ironiquement, certains comptes "authentiques" sont parfois soupçonnés d'être des faux-nez). 

Je connais formellement quatre personnes qui ont franchi le pas (deux admins, deux multi-bloqués). A n'en pas douter, il y en a plus. Mais combien?

dimanche 17 avril 2011

L'option nucléaire

Aux grands maux, les grands remèdes.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        
                                                   

Remarque liminaire: on a ici et là exprimé une certaine gêne que je puisse à l'occasion exprimer franchement mon point de vue. Cette remarque, tout à fait valide et dont je prends bonne note, fait cependant abstraction du salaire actuellement versé aux arbitres pour se faire cracher dessus (zéro francs/mois), et de ce que j'accepte déjà et avec une relative grâce bon nombre de critiques et insultes. Mais si l'on veut mentir à mon sujet ou me traiter ouvertement de malhonnête, il faut alors être prêt à en payer le prix. Chacun sa ligne rouge et c'est la mienne, Wikipédia ou pas.

Autre point fondamental, si quelques-uns des 198 visiteurs uniques de ce billet  (pour la seule journée de jeudi) m'auront donc parfois reproché la forme, personne il me semble n'a encore pointé un défaut de raisonnement sur le fond: nous avons effectivement sur la Wikipédia francophone un problème d'administrateur dont la légitimité est contesté/able, et qui se refuse à clarifier les choses.

C'est un problème problématique.

Il est dans ce genre de situation toujours profitable d'aller consulter les Anciens Textes. Coup de chance, ceux-ci ont deux choses à nous dire sur le sujet et qui semblent être sorties de la mémoire collective wikipédienne, la communauté ayant il est vrai souvent la capacité de concentration d'un chimpanzé adolescent en rut:
  • La première chose, c'est qu'il a été décidé à l'issue d'une première prise de décision (PdD) qu'on peut totalement révoquer un administrateur qui fait consensus contre lui;
  • La deuxième chose, c'est que ce "consensus contre" à été défini lors d'une autre prise de décision, extemporanée à la première, comme situé à 75% des voix.
Vu qu'on passe son temps à voter sur ce projet, ce serait bête d'oublier ce sur quoi on l'a fait. Il se trouve donc que nous sommes bien, dans les faits, en mesure de forcer Grimlock (ou un autre) à passer devant la Communauté pour un vote de confirmation. C'est une procédure lourde de sens, que je qualifierai donc d'option nucléaire.

Pour avoir une idée de tout ce que cela implique, faisons une rapide FAQ nucléaire:

Ta bombinette n'est-elle pas un peu périmée?
Comme il n'y a pas de date de péremption sur les prises de décision datant de 20051, et qu'il faudrait une nouvelle prise de décision pour le décider, on va dire qu'a priori non, surtout si en outre un tiers des répondants à un récent sondage trouvent que les conditions de perte de statut ne sont pas satisfaisantes.

Si c'est écrit, c'est que c'est vrai.
Le nucléaire n'est-il pas un peu dangereux?
Absolument, c'est pour ça qu'on parle de nucléaire et pas d'éolien2. D'ailleurs, si ce n'était pas dangereux on risquerait de le voir utilisé à tout bout de champ, ce qui n'est ni l'objectif ni une bonne idée.

Le Comité d'arbitage (CAr) ne permet-il pas de garder une certaine sérénité?
Oui, et c'est pour cela que cela reste la voie à privilégier. Sauf s'il s'agit pour les arbitres de se faire harceler (merci pour eux) et sauf si, après intervention dudit CAr, la balle se trouve dans le camp d'un impétrant qui se refuse à risquer son joujou ego en demandant un vote de confirmation.

Les conditions de cette consultation forcée n'étant pas fixées (à part le seuil), il est par ailleurs tout à fait possible d'interdire les commentaires de votes, comme on le fait déjà par exemple pour les élections d'arbitres. Ca devrait limiter les débats stériles et commentaires assassins à l'heure où, déjà, on aura eu beaucoup trop de débats stériles et de commentaires assassins.

Ok j'ai confiance en toi, mais que faire si un autre la lance sans prévenir?
Le bon sens est effectivement parfois une denrée rare, et il faudra que celui qui voudra pousser sur le bouton sur un coup de tête soit prêt à en payer les conséquences. Comme dans la vie réelle, il doit d'abord être conscient que celui qui est visé le fera peut-être aussi. Ou peut-être qu'un idéaliste révolutionnaire, soutenant l'idée du mandat à durée limitée pour tous (par exemple), lancera sans crier gare une bombinette sur chacun des 190 admins. C'est possible, et il est bon que tout le monde y pense afin de bien réagir en cas d'attaque nucléaire généralisée.

Dans le premier cas (rétorsion), il faut si on agit par vengeance être prêt à vivre avec l'étiquette de troll vindicatif, espèce qui généralement finit très vite bloquée pour, hmmm, trollage vindicatif3. Dans le deuxième cas (révolution), le justicier devra être conscient qu'il va antagoniser un paquet de monde, ce qui serait contre-productif: dans les deux cas c'est ce qu'on appelle de toute façon un POINT en jargon local, infraction wikipédienne pour laquelle le niveau de tolérance serait dans le cas d'espèce faible.

