mardi 5 avril 2011

Small is beautiful

C'est bête à dire, mais moins on est à se parler, et plus on se parle. C'est en tout cas le constat que j'ai au sortir du dernier Comité d'arbitrage (CAr) wikipédien en comparaison du précédent: le Comité n'a je crois jamais été aussi serré (quatre membres actifs), mais ça faisait également longtemps qu'il n'avait pas été aussi réactif (et ça s'est remarqué). Si je devais m'aventurer à une explication, je dirais qu'outre une bonne dynamique personnelle il y a le fait qu'un message était vite répondu et, surtout, qu'on savait qu'on obtiendrait une réponse.

J'essplique.

Le graphique ci-dessous présente succintement le nombre d'arbitres théoriques (élus ou restant pour liquider les arbitrages du Comité précédent) et effectifs (ceux qui intervenaient encore sur la liste de diffusion interne ou les diverses pages du CAr en fin de mandat) pour les deux Comités dont j'ai été membre (printemps et automne 2010):
Effectifs du Comité d'arbitrage
Dans le premier cas (XIIe CAr, de mars à septembre 2010), on avait 14 arbitres en place. De fait, après l'éviction des zombis qui étaient là sans l'être, on s'est retrouvés à cinq dans la pièce arrivés à la fin du mandat. En septembre 2010 nouvelle élection (XIIIe CAr), avec cette fois six élus et une feuille quasi-blanche pour redémarrer.

Le deuxième graphique, maintenant, vous montre le nombre d'emails ayant circulé sur la liste de diffusion interne lors de ces deux périodes:
Nombre d'emails échangés.
Il y a comme un changement de dynamique alors que, sur le fond, les interventions restent les mêmes (j'ai pas le temps, qui veut être coordinateur, je suis parti/de retour).

Il y a quand même eu quelques changements mineurs mais d'importance. Première innovation que je n'avais pas remarquée jusqu'à ce que Turb le relève: on a commencé à annoncer les nouveaux arbitrages sur la liste. Il faudrait voir si cela a accéléré les délais pour les décisions de recevabilité, mais cela a en tout cas contribué à la création d'un esprit de groupe. Des intervenants externes sont également intervenus un peu plus souvent (généralement à la demande des arbitres, notamment dans un arbitrage ou deux). Et, surtout, quand quelqu'un posait une question, on y répondait. Rien d'essentiel, donc, et c'est pour ça que c'est important.

C'est bête à dire, mais ça vous change un monde que de savoir qu'on ne parle pas dans le vide. J'ai souvenir dans le premier CAr auquel j'ai participé du mail d'un arbitre demandant à un autre quand il comptait rendre son avis qui traînait depuis x mois. Pas de réponse de ce dernier, ni de commentaire de la part des 12 autres. Mon impression à ce moment:  j'ai mis les pieds dans un cimetière.

Première remarque à ce stade: tout le monde (ou presque) a une vie privée qui passe avant Wikipédia, et le problème des arbitres disparaissant du jour en lendemain est voué à persister. Il ne s'agit donc pas de jeter la pierre aux zombis, qui sont aussi des gens. L'important est d'en prendre acte et d'agir en conséquence, c'est à dire dans notre cas de reconnaître le problème et d'arrêter d'attendre. L'attente c'est l'inertie, l'inertie c'est la perte de temps, et c'est démotivant pour tout le monde.

Plein de messages échangés, même sur des sujets bénins, ça crée une dynamique de confiance. Fruit de cette dynamique ou honnêteté personnelle, quand trois des arbitres se sont successivement retrouvés hors service cet hiver, tous ont laissé un mot pour dire qu'il ne fallait pas compter sur eux pendant quelques temps. Cela a du coup permis aux autres de continuer à avancer et de garder la dynamique - voyez la communication comme un cercle vertueux: la gestion des arbitrages n'était plus tant une corvée qu'un objectif.

Le graphique ci-dessous illustre assez bien le phénomène dont je veux parler ici:
Nombre de messages théoriquement envoyés par chaque arbitre.
Rapporté aux nombre d'arbitres théorique, il indique l'intensité de la participation qui est, vous l'aurez compris, beaucoup plus élevée dans un CAr restreint où tout le monde répond présent. 

