mardi 25 novembre 2008

Le crime paie

Il est des moments où il faut bien se demander si les gens sont vraiment des andouilles, ou bien si seulement les journalistes le sont, auquel cas en écrivant leurs articles ils pensent s'adresser à leurs pairs. D'un autre côté, les journalistes étant aussi des gens, la seule certitude que l'on peut avoir est bel et bien qu'ils ont tout le potentiel pour faire montre d'une ignorance parfois souvent abyssale.

J'essplique.

Le New York Times magazine du week-end dernier publie un article sur Virgil Griffith, l'inventeur du WikiScanner, programme par ailleurs sympathique qui permet de lier les IP anonymes commettant des éditions sur Wikipédia à leur propriétaire institutionnel, dans la mesure où cette adresse est fixe (bonjour la CIA!1). Si vous vous souvenez du buzz généré dans le courant de l'année dernière, ce n'est finalement qu'un article parmi d'autres sur le sujet: on élargit simplement l'angle en nous contant la (courte, à 25 ans elle est forcément courte) biographie d'un jeune prodige, d'un rebelle, d'un génie sulfureux dont on apprend que, plus jeune, il aimait bien tricher au jeu vidéo X-Wing et que ce fut l'épiphanie de sa carrière de Rebelle des Réseaux. Merci Virgil, grâce à toi les tricheurs sont pris la main dans le sac grâce aux empreintes graisseuses de leurs mains pleines de doigts; désormais tout va bien, le petit gars fait la nique aux grands monopoles, personne ne peut plus tricher, Big Scanner is Watching You.

Visiblement, aucun de ces journalistes de haut vol n'est vraiment allé s'enquérir du fait que l'enregistrement sous pseudonyme augmentait grandement l'anonymat du mécréant lambda: en effet, contribution sous pseudo = pas contribution sous IP = WikiScanner inutile. Pas un mot non plus sur le Check-User, qui permet de soulever le voile, et ses limites auto-imposées. Ce que cela nous apprend en fin de compte, c'est que l'immense majorité des gens (les journalistes étant des gens, souvenez vous) n'a aucune idée du fonctionnement de Wikipédia - ou, plus généralement, d'internet.

Le pire, c'est que je suis sûr que ce genre de news a du décourager pas mal de "réarrangeurs" potentiels. Comme quoi, à quelque chose mésinformation est bonne.


1: N'oublions pas que les espions sont aussi des gens.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne vois pas l'appel de note n°1. Est-ce normal ?

P. Lechien a dit…

Oui, je l'ai supprimé; j'ai le tort d'écrire, me relire, publier, me relire, réécrire, re-publier :-(

La note numéro 2 est donc passée n°1. Je garde l'anecdote pour un autre jour où il me faudra illustrer la stupidité des gens (mais il faut que tu gardes le secret sur ce que tu as lu).

Anonyme a dit…

Motus et bouche cousue

Anonyme a dit…

« l'immense majorité des gens (les journalistes étant des gens, souvenez vous) n'a aucune idée du fonctionnement de Wikipédia - ou, plus généralement, d'internet »

On se prend en effet à rêver, parfois, de sessions de formation continue pour les journalistes, payées par leurs employeurs (donc par les financiers qui sont derrière), pour leur permettre de réfléchir au-delà du « vite-appris » de leurs écoles de journalisme (surtout en France, où elles sont franchement calamiteuses).

Comme tu le reconnais à demi-mot, la méconnaissance des réalités touche hélas tous les publics et tous les sujets (pas seulement le fonctionnement de Wikipédia). Je persiste à penser que notre « civilisation zappeuse » n'y est pas vraiment étrangère, puisque tout est fait pour décourager l'envie d'approfondir.