75% c'est beaucoup. Que faire s'il y a un survivant?
C'est à voir, la bombinette n'a jamais été vraiment lancée. Mais même si on n'obtient pas l'unanimité, il faut espérer qu'un admin se prenant plus de 50% de rejets aura l'honnêteté intellectuelle de démissionner. S'il refuse, on peut toujours demander au Comité d'Arbitrage de revenir pour finir le travail en le démissionnant: je vois mal les arbitres refuser. S'il fait un score honorable, ça sera par contre le moment pour les demandeurs de se remettre en question.

Je suis admin et je ne veux pas être atomisé! Que faire?
Ne pas braquer contre vous 75% des gens, y compris et surtout ceux avec qui vous n'intéragissez pas, est un premier pas. Ouvrir une page de contestation peut être un deuxième. Mais si on vous traîne régulièrement au Comité d'arbitrage et que vous perdez tout aussi régulièrement, et pour les mêmes raisons, et que ça génère du bordel, vous pouvez aussi prendre les devant et démissionner (ou demander une confirmation, dont vous pourrez en plus fixer les termes). 

Pourquoi ne l'utiliserait-on pas tout de suite?
Parce que plein de raisons. La première, c'est qu'après toutes les émotions de cette semaine il serait bon de passer à autre chose4. La deuxième est que Grimlock vient juste d'être sanctionné par le Comité d'arbitrage, et qu'en dépit de ses récriminations cette décision sera appliquée: il devra donc désormais choisir entre son balai (qu'il aime visiblement beaucoup) et ses copains (qui l'aiment visiblement beaucoup). 

Enfin, on a déjà dix élections en cours (plus les sondages, plus une ou deux Prises de décision), ça fait beaucoup de nombrilisme communautaire: il est grand temps de passer à quelque chose de plus productif. Jusqu'à la prochaine fois bien sûr.

Et donc?
Le fait d'en parler à l'avance et publiquement permet de s'assurer que l'idée fera gentiment son chemin chez tout le monde. Si elle est lancée, personne ne pourra crier à l'attaque surprise: c'est la motivation principale de ce billet. En attendant, ce chapitre est -provisoirement- clos.

Demain, ce blog vous parlera à nouveau de géolocalisation.



1. Heureusement, car sinon il faudrait peut-être supprimer la page d'annonces, créée en décembre 2005.
2. Auquel cas ce serait du vent, bien sûr.
3. Présentons les choses différemment: vous lancez une bombinette contre un ou plusieurs admin(s), et la consultation se termine par une solide confirmation pour lui/eux: si votre cas venait par la suite à être évoqué sur le bulletin des admins pour une histoire ou une autre, quelle attitude pensez-vous que les administrateurs auront vis-à-vis de quelqu'un qui aura trollé un des leurs à tort? Vae victis, comme on dit.
4. Ce billet est prêt depuis jeudi mais j'ai un peu différé sa publication, histoire que les humeurs se calment pendant le week-end.

jeudi 14 avril 2011

Dont acte

Ainsi donc, le Comité d'Arbitrage (CAr) a été plutôt sympa avec Grimlock qui, en retour, a eu besoin de quasiment 12'000 octets pour dire que les décisions du CAr il s'asseoit dessus, et que pour ce qui est de remettre son mandat d'administrateur en jeu en demandant un vote de confiance à la communauté (vu que le CAr est si manifestement dans l'erreur), il s'asseoit dessus aussi  .

Comme disait l'autre, plus on se justifie, plus on sait qu'on a des trucs à se reprocher.

Mais je suis d'humeur badine; je n'hésite donc pas à vous donner un petit historique complet:

Grimlock est cet administrateur un peu atypique dans la mesure où il a eu besoin de non pas une mais deux candidatures pour être élu. Et encore, il est passé aux repêchage, grâce au fameux pouvoir discrétionnaire de bureaucrates qu'on a vu mieux inspirés (notamment par exemple avec Bokken, élu dans la même foulée et qui à mon souvenir n'a jamais antagonisé autant de monde à la fois). J'ai vérifié, il y a eu avant lui un seul candidat sysopé avec autant de votes contres.

Mais c'est de l'histoire ancienne.
Et ça, c'est un forceps.
Grimlock est élu en avril 2007, donc, et administre somme toute pas si mal que ça puisqu'il faut quand même huit mois pour qu'un arbitrage soit lancé à son encontre sous prétexte qu'il empêchait quelqu'un de jouer avec les boîtes utilisateurs des autres. Bon, soyons honnête, à part un ou deux arbitres lui reprochant ses "remarques cassantes" on lui donne globalement raison - et on a bien, euh, raison.

Six mois, non, cinq mois, non quatre mois passent entre le rendu du 19 février 2008 et ce mois de mai où les fleurs volent au vent et, apparemment, les requêtes en arbitrage à son encontre aussi. D'abord le 4, de concert avec.. Meodudlye1, puis le 15, seul mais cette fois pour "comportement anti-wikipédien inadmissible". La vache. On y allait pas avec le dos de la cuiller, à l'époque.

Grimlock est bloqué les deux fois (+un désysopage d'un mois), mais c'est au final assez léger.

