lundi 11 août 2008

Compendium


Fin du feuilleton de l'été, et résumé de ce que nous avons pu voir ces trois dernières semaines en épluchant les archives du Comité d'Arbitrage (CAr): si vous aviez loupé les six épisodes précédents, voici l'équivalent de la saison complète en DVD.

Un premier survol nous a permis de voir que près des deux tiers des requêtes déposées sont déclarées recevables (soit 121 sur 182), et que les arbitres réfléchissent le dimanche pour décider le lundi (25% des décisions). Presque un tiers de toutes les requêtes auront été examinées par le IIe CAr (qui en plus aura été le plus rapide à rendre ses décisions - bravo à eux).

Ensuite, et plus sérieusement, on s'aperçoit que le CAr, surtout dans ses premiers temps, est une affaire d'habitués: le nombre total de personnes jusqu'à présent impliquées (+/- 150) dans un arbitrage est bien inférieur à ce qu'on pourrait attendre (2x121 requêtes=242 parties au moins). En fait, 25% de tous les arbitrages examinés auront concerné (en tant que plaignant ou partie défenderesse) quatre contributeurs (Gemme, Hégésippe, Floreal, Alvaro)1.

Si l'on s'attelle maintenant à comparer la durée moyenne des arbitrages d'un CAr à l'autre, on constate que la moyenne reste assez stable (49 jours, dont 6 pour examiner la recevabilité), quand bien même la disparité entre tous les cas examinés est assez grande (5 jours pour le plus court, 157 pour le plus long). La bonne nouvelle c'est que le Comité mature, et qu'on n'a par exemple plus de requête acceptée par défaut parce que les arbitres ont dépassé les 15 jours requis pour se déterminer sur la recevabilité. La mauvaise nouvelle, c'est que le temps mis à se prononcer ne permet pas d'extrapoler la durée totale de l'arbitrage.

Toujours dans l'idée que le Comité d'Arbitrage est devenu un organisme avec sa propre progression, indépendamment de ceux qui le composent, l'observation de la sévérité des peines rendues confirme que, paradoxalement, la tendance du Comité à durcir ses positions (et abandonner les simples remontrances, offres de médiation ou sursis) se traduit par un recul des départ et abandons du projet. Cette constatation a cependant ses limites, notamment dans le cas du Comité présent, qui a vu un nombre record de départs.


Enfin, troisième composante de l'arbitrage "moderne", les intervenants externes. Ceux-ci sont en fait présents depuis pratiquement le début, mais la pratique ne s'est formalisée qu'au cours du IVe CAr et va encore (on l'espère) évoluer. D'une intervention qui se voulait commentaire de procédure ou extension des débats dans un premier temps, on a doucement glissé vers des témoignages à charge ou à décharge.


Il reste probablement d'autres questions qui méritent d'être posées, et toutes les suggestions sont bienvenues. Je fais confiance à Pierrot pour l'analyse critique de ce que tout cela nous apprend déjà sur l'(in?)utilité du CAr. J'ai pour ma part et en tout cas les idées un peu plus claires, et quelques pistes à explorer pour améliorer le fonctionnement du système s'il veut perdurer et ne pas contribuer à la dégradation de l'ambiance dans laquelle les gens participent.

Il serait par ailleurs bon de prendre un peu d'altitude et d'aller voir ce que font les Comités des autres wikis, en tout cas les plus gros (la version anglophone a par exemple traité presque autant de cas en 2007 (91) que les francophones en 1200 jours d'existence).

1: A une exception près, ça n'aura d'ailleurs jamais été l'un contre l'autre.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Etant l'un des contributeurs qui a été le plus souvent devant le comité d'arbitrage (à 5 reprises), j'avais réfléchi à une réforme des processus de règlements de conflits.

Cette réforme est basée sur la nécessité d'instaurer un suivi des sujets problématiques. Apparemment c'est ce qui ressortait des discussions au BA récemment, même si aucune proposition concrète n'a été formulée.

Dans des conflits longs et spécialisés, il est parfois dur pour les admins et les arbitres de comprendre qui respecte les règles de wikipédia (WP:NPOV, WP:TI, WP:V, etc...), qui est disposé à utiliser des sources de différents points de vue ou qui est de bonne foi. D'où la nécessité d'observateurs neutres de manière constante.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:Auseklis/Bac_%C3%A0_sable/Proposition_de_r%C3%A9forme_du_CAr

Julien a dit…

Plop,
y'a tes liens vers wp: qui ne marchent pas (pb d'encodage).

P. Lechien a dit…

@Auseklis: le prroblème du suivi se heurte à mon avis au fait que des volontaires se lassent assez rapidement de ces conflits sans fin. J'ignore comment on pourrait mesurer le taux d'usure (ou la durée de vie des wikipopiers par ex.), mais il doit être impressionnant.

@Julien: oups, c'est la faute aux accents.

Anonyme a dit…

C'est cette possibilité de "suivi" qui m'avait poussé à créer les Wikipompiers. Je ne crois pas qu'au final ça soit très efficace... quoique ça mériterait certainement une petite étude ;-)

P. Lechien a dit…

C'était donc toi?! :-)

Oui, je suis en train de penser à ces histoires de suivi. J'ai lu un monstre bon article récemment sur le sujet de la participation (celui dans Science sur la punition antisociale auquel Pierrot a fait référence), ca m'a donné plein d'idées.