Affichage des articles dont le libellé est projets voisins. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est projets voisins. Afficher tous les articles

lundi 19 décembre 2011

Open Data Monument Mashup

C'est le projet français du jour: l'essentiel est à lire sur antidot, mais en gros il s'est agit pour un petit malin de:
  1. Prendre la liste des monuments historiques mise en ligne sur opendata, site du gouvernment français; faire pareil avec les gares SNCF;
  2. Prendre les photos de monuments historiques, notamment collectées lors du récent Wiki loves monuments (12500+), avec leur description;
  3. Géolocaliser ce qui ne l'était pas, grâce à Yahoo et Open Street Map, notamment;
  4. Bien mélanger.
et hop, on se retrouve avec un outil assez pratique pour savoir quel monument (ou quel type, ou de quelle époque) se trouve où (et réciproquement):

Des fois que vous alliez vous perdre dans le Finistère pour les fêtes.
Tout ça par une seule personne en quatre jours. C'est sobre, facile à naviguer, potentiellement utile et mieux fait que chacune des sources prises individuellement: et ça se trouve ici

jeudi 15 décembre 2011

Starcraft II

Vous l'aurez sans doute vu mentionnée ici ou , peut-être même aurez vous commencé à jouer avec: je parle bien sûr de la nouvelle interface d'édition de médiawiki, le logiciel qu'on trouve sous le capot de Wikipédia. Il n'y a pas à dire, c'est bien fait

C'est pareil, mais différent.
En gros on a supprimé la fenêtre d'édition pour permettre l'écriture directement dans le texte. Je me suis même pris à penser "wow, vivement qu'ils mettent tout ça en place!"

Et puis je me suis souvenu de Starcraft II.

Starcraft II, pour les ignares1, est la suite de Starcraft tout court, un des meilleurs jeux de stratégie en temps réel qui fut, et dont le scénario n'est pas fondamental au propos de ce billet. Ce dont il faut se souvenir, c'est que le premier opus fut un énorme succès à sa sortie en 1998. Un tel succès, à vrai dire, qu'on a assez rapidement compris (et annoncé) la sortie d'une deuxième version, vers le milieu des années 2000. Photos d'écrans et synopsis à l'appui.

La suite est effectivement sortie.

Douze ans après la première version. 

D'où l'intérêt de lire les petits caractères dans l'annonce faite sur le blog de la Fondation: mise en place prévue pour juin 2012, sur un petit wiki (e.g. un qui n'a pas trop d'infoboites ni de modèles imbriqués, a priori). Vu le temps qu'il a fallu pour sortir le "simple" redesign vector, la machine à chatons, et les boites à feedback (ces deux derniers n'étant il me semble toujours par disponibles de partout), je me dis que pour ce qui nous concerne, les francophones du troisième plus gros wiki, ça n'est pas gagné.



1. Ou les filles, soyons honnêtes dans le sexisme geek.

jeudi 6 octobre 2011

Lobbying

Je m'absente à peine 24h et voilà qu'à mon retour je découvre que Wikipédia en italien est fermée. La page d'accueil (et tout article auquel on essaie d'accéder) est remplacée par une note indiquant que face à la chienlit législative, la communauté avait décidé de tirer la plus grosse sonnette d'alarme qu'elle avait sous la main et, donc, de bloquer temporairement l'accès au contenu. Histoire d'inviter les gens à se soucier des risques que court, selon nos collègues italophones, le contenant.

Soit.

Je vous engage à lire bien sûr le billet d'Alexander Doria, qui a un peu pris le lead sur cette histoire, ainsi que les divers échos chez Wikimédia France, Linterweb, ainsi que chez David Monniaux, Moyg, Pierrot et Darkoneko (avec pour ce dernier le petit addendum qui va bien). Et ah, oui, tant qu'à faire, la  réaction officielle de la Fondation sur le sujet (en anglais). Du coup, on ne va pas faire un énième post sur ce qui se passe, mais essayer plutôt de savoir pourquoi ça s'est passé comme cela. 

Rien de nouveau sous le soleil
Reculons tout d'abord d'un pas: le projet de loi en question ne vise pas Wikipédia spécifiquement, ni ses contributeurs (ou son mode de contribution), mais concerne au premier chef la publication d'écoutes téléphoniques - d'où le nom de Loi sur les écoutes. Un paragraphe, le 29, exprime grosso-modo qu'en cas de publication contestée, la personne visée peut exiger la mise en ligne d'un correctif sous 48h et, très littéralement, sans autre forme de procès.

Il me semble ici que Wikipédia en italien serait la victime collatérale d'un projet de loi qui ne la vise pas. Notez que ce n'est pas vraiment nouveau: on a eu il y a quelques années la version anglophone qui était bloquée au Royaume-Uni pour la mise en ligne de la pédopornographique pochette de l'album Virgin Killers du groupe de rock Scorpions, ou ce projet de loi portugais à l'automne dernier, toujours dans les cartons, qui vise à rendre les droits d'auteur inaliénables mais, en passant, condamnerait tout schéma alternatif de type Creative Commons - qui je vous le donne en mille sous-tend Wikipédia. Enfin, pour rappel, on a aussi vu le député allemand Lutz Heilmann qui par décision de justice avait fait bloquer en référé l'accès à l'adresse www.wikimedia.de. Et je ne parle pas ici des propositions un peu plus fantasques qu'on voit passer à l'occasion, comme ce tout récent rapport de sénateurs new-yorkais visant à interdire le troll et le bannissement sur les canaux informatiques... Le bouton de blocage des admins est menacé! 

La première conclusion qu'on peut en tirer, à ce stade, est probablement que les gens qui nous gouvernent n'ont pas forcément Wikipédia en tête au jour le jour (et moins encore son fonctionnement). Et sauf à penser que nos gouvernants sont omniscients et hypercompétents par la simple magie du suffrage qui les porte, c'est probablement dommage mais somme toute assez normal. 

Luttes d'influence
Du coup, il est aussi normal pour Wikipédia - sa Fondation, ses chapitres locaux, ses utilisateurs- d'essayer de corriger le tir quand un sujet que ses contributeurs connaissent assez bien peut être indirectement affecté par des décisions ou projets de loi qui, à tout le moins, manquent d'inspiration. C'est tout le principe du lobbying, qui en France en particulier a bien mauvaise presse: au final, celui-ci ne fait pourtant que refléter la prise en compte d'intérêts particuliers ayant une connaissance pointue d'un sujet. Ceux-ci essaient d'influer dans un sens ou l'autre ceux qui décident de la politique générale1. Les premiers lobbyistes, m'est avis, sont ainsi les élus par circonscription, censés défendre le bien commun mais aussi au passage les intérêts des gens de leur coin (ou en tout cas ceux de la grosse moitié qui les a mis en place). Autre exemple: parmi les lobbyistes enregistrés auprès des institutions européennes on trouve une bonne moitié d'industriels (les premiers impactés par la politique de ce qui reste essentiellement le plus gros bloc commercial au monde), mais aussi 40% d'ONG, think-tanks, groupes académiques ou régionaux. L'important, in fine, est de maintenir un haut niveau de concurrence entre différents groupes d'intérêts, de manière à ce que leurs influences se contrebalancent.