J'aimerais m'arrêter un instant sur ce désysopage, qui en fait suit la démission de l'impétrant. Les arbitres avaient été malins, car le désysopage ne prenait effet que si celui-ci venait à redemander ses outils. Il est à noter qu'entre juin (démission) et octobre (retour), le nombre de contributions de Grimlock aura été exactement de une (1). Ah ben non, en fait c'était pour confirmer sa démission, donc on dira plutôt zéro (0).

Grimlock nous revient et rapidement, c'est à dire en moins de 100 contributions, se rend compte que le balai d'admin lui manque pour pouvoir contribuer: il demande donc à récupérer ses "pouvoirs" (le terme est de lui) et un bureaucrate qu'on a connu plus inspiré les lui rend. 

Ah, le pouvoir. 

Son taux de contributions remonte un peu, et cahin-caha la vie reprend, en tout cas jusqu'à ce wheel war splendide avec un autre administrateur, concernant le (dé-)blocage de... Meodudlye. Un troisième arbitrage est lancé. On est le 28 décembre, Grimlock aura tenu exactement un an sans faire de vagues (en tout cas dont on se souvienne sans trop fouiller les historiques). On est toutefois entre gens de qualité, on s'arrange à l'amiable et Grimlock démissionne le 28 décembre 2009, pour deux mois. Il contribuera exactement dix fois en janvier suivant: quatre fois sur sa page utilisateur, six fois sur le bulletin des admins.

Wikipédia, pendant ce temps, dépasse allégrement les 900'000 articles. Ca sera, pour le coup, sans son aide.
Il était probablement sorti.
Mais Grimlock nous revient, il est en forme, et à peine les outils réattribués fin février par le même bureaucrate qui décidément n'apprend rien2, le voici qui se présente aux élections du 12e Comité d'arbitrage.

Le bureaucrate qui n'y comprend rien est élu arbitre et Grimlock, étonnamment, recueille 61,25% des suffrages... contre lui.

Il n'y a pas de justice.

Si j'étais lui et s'il devait y avoir un moment où l'épiphanie se réalise que le CAr, c'est pour les andouilles, c'est bien celui-ci. En tout cas j'aurais cette épiphanie si je n'étais pas capable de me remettre en question. Sinon je commencerais à me dire qu'il y a un soucis quand à ma légitimité. Les élections d'admins, après tout, sont une question de confiance, et visiblement plusieurs personnes semblaient d'avis que la réponse n'était plus la même que quatre années auparavant. 

Avance rapide jusqu'en février 2011 où, après moult péripéties et interventions sur le bulletin des admins pour objecter à dix des vingt admins qui se prononcent pour le blocage de Meodudlye2, parfois en des termes peu amènes et en leur demandant au passage de s'autobloquer pour avoir osé se conduire comme les punks qu'ils sont.

Résultat, un contributeur pas admin et un peu sorti de nulle part lance -un peu n'importe comment- un méga arbitrage contre lui.
Ressemble à Zorro, se bat dans l'arène wikipédienne comme le sergent Garcia.
Requête qui tombe bien évidemment en eau de boudin. Arrive enfin Hamelin qui en lance une nouvelle le mois dernier. Le reste, comme on dit, c'est l'histoire qui vient de s'écrire: les arbitres disent que oui, Grimlock s'est mal conduit, qu'il devrait se tenir loin de tous ces endroits où la tentation de troller est forte (par opposition à tous ces endroits où la tentation de contribuer à des articles l'est un peu moins) et, si jamais il n'y avait pas pensé, il pourrait demander confirmation de son statut, à ses conditions, auprès de la communauté.

J'apprécie énormément mes collègues, mais là je vais être franc et avouer que je les ai trouvés un peu naïfs.

Grimlock leur dit de se mettre leur arbitrage là où le soleil ne brille pas, et d'emmener avec eux le bubu sournois et incompétent -et sournois- qui l'avait resysopé (et qui pour le coup était de toute façon récusé, parce que sournois).

Car l'important, voyez-vous, ce n'est pas les doutes que les autres peuvent avoir. Ce n'est pas de s'être pris trois ou quatre requêtes d'arbitrage sur trois ans et pour quasiment le même motif. Ce n'est pas non plus que les gens qu'on critique et dont on dénonce la légitimité soient régulièrement -et largement- réélus. L'important enfin ce n'est pas, dans un dernier baroud d'honneur, de vouloir prouver qu'on a raison contre les Méchants en prenant la communauté à témoin, quitte à retourner contribuer comme tout un chacun en cas d'échec.


L'important c'est de garder son pouvoir, bande d'andouilles.


1. Ce sont les vieilles blessures de guerre qui créent les plus longues amitiés. Dans ce registre ne lisez d'ailleurs pas Sourire de loup, de Zadie Smith, encensé par la critique et qui est, très objectivement, mauvais.
2. Et réattribue les outils sans qu'il y ait besoin d'en faire la demande! Quel con!
3. Je vous l'avais dit: frères d'armes un jour, frère d'armes toujours. Le (mauvais) bouquin se termine d'ailleurs par un des personnages prenant une balle pour son copain de régiment.

lundi 21 mars 2011

Touitteur power

Un truc assez fascinant est arrivé le mois dernier: on a retwitté un billet de ce blog. Je vous laisse, à l'aide du  graphique ci-dessous, deviner comment je m'en suis aperçu:
Fréquentation du blog, février 2011.
La ligne de base, on ne le voit pas trop, évolue en fait entre 25 (pas de billet, âmes en peine) et 90 (nouveau billet, on se bouscule) visiteurs uniques. Sauf le 15, où vous étiez plutôt 397.

