jeudi 25 novembre 2010

« Faudra pas se plaindre si le futur de l'avenir ne tient pas ses promesses »

Je passe un week-end prolongé chez un vieux copain que j'aime bien mais que je vois rarement1. Sur ces trois jours où on rattrape le temps perdu, j'évoque forcément Wikimedia parmi mes domaines d'activités de loisirs. Cela me donne l'occasion de sonder ses connaissances sur ce sujet. Sans surprise, il me dit qu'il connait Wikipédia, qu'il utilise assez souvent les articles (plutôt en anglais) pour son boulot mais qu'il ne prend pas cela pour autant pour parole d'évangile.
Fichtre, c'est quasiment le max de ce que j'attendais2, je suis impressionné. Tout s'écroule quand je lui dis que je contribue modestement et quand il me demande « Mais pour changer une page, tu fais comment ? ». Puis après un léger silence de ma part, il ajoute : « Tu envoies un mail ? ». Un peu décontenancé, je lui dis « Tu n'as jamais vu qu'il existe un bouton "modifier" en haut de la page ? ». La réponse est bien évidemment négative. Cela montre3 qu'on peut être plutôt au fait de Wikipédia et ne pas connaître certains éléments qui me paraissent super basiques4.

C'est la période des dons et j'avoue être plus ému que je ne le pensais par le journal des dons à Wikimédia France car je ne m'attendais pas à ce qu'autant de personnes laissent des commentaires positifs de ce style, très éloignés de ce qu'on lit généralement dans les médias français. Je sais bien qu'on n'a pas les messages des gens qui détestent Wikipédia, mais je n'imaginais pas un tel soutien populaire.

Je reconnais que pour moi (et je ne suis pas le seul) donner à Wikimedia5, c'est aussi permettre de pérenniser une certaine vision du web. Je fais partie de ceux qui ne soutiendront plus le projet si de la publicité apparaît sur un site faisant partie de la Wikimedia Foundation.

J'ai néanmoins un souci de taille avec l'importance que prend Wikipédia (pas tellement les autres projets frères). Autant je reconnais l'importance d'avoir une encyclopédie neutre, libre et gratuite en ligne, autant j'ai du mal à envisager un futur où Wikipédia est devenue tellement grosse qu'elle a phagocyté tout le reste. Une encyclopédie, OK mais l'unique référence en ligne, non. Je m'y oppose pour des raisons éthiques et aussi pratiques (si Wikipédia est la référence, où ira-t-elle sourcer ses informations ?). Mais déjà j'ai l'impression que, à part pour les connaissances très spécialisées, le web est plus pauvre qu'auparavant en termes de diversité3 car beaucoup de gens (moi le premier) linkent directement Wikipédia et, du côté créateur, à quoi bon rassembler des connaissances puisque Wikipédia est là ?

On est encore loin de cette situation mais Internet sans Wikipédia me paraît aussi néfaste qu'une hégémonie wikipédienne.

Le titre est une citation d'une chanson de La Blanche, qui, en plus de bien chanter, rédige des newsletters et billets d'humeur assez savoureux.

1. Je passe les détails inintéressants mais cela explique qu'on se parle relativement peu souvent.
2. Je sais que, dans un monde parfait, il aurait rédigé des psaumes en hébreu sur wikisource, ajouté 58 photos de l'église de Darnétal et m'aurait sorti les différences formelles entre wikibooks et wikiversity. Mais je n'en demande pas tant.
3. Néanmoins « Plural of anecdotes is not data» (wink à Darkoneko), ne l'oublions pas.
4. Quand on a ce niveau de connaissances de base.
5. En ce qui me concerne c'est via le chapter suisse (et son gentil trésorier au patronyme qui comprend autant de syllabes qu'il n'y a de cantons suisses)

2 commentaires:

P. Lechien a dit…

Pas forcément d'accord que le web soit moins divers en terme de contenu. Je dirais qu'avec la professionalisation et la commercialisation des contenus, il est devenu moins égalitaire: l'internaute sait que tous les sites ne se valent pas (ou plus).

Moyg a dit…

ça me fait penser à un article que j'ai lu il y a quelques temps et qui disait que les internautes étaient moins informés de l'actualité.
Avant, on était obligé de se taper le JT en intégralité, sans pouvoir sauter les sujets que ne nous intéressaient pas. Maintenant, on va directement sur des sites spécialisés traitant uniquement de nos thèmes favoris, et qui partagent souvent notre point de vue.

Le "problème" de Wikipédia est le même : les autres sources existent et existeront toujours mais l'internaute les ignorera peut-être, pensant qu'il préfère lire ce qui est sur WP.