lundi 16 août 2010

The Lose Brothers

Juillet 2010 : cela fait quelques décennies que mon Frère Jake est cloîtré au même endroit. Coup de bol, il a droit à une permission d'une semaine et prévoit de voir du pays. Je m'arrange pour être dans le coin et partager avec lui le début du voyage. J'ai des trucs à voir avec lui de manière urgente... un orphelinat dont il faut vite s'occuper. Faisons d'une pierre deux coups et utilisons intelligemment sa perm'.

Mon chauffeur met huit heures (repas compris) pour couvrir la distance avec le lieu de détention de Jake, alors que deux heures nous séparent . Je dois dire que j'avais une liste de Monuments Historiques (et autres pymousseries plus classiques) à photographier, ce qui nous a pris du temps et fait passer par des bleds improbables et de jolis villages. Pour Jack, c'est l'heure de sortie (un peu en retard sur celle prévue) : un costume blanc, un chapeau blanc et des lunettes... noires. On fait une pause déjeuner chez mon chauffeur puis, après le repas, je me mets au volant et en route vers le nord : Jake et Elwood sont de sortie (et personne d'autre).

Nous avons légèrement allongé l'itinéraire mais nous sommes à l'heure lorsque les pneus de ma voiture crissent sur le gravier d'une belle propriété. Je dis à Jake que je connais pas mal les gens qui vivent là, ils sont voisins de l'orphelinat et vont nous aider et nous héberger. Le temps de dire un bonjour rapide et nous sommes dans l'orphelinat avec ledit voisin, son appareil photo de pro et une échelle. Jake est un expert en la matière : il a beaucoup étudié cet orphelinat sans jamais y mettre les pieds, aussi il lui tient à cœur. Il discute avec un autochtone, pose pas mal de questions et guidant en même temps le voisin qui photographie à tout va les murs de l'endroit.

Je me dis que Jake apprend peu de choses même s'il se rend mieux compte en vrai de la situation actuelle. Mais j'ai tort car l'autochtone nous apprend qu'un peintre a peint les peintures murales à la fin du XIXe siècle. Et qu'on peut y voir des détails qui ont disparu depuis. L'œil de Jake s'allume quand l'autochtone lui montre un cliché de cette aquarelle. Jake demande où on peut les voir (les aquarelles), la réponse fuse : dans le musée de la grande ville du coin. Fidèle sidekick, je note sur un bout de papier le nom de l'artiste ainsi qu'une date de son œuvre.

Le soir venu, nous mangeons chez les voisins en regardant les photos faites ce jour là. J'avais prévenu Jake que le photographe était assez réticent à téléverser des photos sur Commons (j'ai déjà essayé dans le passé) un peu pour des raisons technico-bureaucratiques (formulaire d'upload) et un peu car il n'a pas envie que n'importe qui puisse prendre ses photos, surtout pour les commercialiser. « T'en fais pas, Elwood, on est en mission pour le Seigneur, on ne peut pas échouer » me dit-il. Et en effet, il arrive à embrouiller le gars en trois secondes et à ce qu'il accepte de mettre les photos sous licence libre. 1 Je suis bluffé, je dois dire.

Je le suis un peu moins quand deux heures plus tard, Frère Jake se rend compte que son train du lendemain part en fait.... le surlendemain. Enfin si ça se trouve, c'est fait exprès et il a tout prévu ! Cela dit, si (quand) on apprend ça sur son lieu de détention, il ne va pas voyager avant un bout de temps. Le jeu en vaut la chandelle, après tout on est en mission pour le Seigneur.

Avec vingt-quatre heures de plus, on a le temps pour aller au musée de la grande ville. Jake se présente et demande à voir lesdites peintures. « On me les a déjà demandées dans le passé... Elles ne sont pas visibles par le public, il faut voir avec la conservatrice » dit le caissier. « Aucun souci, vous pouvez l'appeler ? » dit Jake. « Tout à fait, répond l'employé, vous restez combien de temps en ville ? ». « Cet après-midi seulement en fait » répond Jake. L'employé écarquille un peu les yeux pendant que Jake et moi nous excusons de venir aussi au débotté (j'ai fini de noter les noms importants sur un bout de papier). Le caissier parle à la conservatrice et explique notre cas. Nous n'entendons qu'un côté de la conversation mais cela se passe bien. Il raccroche et nous dit qu'elle est d'accord mais n'a que cinq minutes à nous accorder. Nous le remercions de sa diligence et allons à l'étage rencontrer la conservatrice. En chemin, je dis à Jake qu'avoir des photos sous licence libre, cela risque d'être coton. « Aie confiance, Elwood, on est en mission pour le Seigneur, on ne peut pas échouer »

Les cinq minutes durent en fait un bon quart d'heure le temps de regarder chacune des peintures, de donner notre opinion, d'expliquer la démarche. Jake fait encore des miracles : le musée lui enverra les photos déjà faites des peintures. Si elles ne sont pas de qualité acceptable, le voisin de l'orphelinat se propose de retourner pour en prendre des meilleures. De son côté, le musée est d'accord pour distribuer les photos librement, tant que l'auteur est crédité. Carton plein pour notre mission, Jake repart le lendemain matin avec les photos de l'orphelinat (triées, calibrées) et une promesse de courriel venant du musée. Ce n'est pas trop la lose en fait. Chapeau, Jake, au plaisir, si t'as une prochaine permission !


1. A la « Ce ne sont pas ces droïdes que vous cherchez ».

5 commentaires:

Coyau a dit…

Cool. B)

Pymouss a dit…

Yeah !

Anonyme a dit…

Oui bon, en même temps, si la force et le seigneur sont avec lui, c'est un peu facile, hein...

P. Lechien a dit…

Typo: Jake s'appelle Jack dans le second paragraphe.

C'est où sinon la grande ville?

Erdrokan a dit…

Anonyme : homme (femme ?) de peu de foi^^
Popo : ah oui sorry... en même temps "Frère Jack", ça fait une jolie chanson, alors je laisse. Pour la ville, ce n'est pas bien important ni l'objet du billet ;)