Ca surprend.

Que paso? Souvenez-vous que le 14 février dernier je vous parlais, lecteurs fidèles, de mon escapade sur le Nil. Le billet a commencé à circuler grâce à la Prez' sur Twitter ("le gars tout seul sous les pyramides #touristealacon" ou un truc dans le genre) et bref, voilà, avec seulement 11 retweets j'ai été la nouvelle nanostar du web francophone - en tout cas jusqu'à ce que quelqu'un ait trouvé une nouvelle photo de chat (soit environ 3h plus tard). Voila pour la petite histoire.

La petite histoire dans la petite histoire, c'est qu'une semaine plus tard j'y suis retourné (à ce prix là c'était une affaire en or, et pour le reste il y a Mastercard). Il n'y avait toujours personne, mais on ne m'a cette fois pas laissé rentrer avec mon appareil photo. J'ai quand même pu prendre quelques trucs sympas avec l'iPhone qu'il me reste encore à convertir et téléverser:



jeudi 10 février 2011

Goal!

Si on veut quelque chose, la première étape c'est de demander. Poliment de préférence.

Et si vous vous débrouillez bien, vous pouvez finir avec des images comme celle-ci:

Cabale argentine
ou bien celle-là:
Platini, ou un truc dans le genre.
L'exploit est signé Ludo et Inisheer, dont la méthode semble pouvoir se résumer à:
Je ne suis même pas sûr qu'elle aime le foot.
  1. Contacter les représentants du stade ou de l'équipe qui joue dans le coin (en l'occurence ici le staff du Stade de Genève, pour Argentine-Portugal qui s'y déroulait hier soir);
  2. Expliquer qu'on prend des photos pour Wikipédia;
  3. Prendre des photos pour Wikipédia;
  4. Dire merci et partir uploader tout ça chez soi.
Bon, je pense que ça aide si on a déjà un travail à montrer et si on se comporte de manière pro avec du matos de pro1, mais c'est plus un comportement qui s'apprend qu'une réelle question de moyens (et ça ne veut pas dire que toutes les portes s'ouvriront magiquement parce que vous dites vouloir faire des photos pour WP). 

Dans le cas d'espèce je sais qu'ils ont commencé avec le hockey, de préférence une équipe de seconde zone comme, euh, Fribourg-Gottéron, et ont gravi en deux ou trois saisons les échelons du cool pour finir, on l'espère, avec Genève-Servette qui, depuis le début, les prend de haut2.

Comme quoi il suffit de demander. Ou c'est le premier pas qui coûte. Ou qui ne tente rien n'a rien. Bref, vous aurez compris le message.


1. Je confirme que Ludo a du gros matos, et n'arrête pas de se promener avec pour le montrer à qui veut bien.
2. Note en passant: si vous avez l'occasion de regarder Les régles du jeu, faites-le. Excellent film. 

lundi 27 décembre 2010

A propos des commentaires

La ligne rouge à ne pas franchir.
Petite mise au point: les commentaires, sur ce blog, sont libres. J'ai pour principe de ne pas censurer, et j'ai le cuir épais: vous pouvez y dire n'importe quoi, critiquer, contester, digresser, voire même souligner combien je suis une andouille ou variations sur ce thème (certain habitués se reconnaîtront). Vous pouvez également vous écharper entre commentateurs - ça change du bistrot, ça met de l'ambiance, bref rien à redire là non plus.

La limite (car il y en a une), c'est quand lesdits commentaires servent à régler vos comptes (via noms d'oiseaux et/ou dévoilement d'identité) avec des personnes qui ne participent pas à ce blog et qui donc, a priori, n'ont pas idée que vous utilisez le vaste internet pour leur casser du sucre sur le dos. C'est d'une part abuser de mon hospitalité, et d'autre part ces comptes seront bien mieux réglés directement et entre adultes, que ce soit sur la page utilisateur de la personne qui doit souffrir votre inimitié, ou par email. Mais, dans tous les cas, pas de ça chez moi (je viens de supprimer un de ces messages, d'où la présente intervention).

Plus généralement, et de manière bien moins sérieuse, s'il y a bien quelque chose que j'ai remarqué (les collègues blogueurs confirmeront ou pas) c'est que ce ne sont pas les billets que j'aurais a priori trouvés les plus intéressants qui suscitent le plus de réactions. Parfois c'est même le silence radio sur un truc qui je pensais allait changer la face du monde -auquel cas je me demande si je ne délire pas tout seul dans un coin. D'autre fois, les remarques portent sur un point tout à fait annexe ou qui n'a même rien à voir avec ce qui m'a donné l'idée d'aborder le sujet du jour. C'est intéressant, ça montre que chacun voit midi à sa porte et que d'une personne à l'autre il y a souvent un sacré décalage horaire.