Maintenant que cela est établi, comme une petite plante il faudra l'entretenir. Le CAr est passé à neuf membres ce 31 mars et, selon toute probabilité, deux ou trois d'entre eux ne finiront pas leur mandat. En ce sens je ne vois pas de tragédie dans le fait que les dix postes à pourvoir n'aient pas été pris - l'important n'est pas tant le nombre que l'implication, et il faut trois à cinq arbitres seulement pour un arbitrage. L'essentiel, en fait, sera pour les sortants de transmettre cet esprit aux petits nouveaux.

6 commentaires:

Edhral a dit…

Hum... Sur le cercle vertueux (confiance & communication => entraînement mutuel, annonce des indisponibilités => gestion des indisponibilités => confiance), je te suis -et je vous dis bravo-.
Sur l'utilisation des stats de la liste de diffusion des arbitres pour appuyer ta démonstration, je te suis un peu moins. En effet, pendant la période où j'étais arbitre active (donc avant la période où tu étais arbitre également et où je n'étais arbitre que de nom, dans le cadre d'un arbitrage à conclure : zombie, comme tu le dis si bien ! :-D), nous évitions *volontairement* la communication par mails. La consigne était "max de transparence !" ; si bien qu'annonces d'indisponibilités, débat sur le choix du coordinateur... ne devaient PAS se faire sur la liste. La période de six mois que tu présentes sur tes stats suivant celle que je viens de décrire, elle a ces mêmes caractéristiques : réponses publiques sur les pages du CAr (voire sur les PdD des arbitres) et non réponses privées sur la liste de diffusion.
Le choix de davantage communiquer sur la liste était probablement une bonne décision de votre part (puisque cela a renforcé la cohésion). Mais je ne pense pas que ce soit parce que vous étiez peu que vous avez mieux communiqué : plutôt, vous avez vu qu'il y avait des problèmes de cohésion et de communication et l'avait réglé en changeant un élément sans vous soucier (ou sans connaître !) des règles suivies avant.

SM a dit…

Mais oui, le CAr va beaucoup mieux. C'est pour ça qu'en mars 2010, au moment où le CAr marchait super mal selon Popo, il y a eu 0 opposition de principe. Un an plus tard, lorsque le CAr roule langoureusement sous un soleil merveilleux et au milieu des champs de roses, 12 oppositions protestataires. Des gens allergiques aux roses, sûrement. Jetons un voile pudique là-dessus, il n'en sera fait mention.

P. Lechien a dit…

Effectivement, entre un CAr inefficace et ignoré par 100% des utilisateurs, ou un CAr efficace et rejeté par 11 ou 12 d'entre eux (dont 4 ne participent plus vraiment), le choix est cornélien.

D'un autre côté on ne peut pas être aimé par tout le monde, n'est-ce pas?

Erdrokan a dit…

Je trouve que tu franchis un peu vite le pas entre le quantitatif et le qualitatif. Dans l'absolu (je ne connais pas vos discussions, ne connaissais pas celles d'avant et ne vois que tes graphiques), on peut se parler plus qu'avant sans que cela soit pour autant un "mieux"

SM a dit…

"Efficace" ? ça, c'est affaire de point de vue. Mon sentiment est que, justement, il n'est plus efficace du tout (par exemple, quand il s'est refusé à examiner le cas d'Ironie, malgré l'évidence. Ou quand il cherche à se transformer en bras armé du premier faux-nez venu par la grâce de la procédure stalinienne qu'est "l'arbitrage communautaire"). Mais je reconnais une chose : les problèmes sont gravement accentués par le comportement des arbitres actuels qui refusent la moindre mise en cause. Et qui ne veulent maintenant même plus de questions sur ce qu'ils font.

Anonyme a dit…

Un léger point de désaccord avec SM : lorsque nous avons commencé à tenter d'essayer d'arriver à dialoguer avec les arbitres (juste avant la réforme), leur surdité et leur arrogance étaient les mêmes. Addacat