mercredi 29 juin 2011

Dichotomie

C'est Skippy le Grand gourou qui le dit dans sa synthèse du sondage sur l'administration wikipédienne:
"Cette réticence à attribuer les outils est plus fortement revendiquée par la population admin que par les non-admins, ce qui suggère à mon sens chez les premiers une exacerbation du sentiment de manque de garde-fous et de contrôle de leurs activités. Le fait que cette réticence soit plus forte de la part des admins réfute en outre l'hypothèse souvent évoquée selon laquelle le statut d'admin serait sacralisé par les péons."
tout en relevant quelques lignes plus loins que les conditions de perte de statut sont plus facilement considérées comme mauvaises par les peons que les admins (d'où le vote de la Prise de décision qui a suivi). C'est contradictoire.

Bien que d'accord avec la plupart de ses (très factuelles) conclusions, je ne suis pas certain qu'une plus grande réticence à attribuer les outils soit liée à une plus grande sacralisation de leur statut par les admins: on pourrait simplement arguer d'une plus grande conscience de leur part -mue par la pratique- du pouvoir discrétionnaire que donnent ces outils. D'où la réticence à les confier à des inconnus. Mais, à titre individuel et concernant les finalement très rares remises en cause d'actions particulières, d'une constatation que ce qui n'est pas véritablement cassé n'a pas besoin d'être réparé.

1 commentaire:

Skippy a dit…

Ça n'est pas si contradictoire que ça en a l'air au premier abord. D'une part, beaucoup de votants se sont exprimés à la dernière question (possibilités de remise en cause) essentiellement en réaction à l'option « limitation du mandat », ce qui décorrèle cette question de celle de la sévérité des votes de candidature. D'autre part, ce ne sont pas les mêmes admins qui ont votés pour ces réponses. Enfin, ne pas oublier le conflit d'intérêt des votants admins : il est sans doute plus facile pour un admin d'accepter une forte sélection à la candidature, par laquelle il n'aura sans doute plus à passer, que d'ouvrir la boîte de Pandore en acceptant des procédures de remise en cause auxquelles il est susceptible d'être éligible — vicieusement, c'est d'autant plus vrai que la sélection à la candidature est forte…

Ceci étant, pour moi, « une exacerbation du sentiment de manque de garde-fous et de contrôle » et « une plus grande conscience […] du pouvoir discrétionnaire que donnent ces outils », ça signifie à peu près la même chose.

En revanche, attention à l'interprétation des « très rares remises en cause d'actions particulières ». Il y a plusieurs raisons à cela qui permettent de supposer que leur nombre n'est que peu lié au nombre d'actions particulières qui devraient être remises en cause. J'en vois essentiellement deux importantes. La première est qu'elles ne font souvent pas de bruit : personne (à ma connaissance) ne suit les actions particulières de chaque admin. La seconde est qu'un péon n'a que peu de légitimité (c'est en tout cas ce qu'on ne manque pas de lui faire comprendre) pour remettre en cause une action par laquelle il n'est pas directement visé. Si mes souvenirs sont bons, à chaque fois que l'attention a été attirée sur une telle action, ça a dégénéré en bataille rangée et les conséquences n'ont pas été anodines.

En ce qui me concerne, il est assez courant que j'observe en silence des actions que je réprouve, qui ne font qu'inlassablement me conforter dans l'idée de la nécessité d'un contrôle accru. Pour citer un exemple, la dernière « injustice » en date dont j'ai eu connaissance est le blocage de Celette sur un malentendu — pas un abus des outils (je ne me souviens plus qui a appuyé sur la gâchette et peu m'importe), mais une erreur qui aurait due être relevée et corrigée immédiatement, ce qu'aucun admin n'a fait. Une constatation récurrente est que pour beaucoup d'admins, un blocage, c'est trois fois rien, on s'en remet. De ce que j'en observe, ça n'est pas comme ça que ça fonctionne : d'une part c'est une humiliation (sauf pour les multirécidivistes), mais surtout c'est une inscription au casier, car le journal des blocages fait effectivement office de casier judiciaire — et gare s'il n'est pas vierge, personne n'ira relire les circonstances de l'inscription si elle n'est pas immédiatement suivie d'un déblocage…