En revenant au contexte italien, on a donc un projet de loi qui a priori vise à répondre à un problème particulier et qui, par inadvertance et/ou une formulation un peu hasardeuse, vise plus loin que ce que ses créateurs auraient pu penser. La communauté wikipédienne concernée2 décide donc de réagir et d'essayer d'influer sur ce texte. La communauté wikipédienne italophone, consciemment ou pas, décide donc de faire du lobbying. Bouh.

Que faire?
Tout choix politique, au final, se résume à un arbitrage entre gains et pertes potentiels. Toute décision a des effets négatifs, et tout le jeu pour un décideur consiste à savoir minimiser ces derniers. Suivant les caractères les priorités changent, mais en démocratie -en tout cas dans une démocratie occidentale moderne- un bon indicateur du sens du vent vient du retour médiatique que donnera telle ou telle décision: gouverner n'est pas seulement chercher la meilleure décision, mais surtout celle qui plaira au maximum de gens - ou déplaira au minimum. L'élu lambda, donc, écoute le bruit qui l'entoure.

Les italophones avaient au départ plusieurs options pour se faire entendre:
  1. Mener une politique d'engagement avec la presse, les parlementaires. Des rencontres, des meetings, des explications. Ca a en partie été fait, mais c'est quelque chose qui demande du temps et des moyens. Or au dernières nouvelles Wikimedia Italia est une association de volontaires, ne roule pas forcément sur l'or, n'a pas à ma connaissance d'employé dédié au relationnel;
  2. Mener une politique d'engagement plus générique, moins précise: c'est ce qu'on a apparemment tenté avec un sitenotice mis sur le site il y a quelques temps. Pour que ce sitenotice atteigne ses objectifs, il aurait essentiellement fallu qu'un (voire des) journaliste(s) ou parlementaire(s) tombe(nt) dessus, prenne(nt) le temps de le lire, et soi(en)t convaincu(s). L'efficacité potentielle me semble marginale -surtout avec des Parlementaires en majorité d'un age avancé. De fait, le projet de loi est resté à l'ordre du jour, inchangé;
  3. Faire du bruit. Beaucoup de bruit.
On voit qu'à ce stade les options sont en fait assez limitées. Vous noterez que je ne cherche pas à discuter la pertinence de l'analyse italienne quant aux retombées possibles de cette loi ou le fait d'utiliser le matériel encyclopédique pour arriver à leurs fins: l'important ici est qu'eux, en temps que communauté, aient décidé que cela méritait action.

C'est ainsi qu'on est arrivés il me semble à cette décision de fermeture temporaire de la version italienne: l'attentat-suicide, au final, est l'arme du pauvre.

Boum
Quand j'ai appris la nouvelle de la fermeture du site, j'ai fait la chose la plus logique qui soit pour en mesurer l'efficacité: j'ai acheté le journal. La Repubblica, pour être exact. Et j'ai effectivement trouvé un article sur cette fermeture:


Un quart de page dans la section "Politique"3 plutôt que "Technologies", ça ne me semble pas si mal. Il y avait également des liens en première page des sites webs de la Repubblica et du Corriere della Serra: c'est bien aussi. Un rapide tour sur google news me montre qu'on a plusieurs milliers de citations à travers la presse nationale: c'est carrément bon - je connais peu de campagnes de presse qui peuvent se vanter d'une telle couverture, y compris à l'international. On en parle encore aujourd'hui dans la Repubblica, avec Jimmy Wales qui se fend d'une déclaration: un évènement couvert sur plusieurs jours, c'est vraiment, vraiment bon. Et 270'000 soutiens en 24h au groupe Facebook (et 430'000 liens vers le communiqué partagés sur des pages utilisateurs) c'est aussi toujours ça, pour ce que ça vaut.

La machine est donc lancée et, apprends-je toujours via l'excellent blog d'Alexander Doria, il semblerait que le projet soit déjà en cours de modification. Pas encore là où on le voudrait, mais les lignes de front ont commencé à bouger.

Victoire, ou bien?
Bon, au final il ne faut pas faire la fine bouche: sans vouloir vendre la peau de l'ours, il apparaît que les italophones soient plus près d'obtenir la modification du texte qui les intéresse qu'il ne l'étaient il y a trois jours. Sans non plus leur donner tout le crédit -il y avait un contexte de protestations non négligeable-, ils auront probablement concouru à ce changement.  La nouvelle du black-out a par ailleurs réussi à faire surface en dépit d'une actualité chargée: entre la dégradation de la note de la dette italienne et la mort de Steve Jobs, cela montre l'importance de Wikipédia au sein du paysage médiatique italien et, par extension, le crédit dont celle-ci jouit. Elle a contribué à faire évoluer le débat sur un point particulier qui la concerne, ce qui est une démonstration de force.

Victoire tactique, donc, comme on dit dans les infoboxes d'articles sur les batailles.

Au niveau stratégique, par contre, il faudra attendre de voir le texte final pour décider. Mais on a déjà plusieurs questions qui se posent:
  • ce qu'on a fait une fois, qui prend tout le monde par surprise et les fait réagir, est toujours moins efficace quand on le ressort une deuxième fois. Quid de la prochaine proposition législative de la même eau, dans un, deux ou cinq ans? 
  • Est-ce que cela donnera aussi l'idée de faire pareil à d'autres versions linguistiques, avec le risque de dilution du crédit dont bénéficie Wikipédia si de telles décisions sont moins bien inspirées ou plus partisanes? Il est relativement inquiétant de penser que quelques dizaines de personnes puisse aussi rapidement prendre une telle décision - et WP.it est un gros projet: combien pourraient décider sur WP en danois?
  • Cela aura-t-il un impact sur la toute prochaine campagne de dons?
On risque aussi d'avoir de sérieuses critiques: que ce soit à l'interne pour avoir abandonné une neutralité stricte, sorti la grosse artillerie et mis la Fondation devant le fait accompli; ou à l'externe pour avoir indirectement pris position contre le Parti des Libertés, qui n'est pas encore voué à disparaître4.

