Indépendamment de ce que l'on pense de ce que Wikipédia devrait être, il y a une chose qu'elle est déjà: un outil de référence vers lequel on se dirige pour en savoir plus à propos d'un évènement d'actualité. Appelons cela une seconde lecture de l'actualité - d'abord la nouvelle elle-même, transmise par les médias traditionnels, puis pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le fond ou le contexte, un tour sur Wikipédia.
Si les gens venaient sur l'encyclopédie pour s'informer d'une nouvelle immédiate, on pourrait penser que Wikinews a un présent et un avenir: ce n'est pas le cas. Les lecteurs de l'encyclopédie viennent donc bien pour un complément d'information (éventuellement une synthèse) plutôt que pour une information brute. Cela est régulièrement évoqué sur ce blog, comme ici et là, donc rien de nouveau sous le soleil.
Ce qui pourrait être intéressant, ce serait de voir quelles facettes d'un même évènement (ou de deux évènements proches et similaires) suscitent le plus l'intérêt ou la curiosité de masses.
Regardons par exemple les articles concernant Ben Ali et Moubarak au moment de leurs chutes respectives:
Fréquentation des articles Zine el-Abidine Ben Ali (haut, janvier 2011) et Hosni Moubarak (bas, février 2011) sur la Wikipedia francophone. |
J'étais un peu surpris de constater que la chute de Moubarak attirait deux fois moins de chalands que Ben Ali, jusqu'au moment où j'ai réalisé que les Tunisiens sont des francophones. Forcément, ça change bien des choses - les rapports sont d'ailleurs inversés en anglais et en allemand, et plutôt dans l'ordre de 1 pour 3 voire 1 pour 5 en faveur de l'Égyptien.
Autre duo célèbre et pour le coup très lié, les protagonistes du conflit ivoirien:
Fréquentation des articles Laurent Gbagbo (haut) et Alassane Ouattara (bas) sur la Wikipedia francophone, avril 2011. |
Tiens, là c'est intéressant, le vaincu a vu deux fois plus de visites que le vainqueur (le rapport de quasiment deux pour un est similaire chez les anglophones et germanophones). Je soupçonne un petit "effet vautour" autour du perdant, de la même manière qu'un "effet glamour" aura profité à Catherine Middleton, dont l'article a été visité deux fois plus que celui de son époux William (138'000 visites contre 88'000 le jour du mariage où, pour le coup, les deux étaient vraiment présents au même endroit au même moment1).
Avec un peu de recul, cela nous donne même un aperçu de la manière dont l'actualité se développe. On a exactement ce genre de situation avec le séisme, puis le tsunami, puis l'alerte nucléaire au Japon en mars dernier:
De haut en bas: Séisme, tsunami et centrale nucléaire, mars 2011. |
Si séisme et tsunami font exactement le même score le jour de leur déclenchement, mais au fur et à mesure que l'on réalise l'ampleur du désastre les rapports changent: les immeubles japonais ont dans l'ensemble beaucoup mieux résisté aux secousses qu'aux flots, et il faut à peu près quatre jours pour voir la centrale de Fukushima rejoindre le même niveau d'attention dans le cycle informatif.
Pour l'anecdote, la fréquentation de ces trois articles, après trois mois, a bien évidemment baissé mais n'est toujours par revenue à son niveau pré-cataclysme. Les gens ne s'informent donc pas sur Wikipédia mais -et c'est tant mieux parce que c'est le but- ils s'instruisent aussi.
1. A noter que Kate aura rassemblé plus de visiteurs sur sa page que les protagonistes de deux révolutions et une guerre civile réunis. O tempora, o mores!
1 commentaire:
Kate est mignonne tout plein.
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