J'ai lu un jour qu'un bon billet de blog, ça devait être au final trois minutes de détente offertes au lecteur et rien de plus. C'est loin d'être faux. Mais commentez, commentez, ça n'a pas besoin d'être toujours super profond et ça fait (presque) toujours plaisir, en retour, de se savoir lu (les collègues blogueurs confirmeront - ou pas).

mercredi 22 septembre 2010

Plus forts que CNN

Vous n'êtes pas sans l'ignorer, depuis ce matin le Conseil fédéral suisse est constitué d'une majorité de Conseillères (une version inédite de la formule magique dont personne ne connaît de toute façon la recette). La socialiste Simonetta Sommaruga a été élue ce matin au 4e tour pour succéder à Moritz Leuenberger. Félicitations à elle.

Ce qui est rigolo (et plus intéressant pour ce qui concerne Wikipédia), c'est que l'info aura été publiée à 10h19 (Heure de Berne) sur le projet
...et à 10h20 sur le site du quotidien de référence romand Le Temps

...voire 10h21 sur celui de l'Agence télégraphique suisse (ATS)


Pendant ce temps, sur Wikinews, vers 11h15:

(à leur décharge, CNN n'a toujours rien dit non plus)

Update: on dirait en fait que la nouvelle était sur Wikinews 1h avant que l'élection n'ait lieu (ça indique 9h CET chez moi). Ce n'est plus de la réactivité, mais de la prémonition!

lundi 16 août 2010

The Lose Brothers

Juillet 2010 : cela fait quelques décennies que mon Frère Jake est cloîtré au même endroit. Coup de bol, il a droit à une permission d'une semaine et prévoit de voir du pays. Je m'arrange pour être dans le coin et partager avec lui le début du voyage. J'ai des trucs à voir avec lui de manière urgente... un orphelinat dont il faut vite s'occuper. Faisons d'une pierre deux coups et utilisons intelligemment sa perm'.

Mon chauffeur met huit heures (repas compris) pour couvrir la distance avec le lieu de détention de Jake, alors que deux heures nous séparent . Je dois dire que j'avais une liste de Monuments Historiques (et autres pymousseries plus classiques) à photographier, ce qui nous a pris du temps et fait passer par des bleds improbables et de jolis villages. Pour Jack, c'est l'heure de sortie (un peu en retard sur celle prévue) : un costume blanc, un chapeau blanc et des lunettes... noires. On fait une pause déjeuner chez mon chauffeur puis, après le repas, je me mets au volant et en route vers le nord : Jake et Elwood sont de sortie (et personne d'autre).

Nous avons légèrement allongé l'itinéraire mais nous sommes à l'heure lorsque les pneus de ma voiture crissent sur le gravier d'une belle propriété. Je dis à Jake que je connais pas mal les gens qui vivent là, ils sont voisins de l'orphelinat et vont nous aider et nous héberger. Le temps de dire un bonjour rapide et nous sommes dans l'orphelinat avec ledit voisin, son appareil photo de pro et une échelle. Jake est un expert en la matière : il a beaucoup étudié cet orphelinat sans jamais y mettre les pieds, aussi il lui tient à cœur. Il discute avec un autochtone, pose pas mal de questions et guidant en même temps le voisin qui photographie à tout va les murs de l'endroit.

Je me dis que Jake apprend peu de choses même s'il se rend mieux compte en vrai de la situation actuelle. Mais j'ai tort car l'autochtone nous apprend qu'un peintre a peint les peintures murales à la fin du XIXe siècle. Et qu'on peut y voir des détails qui ont disparu depuis. L'œil de Jake s'allume quand l'autochtone lui montre un cliché de cette aquarelle. Jake demande où on peut les voir (les aquarelles), la réponse fuse : dans le musée de la grande ville du coin. Fidèle sidekick, je note sur un bout de papier le nom de l'artiste ainsi qu'une date de son œuvre.

Le soir venu, nous mangeons chez les voisins en regardant les photos faites ce jour là. J'avais prévenu Jake que le photographe était assez réticent à téléverser des photos sur Commons (j'ai déjà essayé dans le passé) un peu pour des raisons technico-bureaucratiques (formulaire d'upload) et un peu car il n'a pas envie que n'importe qui puisse prendre ses photos, surtout pour les commercialiser. « T'en fais pas, Elwood, on est en mission pour le Seigneur, on ne peut pas échouer » me dit-il. Et en effet, il arrive à embrouiller le gars en trois secondes et à ce qu'il accepte de mettre les photos sous licence libre. 1 Je suis bluffé, je dois dire.

Je le suis un peu moins quand deux heures plus tard, Frère Jake se rend compte que son train du lendemain part en fait.... le surlendemain. Enfin si ça se trouve, c'est fait exprès et il a tout prévu ! Cela dit, si (quand) on apprend ça sur son lieu de détention, il ne va pas voyager avant un bout de temps. Le jeu en vaut la chandelle, après tout on est en mission pour le Seigneur.