Bref, tout ça pour dire que c'était un développement intéressant. Et à suivre.


1. Il faudra sinon m'expliquer comment on peut attendre que des élus du peuple soient tout d'un coup experts en éducation, droit matrimonial, droit pénal, assurance maladie, recherche fondamentale, droit bancaire et promotion de l'activité économique. Et ça, c'était uniquement pour les membres du Conseil national suisse, et uniquement pour le 30 septembre dernier.
2. A leur décharge, il faut souligner que dans de récents conflits la loi a permis l'assignation individuelle de membres de Wikimédia Italia pour des problèmes de contenu avec lesquels ils n'avaient rien à voir.

3. En fait c'est même "politique et justice", ce que je trouve très italien, comme association.
4. Et est même encore au pouvoir. Quoi que sur ce point c'était assez finement joué pour ne pas s'opposer à la loi dans son entier, qui dépasse le cadre wikipédien: WP.it a donc bien fait du lobbying et pas de la politique. Un des premiers amendements déposés l'a d'ailleurs été par un député PdL.

mardi 27 septembre 2011

Paris by day

On n'en parle pas assez, ou pas beaucoup, mais pourtant il y a une prise de décision (PdD) wikipédienne qui se prépare et qui me paraît intéressante: celle sur la remise en cause de l'exception au droit d'auteur pour les bâtiments récents

A l'origine du débat se trouve le fait qu'on prend des photos de bâtiments récents et que dans certains pays, on n'a pas le droit. La liberté de panorama, en France notamment, ça n'existe pas. Là où ça devient un peu tordu, c'est que cela concerne les bâtiments récents, mais également les modifications récentes de bâtiments anciens. Concrêtement, sur Commons:

Ca on peut....
...mais ça on ne peut pas.
La deuxième image Le deuxième objet, qui ressemble fichtrement au premier mais en bleu, est considéré comme une oeuvre d'art de par son éclairage spécifique: il est d'après la loi française sous copyright indépendamment du support, et donc on ne peut pas en copier la photo ou la distribuer à l'envi1. C'est balot mais, de fait, si l'on va sur les diverses catégories liées à la Tour Eiffel, on n'en trouve pas de nuit. Dura lex, sed lex. Des petits malins passent cependant régulièrement entre les mailles du filet, que ce soit sur Commons ou directement sur la Wikipédia francophone (où il est possible d'importer localement des fichiers).

La politique de la Fondation, nous dit-on, est d'avoir des images à la fois en conformité avec le droit US (assez libéral) et national (souvent moins). C'est un choix qu'on peut discuter à loisir, mais il faut faire avec: le piège, c'est qu'effectivement personne ne sera assez fou pour aller chercher noises à Wikipédia (mauvaise presse et tout), mais Commons se voulant une banque de médias réutilisables et certaines photos étant d'une qualité quasi-professionnelle, on peut légitimement s'attendre à en voir certaines apparaîtres sur des cartes postales ou albums commerciaux: Wikipédia n'est pas qu'un jouet pour Wikipédiens, on l'oublie trop souvent, et il faut donc penser assez large.

Le problème est relativement circonscrit et identifiable: on pourrait donc penser que 1) il n'y a pas vraiment de décision à prendre parce qu'il s'agit d'une politique de la Fondation (et ce sont eux qui paient pour le jouet, aux dernières nouvelles); et 2) au final la question devrait pouvoir se résumer à un simple oui/non.

Sauf qu'on est sur Wikipédia, et qu'une PdD sans discussions et argumentaires à rallonge2 n'est pas une PdD qui se respecte. On a même contacté la Fondation pour demander s'il n'y avait pas moyen d'avoir une exception à l'interdiction d'exception, au moins pour le contenu encyclopédique. Réponse de Moscou la WMF: niet.

Il me semble qu'après deux mois on soit dès lors assez bien partis pour avoir une question relativement simple, du style "Est-ce qu'on s'asseoit sur la loi française/belge/camerounaise, ou pas?". 

Je crois qu'on aura des surprises parmi certaines réponses.



1. Y compris sur le présent blog, mais il faut bien dire de quoi on parle.
2. Quoi que de bonne tenue, c'est assez rare pour être souligné.

dimanche 4 septembre 2011

Apprenons de nos erreurs

En tout cas des miennes. Si vous passez sur Wikipédia en ce beau mois de septembre, il y a de fortes chances pour que aperceviez le bandeau suivant en haut de page:

Ca ou quelque chose dans le genre.
Wiki Loves Monuments, rappelons-le, est ce concours européen qui vise à encourager les masses tout aussi européennes à photographier les monuments historiques (MH) qu'ils voient, et à partager le résultat sur Wikimedia Commons pour que tout le monde puisse en profiter.

Chaque association nationale gère un peu l'affaire (communication, listes) comme elle l'entend, et jusque là tout va bien. Je sais par exemple qu'au niveau suisse le métrique du succès ne sera pas pas tant le nombre de photos que le taux de couverture finale des divers cantons et, bonus, le nombre de nouveaux comptes utilisateurs créés pour l'occasion.

Toujours est-il que si vous êtes un lecteur assidu de ce blog, vous vous souviendrez qu'en avril dernier je me décidais justement à explorer la Suisse et à profiter d'un outil dont je ne dirais jamais assez de bienet qui permet de repérer sur une carte quels monuments se trouvent où:

Au hasard: en Appenzell Rhodes-Extérieures. Pour le Canton de Vaud, c'est un brin plus dense.
C'est fou ce que ça facilite la vie, et je mets donc le cap sur Schaffhouse, que je ne connaissais pas mais dont le nom m'amuse énormément. Je ne verrai évidemment pas que ça, mais c'est au final l'endroit que j'aurais le plus mitraillé pour une simple raison de densité. C'est là qu'arrive le partage d'expérience.

1. Prévoyez à l'avance votre trajet, et une fois que c'est fait prévoyez-en une version réduite. Même quand c'est dense, les MH sont rarement côte-à-côte et il faut marcher, se garer, etc.. Plutôt que de vous faire une grande liste que vous ne couvrirez jamais, ce qui vous forcerait éventuellement à revenir, visez humble mais visez juste.

2. Si vous avez un GPS, prenez-le. Les MH sont assez rarement indiqués comme tels, bizarrement (en tout cas en Suisse). L'outil de WM CH permet par exemple d'exporter un fichier de coordonnées KML, et un tutoriel est disponible ici (je me suis contenté de rentrer les adresses dans mon smartphone): profitez au maximum de la technologie.

