dimanche 13 juillet 2008

All your base are belong to us

Je reviens de quelques jours d'entraînement à la discussion avec des gens qui, par principe,
  1. se méfient de quiconque vient leur toucher un mot d'une réglementation en préparation (ou qui devrait l'être);
  2. plutôt que retravailler leur copie pour obtenir de meilleurs résultats, préfèrent l'affichage immédiat de leurs bonnes intentions (quitte à ce que d'autres paient la facture plus tard).
Je ne m'étalerai pas d'avantage sur ma misérable prestation et l'impression parfois décalée que j'ai du laisser à quelques collègues plus rompus aux choses politiques. En revanche, j'ai appris une morale importante et qui, en lisant les deux points ci-dessus me paraît d'une évidence crasse: plus le message est compliqué, plus il faut le simplifier. Et là, épiphanie wikipédienne: c'est partout pareil.

J'essplique.

Je suis allé faire un tour sur la page d'aide pour la presse, qui par sa densité m'a rappelé ce sur quoi nous travaillions: plein de réponses précises à des questions précises1, que n'importe quel wikipédien pourrait formuler (les réponses, hein, pas les questions). Sauf que ces questions, finalement, ne font que refléter le préjugé de celui-qui les pose (et qui a donc probablement déjà ses réponses). L'important consiste dès lors à disposer d'un message simple, et d'utiliser chaque question comme une opportunité de le répèter. Et là, peut-être, avec de la chance, on pourra faire rentrer quelque concept intéressant dans la tête de son interlocuteur et démarrer une vraie discussion, plus tard, lorsqu'il aura fait ses devoirs. J'ai eu ce problème une fois avec une journaliste parisienne qui voulait absolument me faire dire que l'équipe du maire parisien Delanoë exposait le linge sale de son opposante Panafieu par le biais de l'article qui lui était dédié.

Quiconque aura du affronter le regard vitreux des amis à qui il a essayé d'expliquer WP comprendra cette sensation d'impuissance intellectuelle.

Que dire, alors? A quoi s'accrocher? Les trois points en tête de la page mentionnée ci-dessus sont un bon départ, mais à mon humble avis limite un peu compliqués pour le néophyte de base
  1. Wikipédia est un projet encyclopédique rédigé par des bénévoles et mis à disposition librement et gratuitement.
  2. Wikipédia s'appuie sur une communauté structurée qui s'est dotée de divers règles et codes de conduite.
  3. Tout internaute est le bienvenu pour améliorer le contenu existant et rejoindre la communauté de bénévoles.
Je suis sûr qu'on peut réduire et simplifier (après tout, la République française prétend se définir en 3 mots et la Constitution américaine en sept articles), mais je ne vois pas trop quoi utiliser comme base idéologique sur laquelle ramener toute discussion. "Wikipédia est une encyclopédie par et pour le public... et...." et comment faire rentrer l'exigence de neutralité et de vérifiabilité, ainsi que la distribution gratuite mais sous attribution, avant la fin de la phrase (ou en deux phrases, ne soyons pas pingres)?


1: avec des dizaines de notes de bas de page, comme si quiconque allait jamais les lire (alors qu'elles sont, malheureusement, très certainement utiles).

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Dis-moi Popo, est-ce normal si je n'ai pas tout compris à ton billet ?

P. Lechien a dit…

Hmmm, il semble que je sois le premier à avoir besoin de la simplicité de rédaction que je prone. J'adore ce genre d'ironie :-)

L'idée, c'était que si l'on veut parler de WP, il faut simplifier à fond le message, beaucoup plus que ce qu'on a sur la page d'aide. Et qu'il faut profiter de chaque question, quelle qu'elle soit, pour réaffirmer ce message, afin d'être sûr(s) qu'il passera. Ex: la glaneuse, qui sur son blog martèle le même thème: WP est bourré d'erreurs et de biais. Simple et, dans la relative limite des kilos d'incohérence dont elle l'entoure, efficace.

Anonyme a dit…

Donc j'avais quand même compris que tu tournais autour du pot (ah ! ah !) des méthodes éprouvées de cette bonne vieille propagande. La fin justifie-t-elle les moyens en l'occurrence ? Un concept inséré de force dans la tête d'un interlocuteur est-il encore un concept ? Cela dit je chipote mais effectivement tu dois avoir raison en terme de communication pure...

P. Lechien a dit…

Je ne crois pas que ce soit de l'insertion de force, mais le simple constat que l'interlocuteur ponctuel n'a de la place que pour un seul nouveau concept à la fois.