Avec vingt-quatre heures de plus, on a le temps pour aller au musée de la grande ville. Jake se présente et demande à voir lesdites peintures. « On me les a déjà demandées dans le passé... Elles ne sont pas visibles par le public, il faut voir avec la conservatrice » dit le caissier. « Aucun souci, vous pouvez l'appeler ? » dit Jake. « Tout à fait, répond l'employé, vous restez combien de temps en ville ? ». « Cet après-midi seulement en fait » répond Jake. L'employé écarquille un peu les yeux pendant que Jake et moi nous excusons de venir aussi au débotté (j'ai fini de noter les noms importants sur un bout de papier). Le caissier parle à la conservatrice et explique notre cas. Nous n'entendons qu'un côté de la conversation mais cela se passe bien. Il raccroche et nous dit qu'elle est d'accord mais n'a que cinq minutes à nous accorder. Nous le remercions de sa diligence et allons à l'étage rencontrer la conservatrice. En chemin, je dis à Jake qu'avoir des photos sous licence libre, cela risque d'être coton. « Aie confiance, Elwood, on est en mission pour le Seigneur, on ne peut pas échouer »

Les cinq minutes durent en fait un bon quart d'heure le temps de regarder chacune des peintures, de donner notre opinion, d'expliquer la démarche. Jake fait encore des miracles : le musée lui enverra les photos déjà faites des peintures. Si elles ne sont pas de qualité acceptable, le voisin de l'orphelinat se propose de retourner pour en prendre des meilleures. De son côté, le musée est d'accord pour distribuer les photos librement, tant que l'auteur est crédité. Carton plein pour notre mission, Jake repart le lendemain matin avec les photos de l'orphelinat (triées, calibrées) et une promesse de courriel venant du musée. Ce n'est pas trop la lose en fait. Chapeau, Jake, au plaisir, si t'as une prochaine permission !


1. A la « Ce ne sont pas ces droïdes que vous cherchez ».

vendredi 2 juillet 2010

Il était une fois dans Wikipédia

Il fait chaud, très chaud, à Wiko Pueblo. La tension a toujours été palpable dans cette ville-frontière aux contours incertains mais toujours en expansion. Bavardage anodin qui tourne mal, regard de travers, tricheries au poker et toujours, toujours ces pieds-tendres qui ignorent tout des lois locales, surtout celles qui ne sont écrites nulle part. Les plus importantes. Mais le trafic est intense, c'est le seul pueblo de l'Ouest où l'eau est pratiquement gratuite.. Le commerce est florissant, le Pueblo ne cesse de croître, crée quelques hameaux aux alentours.

Il n'y a pas vraiment de police, dans ce Pueblo. Juste une bande de vachers (et quelques vachères) expérimentés qui ont fait leurs preuves en gardant des milliers de tête, aidant souvent à la mise bas ou à l'engraissement, quitte à parfois abattre les animaux trop malades pour apporter quelque chose au troupeau. Les vachers ont un flingue et s'en servent.

De temps à autre, parfois tous les jours, les esprits s'échauffent. Comme aujourd'hui. Ad le Chat commence à s'attirer une mauvaise réputation, devenant de plus en plus irascible et intraitable depuis un bout déjà. Selon son humeur, qu'il a souvent mauvaise, il n'est pas rare de voir le passant traité de voleur de bétail. La rumeur commence pourtant à courir qu'Ad le Chat commence à dépasser les bornes, même avec les pieds-tendres... D'ailleurs il a déjà non pas un mais deux procès aux fesses et ça commence à sentir un peu le sapin. Surtout depuis qu'on lui demande de prouver certaines accusations et que, bizarrement, les preuves tardent à venir. Un cousin éloigné doit les amener sous peu, mais vous savez comment sont les diligences, toujours plus lentes que ce qu'on espère. En l'état, ce qui semble sauver Ad est surtout la disparition soudaine et inexpliquée de plusieurs juges.

Mais cette disparition n'aide pas à calmer les esprits, bien au contraire. Dernièrement, c'est Henry le Corsé qui a décidé qu'il est temps de passer aux actes. Vieux vacher, il en a vu beaucoup, connaît le pueblo comme sa poche et a trempé dans quelques sales coups. De manière générale c'est plus la justice de son flingue que celle des juges qui a ses faveurs. Le Corsé n'a jamais fait mystère de son inimitié pour celui qu'il appelle "l'ex-citoyen du pueblo": il harangue les autres vachers pour qu'on règle enfin son compte au Chat, mais ceux-ci sont partagés. Laissons faire les juges, on n'est pas des cowboys. Finissons en tout de suite! Il élève du beau bétail. A mort les juges! Le saloon est en effervescence, on commence à dégainer et agiter quelques six-coups.

Et ce qui devait arriver arriva. La dernière harangue de Harry le Corsé énerve Ad le Chat, qui se sent harcelé. Sentant les vents du saloon lui être de plus en plus contraires, il opte cependant pour l'impensable et fait appel aux juges, ceux-là même qu'il ballade depuis 4 ou 5 mois et avec qui il est d'habitude avare de compliments. Des juges, ça tombe bien, il y en a un ce soir là.

Il s'appelle Pepe el Perro.

En plus d'être juge, Pepe est armurier et tient les registres de la ville. Si vous avez obtenu un permis de port d'arme ou désirez changer de nom, c'est à lui et aux siens qu'il faut s'adresser, paisibles qu'ils sont dans leur salon de thé pour troisième age. Il distribue les flingues, donc, mais a remisé son arme il y a quelques temps déjà. Il garde encore quelques bêtes ici et là, pour se détendre, des animaux tranquilles qui n'aiment pas ruer. Il s'essaie à la peinture. On dit qu'il prospecte depuis quelques temps dans le Sud.