3. N'hésitez pas à demander: aux indigènes si vous n'êtes pas sûrs d'être au bon endroit (il existe de tous petits MH, ou bien ils sont intégrés à une plus grosse structure, genre une malheureuse colonne romaine dans un cimetière), ou aux voisins si vous voulez une meilleure vue (ou que le bâtiment / le parc est fermé ou un peu caché). Les gens sont plutôt réceptifs, au moins à l'idée de prendre la photo depuis leur jardin ou de vous indiquer d'où on aura un meilleur point de vue.

4. Prenez des notes! Si vous ne téléchargez pas vos photos rapidement, vous oublierez ce que vous avez dans vos fichiers. Résultat garanti (et vécu). Vu que sur le numérique la place est quasi-illimitée, une bonne technique que j'ai trouvée consiste à prendre juste avant ou dans la foulée une photo de plaque, de nom de rue, ou de n'importe quel élément écrit qui permettra par la suite de resituer le lieu. C'est bête à dire, mais ce qui sur le coup vous paraîtra unique le sera bien moins quelques jours et quelques dizaines de clichés plus tard.

C'est joli mais on ne sait pas ce que c'est.
Maintenant on le sait!
Bref, la chasse aux monuments est très honnêtement une bonne manière de passer un après-midi sympa, même si comme moi vous n'êtes pas branchés vieilles pierres: le côté jeu de piste est en fait assez ludique.

Sur ces bonnes paroles, bonne chasse!



1. En tout cas en public ;-)

lundi 22 août 2011

GLAM de fond(s)

Samedi dernier, Wikimedia CH tenait une réunion au sujet des fameux GLAM, on peut voir le programme ici.

Les retours d'expérience en France et Suisse étaient très intéressants. Cela dit
1- La structure des pays (et des chapters) n'a rien à voir il n'est donc pas évident/souhaitable/possible d'appliquer une recette identique.
2- On a, à mon avis, plus fait le point sur « ce qu'il y a régler » que sur les solutions en tant que telles. Je ne jette pas la pierre, si les solutions étaient évidentes, on les aurait évoquées voire mises en œuvre.

J'ai bien conscience que l'association repose sur le bénévolat, les bonnes volontés et que, si d'aventure, des dizaines de musées demandent une action de notre part, cela risque d'être difficile à mettre tout cela en œuvre car les ressources sont limitées. En évoquant ce point là, on s'est dit qu'il est fort probable que les musées, bibliothèques etc ne se rendent pas compte qu'il y a en fait peu de personnes qui entrainent les projets alors qu'on « vend » « la masse des gens qui collaborent à Wikipédia, Commons etc ».

En ce qui me concerne, j'ai un autre souci et j'en ai fait part à l'assemblée. Il y a quelque temps, sur une mailing liste interne, j'ai appris qu'un accord était envisagé entre un musée et Wikimedia CH pour photographier quelques éléments de collections. Je n'ai pas répondu mais ai gardé cela dans un coin de ma tête.

Mon souci est le suivant : je suis un photographe lambda avec du matériel basique (un compact en mode automatique qui fait tout ce que je lui demande). Autant je n'ai pas vraiment de soucis de faire des photographies « comme je peux » de certains monuments, paysages etc et les mettre sur Commons, autant je trouve que ce serait dangereux pour les futurs accords d'envoyer un n00b comme moi comme « preneur de photos officiel ».

Si c'est pour s'entendre dire « On a fait appel à Wikimedia et on a eu des photos banales (parfois correctes) ; il était bien gentil votre gars mais on aurait pu faire les mêmes clichés alors était-ce la peine d'ouvrir les galeries pour lui ? », je doute que l'association (et les projets Wikimedia) ont à y gagner car ne nous leurrons pas, les partenariats du futur seront débloqués ou freinés en fonction de ceux du passé1. C'est là où je trouve qu'il existe une limite à « c'est mieux que rien » (ou au fameux « N'hésitez pas »). Je comprends que c'est frustrant de faire attendre un musée ou de lui dire qu'on n'a personne pour l'instant et qu'on est navrés mais je pense que c'est mieux d'être honnête plutôt que de réaliser quelque chose qui risque de nous nuire dans le futur.

Personnellement, je ne me sens pas capable de faire ce genre de clichés. Ce n'est pas qu'une question de matériel d'ailleurs : même si on me prêtait de bons appareils avec plein d'objectifs, je serais incapable de savoir quoi en faire (lequel choisir, quels réglages faire ?). Comme indiqué par un participant du projet, on en revient à hausser le niveau demandé en appelant des élites plutôt qu'aux ajouts de Monsieur Tout le monde (ce qui est sensé être le principe des projets Wikimedia). Mais je pense que la crédibilité des actions conjointes entre Wikimedia et les GLAM est à ce prix. Je préfère que les partenariats avec les projets Wikimedia passent pour être réalisés par des semi-pros sérieux plutôt que par de gentils médiocres. On ne peut pas vraiment se permettre d'avoir une mauvaise image, surtout si on peut l'éviter.

1. Je connaissais un artisan (peintre) qui disait qu'un chantier réussi lui amenait 10 clients et qu'un chantier raté lui en faisait perdre 100. Je crois que nous sommes dans le même genre de logique.

mardi 19 juillet 2011

Il n'est jamais trop tard pour bien faire

On l'apprend par le blog officiel de la Fondation Wikimedia: après lancement expérimental en 2010 et un premier galop d'essai à grande échelle en mai, la Wikipédia anglophone va commencer à mettre des boîtes d'évaluation un peu partout sur les articles. Celles-ci vont ressembler à ça:

A vot' bon coeur
On peut évidemment discuter de la formulation des questions, mais ce sera intéressant d'avoir un feedback plus détaillé que "20'000 visites en un mois". 

Pour l'anecdote, si vous aimez l'humour potache vous ne manquerez pas de connaître cet autre projet qu'est la Désencyclopédie, qui depuis quelques années déjà nous propose... une boîte d'évaluation pour chaque article:

Le public est bon public.
Comme quoi les gens sérieux n'ont pas le monopole des bonnes idées.

