Un contributeur avec qui j'échangeais récemment m'a quelque peu surpris en me demandant tout de go "pourquoi restes-tu si cool alors que je t'ai violemment attaqué [dans mon message précédent]?"
Je pourrais disserter sur le fait que le cool est chez moi une seconde nature, que je pratique le Zen depuis mes jeunes années, ou qu'il ne sert à rien de s'énerver quand on a déjà mis un contrat sur la tête de son contradicteur mais, de fait, la réponse est beaucoup, beaucoup plus simple:
On ne se connaît pas.
On ne se connaît pas et donc, me direz-vous, c'est une bonne raison pour ne pas laisser n'importe qui me traiter de malhonnête pas drôle. Eh bien au contraire c'est justement parce qu'on ne se connaît pas que j'ai bien conscience que toutes les attaques et critiques ne sont pas basées sur des faits et considérations informées sur ma personne, mais uniquement sur des perceptions. Et que celles-ci sont probablement fausses. Du coup, autant laisser couler que de s'accrocher sur un malentendu.
J'essplique.
L'écrit est traître, l'écrit est trompeur. Une phrase, même anodine, est quasi-systématiquement lue avec un ton différent de celui qui l'a écrit, et étonnamment ce n'est jamais d'une manière plus légère. C'est quand l'ironie ou le badinage de l'un devient sarcasme ou insulte pour l'autre: il n'y a qu'à lire les plaintes posées sur le Bulletin des administrateurs pour voir que ça arrive toutes les semaines1. Parce qu'il y manque le ton, les mimiques, on construit une représentation de l'autre qui est forcément erronée - prenez le cas des wikirencontres, où tout le monde est un peu curieux de savoir qui ressemble à quoi. Je compte sur un, voire deux doigts les gens qui ressemblent, en physionomie ou attitude, à l'impression que je me faisais d'eux avant de les rencontrer.
Avec tout cela en tête, je me permets donc de commenter (et ricaner sur) les erreurs et errements de chacun. Mais pour ce qui est de juger la personnalité des gens sur la seule base d'un style, de centre d'intérêts ou d'une grammaire fautifs, je serai plus circonspect. Après tout, nous n'avons pas gardé les cochons ensemble.
1. "Donnez-moi trois lignes d'un honnête homme, et je trouverai de quoi le faire pendre." Richelieu.
7 commentaires:
Fais attention, "nous n'avons pas gardé les cochons ensemble" est une des expressions préférées de JJG !
Plus sérieusement, au-delà d'être traître et trompeur, l'écrit (wikipédien) a ceci de particulier de pouvoir être relu ad nauseam. Ce qui tourne la tête à plus d'un.
Tiens, ce serait bien de référencer avec précision la citation du cardinal, histoire de jouer les « érudissimes » :D
@Scrongneugneu: cité dans Richelieu, de P.Erlanger (Ed. Perrin 2006), mais avec 800 et quelques pages j'aurai du mal à remettre la main dessus :-(
Je ferais personnellement remonter la légende de cette citation à Alexandre Dumas (père) qui, dans son roman "La San Felice" fait dire au cardinal Ruffo qui s'adresse au roi Ferdinand "Le cardinal de Richelieu ne demandait que trois lignes de l'écriture d'un homme pour le faire pendre." (chapitre 63)
De rien.
Mais non, c'est parce que tu es suisse. Chez vous, le consensus, c'est génétique (comme l'intelligence chez les grands, par exemple).
Moi, par comparaison, je force ma nature chaque jour.
A force de vivre en Suisse, Popo a été contaminé par le consensus (qui a aussi son pendant moins connu, les coups de poignards dans les coulisses feutrées...)????
A part ça, je dirais l'inverse au sujet des rencontres. L'immense majorité des gens que j'ai croisés sont ordinaires et plutôt comme je l'imaginais (si tant est que j'ai vraiment une représentation d'ailleurs).
En revanche, l'image qu'ils renvoient (en vrai et sur WP) peut être assez différente pour "les autres", à tel point que "on" se demande comment c'est possible qu'il y ait un tel écart ;).
@Erdrokan "L'immense majorité des gens que j'ai croisés sont ordinaires" <- pas tous, quand même !
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