La plainte a été déposée. Encore et toujours les mêmes accusations. Harcèlement, complot, vol de bétail ou on ne sait quoi. Le Corsé aurait tiré dans le dos d'Ad il y a plusieurs mois de cela. Il est temps d'obtenir justice. Autant dire que ce n'est pas ça qui va calmer les esprits. D'ailleurs ils s'échauffent, et même les juges vivent assez mal ce dernier rebondissement. L'un d'entre eux appelle même à la mise à feu du tribunal! Quelques flingues de plus sont dégainés, sauf qu'on ne sait toujours pas sur qui tirer. Il est improbable que les choses se calment, la bagarre de saloon guette.

Puisque les flingues sont sortis, autant s'en servir. Et là, Pepe sort sa paire d'as.

Il demande des mesures conservatoires.

De fait, c'est moins une demande qu'une affirmation. Que le premier qui moufte récolte une dizaine de balles dans le genou. Le Chat ou le Corsé, peu importe. Ces derniers comprennent, ils connaissent les vachers. Pas tout le temps les gachettes les plus regardantes. Ou plutôt si: "Il a regardé machin de travers, j'ai préféré lui tirer dans le pied en guise d'avertissement".

Ad cesse de meugler, le Corsé cesse de haranguer. Les colts sont pointés dans deux directions plutôt que trente-six. La Paix, précaire, est revenue sur le Pueblo. Beaucoup retournent à leurs vaches ou à la chasse aux voleurs à la petite semaine. 

Pepe rentre au tribunal pour célébrer une petite mise en terre symbolique des juges disparus, vider leur casier. Une fois ceux-ci déclarés officiellement morts, les affaires devraient pouvoir reprendre.

En tout cas il y travaille.


Cette histoire est une adaptation romancée de faits historiques avérés. Aucun animal n'a été blessé pendant la rédaction de ce billet.

lundi 26 avril 2010

Paille et poutre

Sur le blog de Predictably Irrational, extension de l'excellent bouquin du même nom, ce billet intitulé "Pouvoir et hypocrisie morale" dont je vous livre une traduction in extenso et impromptue:
"Joris Lammers et Diederik A. Stapel (de l'université de Tilburg) et Adam D. Galinsky (de Northwestern University) ont mené cinq expériences sur la morale des faibles et des puissants.

Simulant une organisation bureaucratique, les participants furent assignés aléatoirement à un poste de pouvoir (Premier ministre) ou subalterne (fonctionnaire), le Premier ministre pouvant contrôler et diriger les fonctionnaires. Les chercheurs présentent ensuite lesdits participants avec un dilemme moral sans aucun lien apparent avec leur poste: oubli de déclaration d'une partie des revenus au fisc, violation des règles de circulation, et possession d'un vélo volé. Dans chacun des cas, les participants devaient noter l'acceptabilité de chaque acte sur une échelle de 1 (complètement inacceptable) à 9 (complètement acceptable).

La moitié des répondants devaient indiquer le niveau d'acceptabilité de l'acte s'ils l'avaient eux-même commis, tandis que l'autre moitié devait juger du cas où d'autres l'auraient commis.

En comparaison de ceux dénués de pouvoir, les puissants se sont avérés plus stricts sur leur jugement des transgressions des autres, mais plus laxistes en ce qui concernait leurs propres torts: "le pouvoir augmente l'hypocrisie, c'est-à-dire que les puissants montrent un plus grand écart entre ce qu'ils font et ce qu'ils recommandent".

Joris et Adams émettent l'hypothèse que cette connection entre hiérarchie et hypocrisie est liée à la conscience des droits qui viennent avec toute position de pouvoir. Mais que se passe-t-il si vous enlevez ces droits en signifiant aux participants que leur pouvoir est illégitime? L'effet pouvoir-hypocrisie devrait disparaître.

Afin de tester leur idée, il fut demandé à 105 étudiants néerlandais de décrire une expérience lors de laquelle ils furent soit aux commandes, soit soumis aux évènements. La moitié des participants devaient parler d'une occasion où leur statut, bas ou élevé, était mérité (et légitime), tandis que l'autre moitié parlait d'une situation où ce même statut était immérité. On leur demanda ensuite de classer l'acceptabilité du dilemne du vélo cité plus haut.

Résultat: quand le pouvoir (ou son absence) était légitime, les puissants firent montre d'hypocrisie morale (jugeant les autres plus sévèrement qu'ils ne se jugeaient eux-même), alors que ceux dénués de statut étaient beaucoup plus cohérents - exactement comme lors de l'expérience précédente. Mais lorsque le pouvoir (ou son absence) était vu comme illégitime, les puissants ne firent pas montre de cette même hypocrisie: celle-ci était au contraire inversée, les puissants illégitimes étant plus stricts envers leurs propres transgressions qu'ils ne l'étaient envers les autres."
Si vous n'avez pas encore fait le lien avec Monsieur de la Fontaine, ce n'est pas grave. Par contre, ce qui est vraiment intéressant est qu'on a là une démonstration de ce que beaucoup de gens ont déjà relevé intuitivement, à savoir l'existence sur Wikipédia d'une prime à l'ancienneté: celle-ci ne protège pas simplement les admins, mais bien tous ceux ayant l'enviable statut de "piliers" (le statut wikipédien étant essentiellement social). L'inverse est également vrai lorsque l'on a affaire à ces nouveaux contributeurs venus pousser leur point de vue, et qui face à la résistance communautaire ont assez rapidement tendance à considérer la position des admins comme illégitime (traduire par "stalinienne" ou "fasciste"), occultant au passage leurs propres torts.