L'autre bonne nouvelle, c'est que les données collectées (anonymement) seront librement disponibles - de quoi s'amuser et lancer des projets intéressants. Ceux disposant d'un compte spécial sur le Toolserver pourront même y accéder en temps réel.

lundi 27 juin 2011

Wikilove

Je n'ai vu personne d'autre en parler, du coup je répercute: Erik Moeller a annoncé vendredi dernier sur  le blog de la Fondation vouloir mettre en place pour le 29 (mercredi prochain, donc), un bouton Wikilove sur la version anglophone:
L'idée est apparemment que si vous voyez une édition sympa (?) vous puissiez d'un clic féliciter l'auteur. Une fenêtre s'ouvre, vous permettant d'offrir au choix étoiles, bières ou chatons:


J'avoue que j'ai d'abord cru à une blague, mais vous pouvez d'ores et déjà tester la machine à bière et chatons sur le site prototype de la Fondation.

mercredi 18 mai 2011

Énoncé

Sachant:
Monet - Le jardin de l'artiste à Giverny.
- que l'Université Yale vient d'annoncer la mise à disposition en ligne de 250'000 images libres de droit et directement issues de ses fonds;
- que Wikimedia Commons vise à herberger un maximum d'images libres de droits;
- que le coût d'hébergement est minimal, et que le partage d'informations (ou d'images) multiplie leur disponibilité plus qu'elle ne la déplace (car duplication n'est pas cession).

Saurez-vous répondre à la question
- Combien de temps faudra-t-il avant l'annonce d'un partenariat ou la mise en place d'un bot pour importer le fonds de Yale sur les serveurs de la Fondation?

Pour l'anecdote, le service de Yale s'appelle Digital Commons. On dirait que l'assimilation a déjà commencé.

dimanche 15 mai 2011

Les trois solitudes

Pain+frites+fricadelles+mayo = EPIC WIN!
Contrairement à ce qu'on pourrait penser ce billet ne parle pas des Canadiens mais, actualité personnelle aidant, de nos amis les Belges.

J'étais donc cette fin de semaine dans le Plat Pays, mangeant d'excellentes frites1 et découvrant qu'une bière de taille moyenne y fait quand même 0,5 litres. Mon voisin d'avion à l'aller, haut fonctionnaire européen, m'entretint de sa vision du pays à l'aune de sa propre expérience tchécoslovaque2.

Je vous épargne les détails, mais il semble qu'en lisant la presse la presse wallone (Le Soir) et flamande (De Standaard, donc pas non plus les tabloïds), on soit confronté à deux versions totalement différentes de la même histoire - un peu, selon la propre expérience de mon interlocuteur, comme ce qu'on voyait de Prague et Bratislava circa 1991-92. Détail inquiétant pour les Belges: ça n'était selon lui pas le cas il y a encore dix ans.  

Comme on m'a judicieusement appris à faire confiance mais à vérifier, je suis allé voir ce qu'en disait Wikipédia. Ou plutôt ce qu'en disaient les Wikipédias, la néerlandophone et la francophone.

Échantillon totalement non représentatif mais toutefois symbolique, j'ai choisi deux articles potentiellement connotés, à savoir 
  1. Bart de Wever, leader de la N-VA d'extrème-droite flamande (dixit mes potes belges); et
  2. la Wallonie, repère de chômeurs depuis trois générations (dixit mon collègue belge - vous aurez compris que les premiers et le second ne vivent pas dans le même coin).
Commençons par l'ami Bart, qui avec un prénom comme ça ne peut être totalement mauvais homme. En fait si, car les deux versions parlent de Controverse à son sujet. En néerlandais, on apprend donc que
Le Vlaams Belang a tenté de compromettre De Wever en montrant une photo de 1996 le trouvant aux côtés de Jean-Marie Le Pen, du parti français d'extrème-droit Front national, prise lors d'une conférence à Anvers du club de débat Vlaams-Nationale. De Wever a par la suite nié tout lien avec l'extrème-droite. La photo a été publiée sur le site de Filip Dewinter3.
Chez les francophones, c'est presque la même histoire. A quelques détails près. La section pour commencer ne s'appeller pas juste Controverse, mais Controverse sur ses liens avec l'extrême-droite:
Le Vlaams Belang a essayé de mettre De Wever en difficulté en faisant publier une photo datant de 1996 et le représentant aux côtés de Jean-Marie Le Pen du parti d'extrême droite français Front national, prise à l’occasion d’une conférence organisée par le Vlaams-Nationale Debatclub à Anvers. De Wever s’est défendu d’avoir un quelconque lien avec l’extrême droite, mais certains mettent en doute la sincérité de ses explications103. La photographie fut dévoilée sur le site web de Filip Dewinter.
Tout pareil, à 10 mots prêt. On retrouvera ces mots qui font toute la différence dans le paragraphe suivant, qui traite d'un accrochage au sujet de l'attitude d'Anvers dans la déportation de Juifs pendant la guerre avec, en français toujours, un "ce qui n'empêcha pas certains commentateurs de considérer qu'il frôlait le négationnisme105". Ces commentateurs-là ne parlaient visiblement pas le flamand (c'était La Libre Belgique), car on ne les y a apparemment pas lus.

La Wallonie est traitée un peu différemment4. On apprend chez les francophones et dans une section dédiée qu'elle dispose d'un "Projet de Société" socialiste (article détaillé: le renardisme), français (article détaillé: rattachisme) et comme région d'Europe. Les néerlandophones parlent plus simplement d'un mouvement wallon (Waalse Beweging), né vers 1912 et qui prit son essor avec la grève générale menée par André Renard en 1960-61. On apprend toutefois que le mouvement, surtout en regard de son équivalement flamand, est d'une envergure "marginale".

Tout ça pour dire qu'on a apparemment deux façons de voir les choses et que si on me demandait mon avis c'est pour l'instant du côté francophone qu'on a un soucis de neutralité. Ne nous leurrons pas, ce n'est pas un problème belge: on trouvera sûrement pareilles nuances entre wikis catalan et hispanophone, bretonnant et francophone, russe et ukrainien. Et vu l'usage extensif des sources qui est de plus en plus fait, ce n'est certainement pas un problème wikipédien.

Je n'ai, bien évidemment, pas de solution à apporter, sinon qu'il faut toujours se méfier de ce qu'on lit.



1. Les meilleures ne se trouvent pas à la Maison Antoine, qui mérite pourtant le détour, mais dans une baraque à frites d'Ixelles dont je garderai le nom et l'emplacement cachés au fond d'un coffre dont la clef est elle-même au fond d'un puit.
2. Ma règle est que si quelqu'un parle couramment trois langues de plus que moi, dont le tchèque, l'estonien et le néerlandais, il mérite d'être écouté.
3. Leader du parti concurrent Vlaams Belang.
4. J'étais quand même surpris de découvrir qu'il n'y a de section " Économie de la Wallonie" dans aucune des deux versions.

jeudi 12 mai 2011

Wikipédia, produit occidental

Je répercute ici le dernier billet d'Erik Zachte, statisticien de la Fondation Wikimedia, et qui nous parle encore une fois de géolocalisation des éditions. Sauf que comme il est très fort et qu'il a accès au Ventre de la Bête, ça donne un résultat vraiment pas mal. Le principe: répertorier l'intensité et l'origine des éditions réalisées sur divers projets linguistiques le 14 février dernier, et voir leur évolution au cours de la journée.

