J'ai mon avis sur ce débat mais ne le partagerai pas. Parce que toute la discussion repose sur un "léger" malentendu.
Pour rappel, sont publiables sur Commons des reproductions de bâtiments, sculptures, etc., sis dans des pays reconnaissant la liberté de panorama.
La Bandwiesstrasse à Rüti (ZH).
Moi je trouve ça plutôt classe.
Ce choix est pragmatique et d'application aisée: il est facile de savoir dans quel pays une oeuvre éligible à la liberté de panorama se trouve, puisqu'elle doit y être fixée à demeure. Sauf que.
Sauf que ce n'est pas le système retenu par les traités internationaux. Soucieux de placer les auteurs sur un plan d'égalité sur un marché donné, les parties contractantes aux conventions de Berne et de Genève (pas celle sur les troufions, l'autre) imposent aux Etats, par leurs articles II et 5 respectivement, d'accorder, sur leur territoire, la même protection aux oeuvres publiées dans un autre Etat partie qu'à celles publiées localement. A contrario, rien n'oblige un Etat partie d'accorder aux oeuvres "étrangères" une protection qu'il refuse à celles publiées sur son sol. Concrètement, l'auteur de la charmante statue bourbine ci-dessus peut très bien s'opposer à ce que des images reproduisant son oeuvre soient publiées en France. Maintenant, imaginons que je fasse quelques photos de la pyramide du Louvre et que je les publie une fois rentrée chez moi, en Suisse. Je ne commets pas d'infraction d'un bout à l'autre de la chaîne: j'ai le droit de faire une photo de la pyramide du Louvre, j'ai le droit de la publier en Suisse. On pourrait me reprocher une fraude à la loi. Le problème vient du fait que sur Internet, on publie immédiatement dans le monde entier et plus seulement dans un pays à la fois. Ça, Victor Hugo et ses copains n'y avaient pas pensé.
Tout ça pour dire que la politique de Commons a pour conséquence d'interdire des publications potentiellement autorisées et, plus grave, d'autoriser des publications interdites. Que faire ?
- Instaurer des filtres basés sur la localisation du lecteur pour ne lui montrer que ce qui est librement reproductible dans le pays où il se trouve? Ce genre de bricolage est aussi difficile à mettre en place que facile à contourner. J'oubliais, ça ne nous concerne pas directement, mais ajoutez une collision entre le droit de la propriété intellectuelle et celui, dans cet exemple récent, de la concurrence, et ça devient absolument tordant.
- N'autoriser la publication sur Commons et Wikipedia que de ce qui entre dans un noyau dur du domaine universellement public du monde entier. Voilà qui devrait contenter les purs et durs mais vider les projets de tout ce qui représente autre chose que des libellules et des papillons.
- Pousser Mémé dans le concasseur et se payer un bon avocat avec l'héritage.
La prochaine fois, je vous parlerai de la Category:Cosplay.
2 commentaires:
Bon billet!
Je me suis tout le temps demandé pourquoi en tant que Canadien contribuant sur un projet américain, je n'avais pas le droit d'y publier mes images de la pyramide du Louvres ou de la tour eiffel la nuit (j'en ai). Honnêtement, je ne vois pas en quoi la loi française me concerne. (En tout cas, autrement que par empathie pour les contributeurs français et leur éviter des soucis, mais je ne sais pas lesquels.) (et, en plus, on s'assoit joliment dessus là: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Louvre_Museum_Wikimedia_Commons.jpg ...)
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