Je doute qu'en avoir conscience change quoi que ce soit dans nos attitudes respectives, mais tout au moins pourra-t-on se dire qu'on n'a pas rêvé.


Dan Ariely, Predictably Irrational: The Hidden Forces That Shape Our Decisions, 304p., 2008, 9€; disponible en français sous le titre C'est (vraiment ?) moi qui décide et pour... 19€!

samedi 20 février 2010

Vol au-dessus d'un nid de coucous

C'était un vendredi soir. Je m'en souviens comme si c'était hier. En grande partie parce que, justement, c'était hier.

Je rentrais de je ne sais plus où, y ayant commis je ne sais plus quoi quand, bêtement, j'ai allumé l'ordinateur et jeté un oeil à ma liste de suivi. J'ai souvent des idées idiotes, dont la touchante naïveté est malheureusement indépendante de mon taux d'alcoolémie (voire, à mon grand dam, parfois inverse à celui-ci). J'ai du coup récemment entrepris de classer dans cette catégorie toutes ces épiphanies qui, à première vue, semblent empreintes du plus rustique bon sens: ce sont souvent les pires.

Vous serez peut-être au courant de ma dernière proposition géniale: suite aux diverses remarques sur l'ambiance des élections et la propension qu'ont les votes à tourner en attaques au lance-flammes entre parties opposées (toujours au corps tout à fait défendant du candidat, par ailleurs), d'acter à titre expérimental un déplacement des commentaires de commentaires de vote en page de discussion, suivant l'axiome (encore une fois plein de bon sens) ''les votes en page de vote, les discussions en page de discussion".

Bref, je vois qu'en mon absence et suite à une remarque d'Esprit Fugace1 lors de la candidature d'Hadrien, Meodudlye a répondu - juste en dessous.

Tout à ma petite-expérience-qui-ne-peut-faire-de-mal-tellement-elle-est-pleine-de-bon-sens, je déplace donc tout cela en page de discussion.

Meodudlye me révoque, arguant de son droit de réponse à une "attaque personnelle caractérisée". Effectivement, dans le 9-3 on s'est déjà fait caillasser pour moins que ça.

Je ne me démonte pas (en fait si, ça m'a foutu en rogne) et remets les choses à leur juste place. Je me fends d'un mot à Meodudlye pour lui signaler que s'il a un problème avec le comportement de quelqu'un, c'est sur la page de requêtes aux admins qu'il doit s'adresser si tant est qu'il ne demande pas quelque chose d'outrancier (première erreur)2.

Ignorant que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, il m'écoute et m'épargne une guerre d'édition à 23h. Je suis content. J'ajoute, à tout hasard, qu'il devrait réfléchir aux possibles retours de balancier3. Il me répond qu'il n'a pas de souci avec l'éventuel rejet de sa demande. Je suis vraiment content, celle-ci sera évidemment rejetée, personne n'y fera attention au milieu de la nuit: un beau bordel d'évité.

Sur ce je vais me coucher, samedi j'ai ski.

Le lendemain réveil, journée plaisante et ensoleillée, fatigue, retour et coup d'oeil sur ma liste de suivi.

Et là, c'est le drame.

Esprit Fugace a été bloquée: deux heures (2e erreur). Meodudlye est bloqué: deux heures. Darkoneko, qui devait sortir de voir un film où un Japonais meurt inutilement mais honorablement, jette une grenade et saute dessus - deux heures pour lui aussi.

L'affaire est immédiatement répercutée sur le bulletin des administrateurs (3e erreur). 20 utilisateurs commettent 75 interventions de qualités très inégales. Alchemica démissionne de son statut d'admin et bureaucrate.

Je vous engage à prendre une seconde pour relire le sous-titre de ce blog ("Réflexions aléatoires etc.").

...

Reprenons:
  • J'imagine une expérience de bon sens avec un modèle tout bête, sans même un seul paramètre;
  • J'utilise ce dernier;
  • Trois utilisateurs sont bloqués dans la foulée;
  • Un bureaucrate démissionne.
...

Mon kung-fu est puissant.

Ou alors les pages communautaires représentent un gigantesque asile qui encourage les réactions et la surréaction. Au choix.


1: Je cite pour ceux qui ont la flemme de suivre les liens: "Meo *et* SM votent contre, ne peut faire qu'un bon admin". Oulala, un bel exemple de tacle à la carotide.
2: Je lui ai dit de demander deux heures de blocage s'il se sentait insulté. L'a-t-il pris comme un accord de ma part avec son point de vue? De mon côté, je me disais juste que s'il demandait plus il risquait de se faire bloquer lui, parce que justement la demande était suffisamment triviale pour être assimilable à un troll. Vouloir faire du damage control ne devrait pas empêcher d'être direct: je retiendrai la leçon.
3: Des fois qu'il ait oublié que l'outrancier constitue un peu sa marque de fabrique auprès de nombreux admins qui ne demandent qu'à le bannir: voir à ce titre peut-être le bulletin des administrateurs pour au moins la moitié des occurences de son nom ces douze derniers mois.