Le lien direct vers l'animation est ici. Jouez avec tout votre soûl, j'aimerais pour ma part soulever quelques points qui m'ont paru intéressants.

Première image: la distribution des éditions, tous langages confondus.

Cliquez pour agrandir.
C'est une évidence mais c'est toujours mieux quand on le dit: pour éditer sur Wikipédia il faut 1. une connexion internet et 2. du temps de loisir, deux choses pas forcément disponibles de par le monde.

Du coup, à part l'Europe, la Côte Est américaine, le Japon et une ou deux grandes zones urbaines par-ci par là (Sydney, l'axe Buenos Aires-Rio, Taiwan et Israel), c'est plutôt calme.

Deuxième info d'intérêt: les wikipédiens sont polyglottes. Cela se voit un peu sur cette carte des contributions sur les principaux langages (mais distingués par couleur):

Cliquez pour agrandir.
Où l'on constate que les Indiens et Philippins contribuent avant tout en anglais (les points rouges y dominent). C'est encore mieux sur cette carte là, qui justement n'indique que les éditions en anglais:

Cliquez pour agrandir.
Où l'on s'aperçoit que l'Europe continentale contribue substantiellement dans la langue de Shakespeare. Un phénomène évidemment moins évident pour le français, mais qu'on trouve un peu hors de ses frontières linguistiques traditionnelles quand même:

Cliquez pour agrandir.
On relèvera l'intensité du côté Sud-Ouest de l'Ontario, pas énorme mais pas inexistante à côté de la vallée du Saint-Laurent, le Sud-Ouest de l'Allemagne et, surtout, le désert abyssal que représente l'Afrique, tant maghrebine que sub-saharienne. Je sais d'expérience qu'on y parle un très bon français mais, que ce soit pour des raisons économiques ou culturelles, on a visiblement mieux à faire de ses journées.

Et donc quoi? C'est intéressant, mais il manque une certaine granularité et longueur de temps (un mois? une année?) pour en profiter réellement.

Ce que je relève surtout avec ces contributions en anglais qu'on voit un peu partout en Europe et en Inde, c'est que Wikipédia est encore un produit occidental pour élites occidentalisées. Ce n'est pas un mal en soi, mais ça permet en tout cas de contextualiser l'importance des plans de la Fondation visant à faciliter l'accès aux locuteurs de nouveaux idiomes. Il y a du potentiel, vu que les classes moyennes indienne et chinoise comptent paraît-il entre 50 et 300 millions d'individus chacune, mais il y a peut-être aussi un fossé culturel qu'il faudra franchir pour y arriver.

mercredi 6 avril 2011

Le zoo

Wikipédia est un intéressant phénomène qui n'en finit pas de susciter la curiosité des chercheurs de ce monde. Si vous êtes contributeur et vous-même curieux de savoir comment vous fonctionnez, sachez qu'il y a environ 600 articles qui ont été publiés à ce jour dans des journaux à comité de lecture, plus une vingtaine de thèses de doctorat, plus 1500 interventions lors de conférences scientifiques.

La bonne nouvelle, c'est que le groupe canadien qui se charge de les recenser le fait dans le but fort louable de compiler tout cela pour un article de synthèse (review article).

Sortie prévue: été 2011.

dimanche 6 février 2011

Vos régions ont-elles du talent?

La cabale romande a de l'appétit et un foie à base d'éponge.
Aussi incredible que cela puisse paraître aux Wikimédiens chevronnés (et aux autres), il existe une catégorie de Wikimedia Commons qui ressemble encore à une vaste jachère, voire à Wikimedia circa 2004: une catégorie tellement vide de tout -et pourtant a priori tellement facile à remplir, et tellement essentielle- que j'hésite à publier ce billet et me garder le filon pour moi.

Mais je suis bon bougre et, en plus, je suis nul en photos. Donc accrochez vous:

Il n'y a quasiment pas de photos de spécialités culinaires.

Bon, je dramatise à peine1: on trouve plein de photos, évidemment, de nourriture. Et des fois même des très bien. Mais n'empêche, vous serez peut-être choqués d'apprendre que l'article Cuisine française... est en cours de traduction depuis l'article anglophone!

Si vous habitez Lyon, vous serez également surpris de découvrir que la catégorie Quenelles contient trois dessins bizarres et une photo piquées sur Flickr de boudins encore plus bizarre. Pour les autres, sachez qu'on ne trouve à première vue pas d'andouille de Vire, ni de lentilles du Puy, de boudin blanc ou même de... vinaigrette.

C'est quand même fou quand on y pense.

Donc voilà, si vous ne savez pas quoi faire pour agrémenter la conversation au restaurant (ou au marché, ou simplement à table en famille), prenez des photos: aussi étonnant que cela puisse paraître, il reste une petite chance pour que, cette fois, vous soyiez le premier à y penser.

Et une fois que vous aurez décoré l'article de votre choix (ou au moins uploadé votre oeuvre pour que les générations futures sachent à quoi ressemblait votre gourmandise), n'oubliez pas de faire de même sur son probable équivalent Wikilivre.

1. Mais je dramatise quand même - c'est comme ça qu'on attire le chaland.

mardi 9 novembre 2010

Français facile

Radio-France Internationale, RFI pour les intimes, est une plutôt bonne radio. Bon, la réception est parfois erratique et un ou deux animateurs n'ont visiblement jamais foutu les pieds dans les pays de la francophonie auxquels ils s'adressent, mais dans l'ensemble quand on écoute RFI on apprend toujours quelque chose (ce sentiment est bien moins évident par exemple avec Radio Nostalgie, qui possède une succursale à Dakar).

J'ai donc appris récemment qu'il existait une chose qui s'appelle le "français facile". Ca a fait tilt quand j'ai entendu la présentatrice annoncer "le journal du soir en français facile", parce que sur Wikipédia existe un objet wiki non-identifié qui s'appelle  simple. Oui, mesdames et messieurs, Wikipédia a aussi son français facile, sauf que c'est de l'anglais facile.

J'avoue ne pas trop pouvoir dire en quoi le journal ff est plus simple. C'est en français et ça parle des mêmes nouvelles qu'on entend le reste de la journée. Les phrases sont peut-être plus courtes, mais le vocabulaire ne m'a jamais donné l'impression qu'on parlait à des sauvages arriérés1 - c'est d'ailleurs probablement à ça qu'on voit que c'est bien fait. Le français facile, dès lors, me paraît un outil malin de la francophonie: le français dans la région n'est pas un souvenir encombrant pour des masses illéttrées qui ont bien d'autres soucis en tête, il est l'outil essentiel qui permet de se tenir informé de manière honnête à Kaolack ou Bandiagara2 alors que là-bas, en journée, on aurait plutôt tendance à converser en wolof ou pulaar.

Bref. Du coup je suis allé voir sur simple comment tout ça se goupillait: il faut bien admettre que la communauté locale est plutôt active, avec un nombre honnête d'articles parlant un peu de tout et de rien. J'ai du coup poussé le vice la curiosité en direction des articles de qualité, qui d'ailleurs là-bas ont le label beaucoup moins pédant de "very good" (très bons): ils sont effectivement rédigés de manière simple. Mais la surprise sera venue quand j'aurai voulu les comparer à la version anglophone standard (ex: Ouragan de 1910 à Cuba: simple / en): ils sont souvent de la même longueur et d'une formulation similaire! Conclusion: comparés au proto-thèses de doctorat imbuvables qui semblent être devenues la norme sur :fr, un article de qualité anglophone est avant tout un article qui fait le tour du sujet de manière concise.

Et c'est là qu'arrive l'Épiphanie (ce qui, la période de la Toussaint étant à peine passée, est plutôt fort): un article de qualité n'a pas besoin d'en mettre plein la vue aux cinq pingouins qui "votent" sur sa prétendue "qualité" (celle-ci étant généralement proportionnelle à sa longueur et son insipidité). Un article de qualité permet de s'informer de manière honnête sur un sujet donné. Je suis prêt à parier mon poids en thiéboudiène que les articles de qualité francophones n'informent au final pas grand-monde parce que le lecteur lambda est plongé dans un coma d'ennui irréversible et ne réussit pas à en finir la lecture.

Je doute que cette réflexion déclenche une quelconque révolution copernicienne où l'on brûlerait les labels et ceux qui se lamentent qu'on n'ait que x BA et y AdQ (m'est avis même que les relecteurs/votants cités plus haut me rayeront de la liste des personnes avec qui cela vaut la peine de discuter). Il est toutefois toujours pertinent de se souvenir que Wikipédia a plein de contributeurs, certes, mais qu'il serait bon de garder à l'esprit, à l'image de simple et RFI, que beaucoup plus de gens ne resteront que des lecteurs.




1. Pour l'anecdote, j'ai par ailleurs l'impression que l'éventail du vocabulaire utilisé est beaucoup plus large au Sénégal (et, du peu que j'en ai vu, également dans le reste de l'AOF/AEF)  qu'il ne l'est en Suisse romande. Par contre ces snobs ne connaissent ni n'admettent l'usage des septante et nonante. Barbares.
2. Même si d'après Reporters sans Frontières la presse malienne est par exemple considérée plus indépendante que sa consoeur de France (26e rang c/ 44), la couverture internationale y est relativement faible.

lundi 4 octobre 2010

Votre avis est important

Non, en fait je plaisante, c'est surtout vos sous qui nous intéressent. Mais si vous avez plus de temps que d'argent sous la main, vous pouvez toujours aller jeter un oeil à cette page Méta et décider du format des prochaines demandes d'aumône pour financer Wikipédia (et le train de vie des bureaucrates).

Il y a une cinquantaine de propositions en course, et une autre cinquantaine d'ores et déjà rejetées. Certaines sont osées (comme la numéro 46 ci-dessous), mais avec les 3-4 votes qui semblent suffisant pour décider de l'acceptation ou pas d'un bandeau, on pourrait s'amuser.
Ca marche aussi avec BHL.

samedi 24 avril 2010

Meet the Cabal

Il est de bon ton de prétendre appartenir à une cabale wikimédienne1, on peut même apercevoir des hiérarchies entre les régions ou les projets2. Mais la Cabale, la Vraie Cabale, c'est celle qui préside à nos destinées wikimédiennes, est donc mondiale3 et gouverne tous les projets. Le reste c'est comme si Monsieur Georg Waldburger4, maire de Conters im Prättigau se croyait aussi important que Doris Leuthard4. Ou bien LaRene Younghans4 (qui préside l'advisory board de Beatty) que Barrack Obama4.

Bien entendu, aller dans l'über-naos cabalistique n'est pas donné au premier clampin venu. C'est un chemin parsemé d'embûches, similaire à celui d'Ulysse5.

Après moult tractations, j'ai réussi à y aller. Il faut d'abord connaître de bonnes personnes (l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu [ajouter ici le prénom voire le diminutif6 d'un membre du board]). Puis, il faut se rendre sur place à savoir sur la côte ouest américaine après s'être vu répondre « ouais, ouais, pas de souci, tu peux passer, contacte moi quand t'es là bas ».
Étant peu à l'aise avec les grands de ce monde7, je me suis dit qu'une offrande serait bien vue. De mon pays d'adoption de résidence, je ne vais pas apporter des lingots (trop m'as tu vu et puis la levée de fonds récente a été fructueuse), non je vais plutôt opter pour une saveur chocolatée.


Ceci n'est pas une bonne idée d'offrande


Ensuite, il faut avoir l'adresse exacte puis donner son nom pour que le contact le passe aux nombreux vigiles de faction en bas de l'immeuble. L'adresse est trompeuse, c'est pour sélectionner les personnes qui vont dans une rue au nom proche mais pas identique. Ensuite, au numéro indiqué, il y a une boulangerie... il faut aller à l'immeuble d'à côté (qui a le même numéro, je ne cherche pas à comprendre), puis passer le cerbère de l'entrée et enfin monter au bon étage et frapper à la porte.

Et là, c'est le nirvana tant attendu, la découverte de la partie publique (faut pas déconner non plus) des locaux de La Cabale. Je note tout de même les gros tuyaux (en fer) au plafond, cela me rappelle Gaston Lagaffe qui avait fait un réseau (en tuyaux transparents) pour que son poisson rouge puisse se balader. On peut ajouter son pseudo sur la liste des visiteurs et papoter en entendant « Tu pourras dire que t'étais à quelques mètres de Mike Godwin ». Je pense que je vais en faire un T shirt, tiens.

Bref, voici le récit de ma rencontre avec la Cabale (les personnes n'ayant pas d'humour sont priés de cliquer sur la petite croix en haut à droite avant de s'énerver), je le mets ici sous licence creative-commons pour les générations futures. :D

A part cela, la Foundation est à votre écoute.

Mais faut frapper fort !


1. Certains pensent qu'il est de meilleur ton de ne prétendre appartenir à aucune cabale, sous-entendu « je suis au dessus de cela, et d'elles »
2. Sous entendu, « ma cabale c'est la plus mieux »
3. c'est-à-dire aux États-Unis
4. que je salue
5. En effet, ce dernier après avoir gagné à Troie (par la ruse, certes mais lui, il gagne), être revenu 10 ans plus tard chez lui en évitant plein de dangers (et en passant sept ans chez Calypso et une année chez Circée mais chut) pensait s'être fait reconnaître comme étant The Ulysse puisque son chien est mort dans ses bras (vingt ans après, tu m'étonnes), sa nourrice a reconnu une blessure de chasse et qu'il a réussi à bander l'arc d'Ulysse et à passer une flèche dans douze haches alignées. Et là (après le massacre des prétendants), c'est le boss de fin de niveau, Pénélope qui lui demande s'il peut bouger le lit dans leur chambre. Question anodine ? Eh bien non, car la maison a été construite autour d'un arbre et le lit est sculpté dedans, c'est LA question ultime et vacharde (un peu comme « What is the capital of Assyria? »), mais Ulysse ne s'y trompe pas et il peut rejoindre sa douce sans être tuée par elle, comme à la fin de Karateka, quand tu te jettes dans les bras de la princesse sinon elle te massacre d'un coup de pied, à se demander comment elle a pu se faire prendre mais je m'égare et fais des notes un peu longues.
6. Cela fait comme si vous étiez pote avec
7. Je ne suis moi-même qu'un lumpen-peon contribuant surtout sur une wikipédia mineure, la preuve, on a voulu la fermer au début de ce mois

mercredi 7 avril 2010

Le monde à l'envers

On m'informe que Wikipédia en suédois a décidé de supprimer tous les logos qui ne seraient pas expressément libres de droit. Là où cette décision un peu radicale devient intéressante, c'est que l'une des premières conséquences aura été la disparition du logo de... Wikipédia de l'article la concernant! Idem pour Firefox (à titre de comparaison, les versions francophones sont ici et ).

En cause: le fait que la Fondation Wikimedia ait décidé de copyrighter ledit logo (le considérer donc comme une oeuvre), supposément pour se protéger des utilisations abusives qui pourraient en être faites. Mouais.

Mais tout cela devient vraiment amusant quand on s'aperçoit que d'autres marques n'ont pas ce genre de restrictions parce que, justement, le logo est considéré comme une marque (plutôt qu'une oeuvre): c'est ainsi le cas de... Coca-Cola (oui oui, le vilain soda impérialiste), dont le logotype est ainsi dans le domaine public.

C'était le fun fact du mercredi.

jeudi 25 mars 2010

User friendly

J'allais hier pondre un billet rageur à propos d'une menace grotesque qu'on m'aura adressée, mais il m'est arrivé entre-temps une chose incroyable: je suis allé sur Wikisource et j'ai cliqué sur "Un livre au hasard".

Il faut l'admettre d'emblée: ce truc est vraiment bien fait.

Bon, je réalise maintenant que j'aurais du cliquer sur "Un texte au hasard", mais du coup cette heureuse méprise m'aura causé plus de bonheur que si j'avais directement eu ce que je voulais. Je suis donc tombé sur cette page ou une autre des Liaisons dangereuses, seul ouvrage d'incitation à la débauche qui soit à ma connaissance sponsorisé par l'Éducation nationale.

Je n'ai pas trop le courage de faire une photo d'écran, mais il suffit de cliquer sur le lien pour le voir: on a, côte à côte, la retranscription de l'ouvrage ainsi que la version scannée(par qui?) d'icelui. Il suffit de comparer pour vérifier que tout y est, et hop, on valide et on passe à la suivante. Honnêtement il faut un certain penchant monastique pour faire plus de trois pages à la suite, mais il n'empêche que puisqu'on parle d'usabilité et de facilité de contributions, c'est là un bon exemple d'environnement simple et bien fait.

Le seul bémol -et où l'on se demande vraiment si ce truc a été construit pour les lecteurs, en sus des contributeurs- vient quand on essaie de tirer un PDF du livre: le système ne semble vouloir/pouvoir extrait que la seule page visionnée, plutôt que l'ouvrage entier auquel elle appartient...

mardi 2 mars 2010

Images qui bougent

Bon, tout le monde sait que Wikimedia Commons n'est, pour l'essentiel, qu'un vaste dépôt de photos de vacances. Et, quand même, quelques photos sympas, notamment celles inlassablement restaurées par l'excellente Durova et collègues.

Depuis quelques temps, j'ignore quand à vrai dire, on a aussi des images qui bougent. Avez-vous déjà vu quelqu'un faire du speedflying? Moi non plus (sans compter que j'ignorais ce que c'était). Et visiter l'église d'Avenas, ça vous tente?1 Eh bien c'est possible, réjouissez vous. Autant vous dire que le jour où tout cela sera correctement intégré dans les articles2, on aura enfin dépassé Encarta.

Là, honnêtement, il y a du potentiel de croissance. En tout cas il y en aurait si ces supers trucs étaient visibles et écoutables autre part que sur Wikipédia. Parce que bon, crier sa loyauté éternelle au format .ogg c'est beau, sauf que ça n'est pas vraiment réutilisable ailleurs. Pour un projet qui vise la libre diffusion des connaissances, on voudrait faire plus myope qu'on n'y arriverait pas: le Libre est prisonnier de ses dogmes.

Du coup, la vidéo ci-dessous vous est aimablement offerte par l'infâme Google. J'aurais préféré montrer quelque chose de moins troublant (surtout pour une lecture du matin), mais il fallait trouver quelque chose présent chez nous et disponible pour diffusion ailleurs. Mais au moins c'est informatif et ça vous épargne l'alternative, à savoir les vidéos de chez Al-Jazeera. Eh oui, eux aussi ont des documents en CC-BY-SA (et .mpg): en voilà qui ont tout compris.



Bref, conclure sur un petit ragtime aurait également eu ses avantages, mais figurez-vous que ces fichiers-là aussi sont en .ogg et ne passent donc pas sur ce blog :-(



1. Pour celui-là, n'oubliez pas de cliquer et déplacer votre souris.
2. Une image de 2cm de côté n'est *pas* un plus pour l'article. C'est juste un truc qu'on arrive pas à voir.

samedi 13 février 2010

Larousse Killer

La force du Wiktionnaire? Probablement pas les définitions, repompées pour l'essentiel de l'Académie française, mais avoir su proposer argot et interwikis et d'autres éléments à valeur ajoutée. Ca peut paraître bénin mais ça, on ne le retrouve pas ailleurs (à ma connaissance). Idem pour Wikipédia et sa longue traîne de l'encyclopédisme.

La question, du coup, est de savoir ce qu'apportent les autres projets qu'on ne trouve pas ailleurs.